Dix ans que Godzilla, ou Gojira pour les nippophiles, n’a pas fait trembler les écrans de cinéma. Dix ans que le Godzilla : Final Wars de Ryuhei Kitamura (Midnight Meat Train) rendait un hommage maladroit mais sincère à cinquante ans de kaiju à travers son plus célèbre représentant. Le « King of Monsters » fêtera en 2014 ses soixante ans, 1954 étant l’année où sortait, quelques années après le traumatisme atomique de Hiroshima, le film original d’Ishirô Honda. Un anniversaire très attendu au Japon, forcément. Mais c’est des États-Unis que viendra la nouvelle itération du personnage, dans une tentative louable de faire oublier la catastrophique version de Roland Emmerich, reniée par la Toho elle-même (sérieusement, essayez de revoir ce film en entier aujourd’hui, c’est une souffrance qui ne fait qu’empirer au fil des minutes).
Les studios Warner et Legendary ont en effet récupéré les droits de Godzilla auprès de ses géniteurs (la Toho donc) pour confectionner un blockbuster adapté à son époque : finis les personnages un peu mongols et les œufs de lézard, ce Godzilla version 2014 sera épique, sérieux, dans la droite lignée des grosses machines de l’été dernier, qui faisaient la part belle, parfois jusqu’à l’écœurement, à la destruction massive photoréaliste. D’ailleurs, et ce n’est pas une surprise, Legendary est également la société à l’origine de Pacific Rim, le film de monstres géants de Del Toro, qui payait logiquement sa dette à Honda et au genre du kaiju eiga. Cette fois, c’est un débutant, ou presque, qui a été mis aux manettes de la production, mais n’importe lequel. Gareth Edwards a en effet marqué les esprits dès son premier film, Monsters, petit bijou de film d’aventure fantastique confectionné avec les moyens du bord, un couple d’acteurs attachant, et une maîtrise étonnante des plans d’échelle, donnant vie en quelques secondes à des monstres qu’on ne faisait qu’entrapercevoir. Cette fois, il faudra s’attendre à tout le contraire : même si la production joue pour l’instant la carte du secret, notre cher lézard radioactif devrait être montré dans toute sa splendeur tout au long d’un film qui s’attachera à montrer les conséquences brutales de l’arrivée d’un titan dans une cité moderne (oui, comme dans Pacific Rim, ok).[quote_right] »Des images de destruction massive au son d’une musique de Ligeti et d’un fameux speech de Robert Oppenheimer. »[/quote_right]
La pré-production de Godzilla s’est avérée assez complexe : pas moins de cinq scénaristes se seraient par exemple succédés pour livrer un script qui plaise à Warner, parmi lesquels Frank Darabont, David S. Goyer, ou encore Drew Pearce (Iron Man 3). Les rumeurs faisaient état de deux, puis de trois monstres qui s’affronteraient à l’écran. Godzilla aura finalement bien deux ennemis à combattre dans cette version – reste à savoir lesquels. Les fans de Gojira ont par ailleurs eu longtemps peur que le design de la créature dénature comme en 1998 l’image de la bête. Plusieurs posters entraperçus jusqu’à présent permettent déjà de voir qu’il n’en sera rien : soucieux de rendre hommage à un mythe tout en perpétuant son histoire, Gareth Edwards a opté pour un look reptilien et humanoïde à la fois. Le tournage du film, lui, s’est étalé entre le Canada et Hawaï, et s’est déroulé sans accrocs. La seule inconnue demeure le film lui-même : le teaser ci-dessous est en vérité une « fuite » d’une vidéo montrée au Comic-Con de San Diego en 2012. La même vidéo a été projetée cette année aux USA. On y voit, durant une courte minute, des images de destruction massive semblant tout droit sorties de Star Trek : Into Darkness ou d’un quelconque Transformers, au son d’une musique de Ligeti déjà entendue dans 2001 (carrément) et d’un fameux speech de Robert Oppenheimer, l’inventeur de la bombe A (signe que l’origine atomique du monstre de Honda sera donc bien respectée). Surtout, on aperçoit, dans un long plan circulaire baignant dans un poussiéreux contre-jour, Godzi’ lui-même : démesurément massif, résolument inquiétant, et apparemment en rogne.
Un aperçu prometteur, à l’image de ce film rassemblant en plus de son débrouillard réalisateur un casting mirifique : Aaron Johnson (Kick-Ass 2), Ken Watanabe, Elizabeth Olsen, Juliette Binoche, Sally Hawkins (Blue Jasmine) et, quand même, Bryan Cranston dans son premier gros rôle post-Breaking Bad. Tout ce petit monde va sans doute être amené à passer beaucoup de temps à regarder en l’air pour espérer voir le museau de la bête. Le début de l’invasion (en 3D), est lui prévu pour le 16 mai 2014 aux USA.
La vidéo bonus : Monsters : Dark Continent
Puisqu’on en est à parler de Gareth Edwards, les fans de Monsters seront ravis (ou pas) d’apprendre que le film va bénéficier, lui aussi en 2014, d’une suite intitulée Monsters : Dark Continent, produite par le réalisateur. Se déroulant sept ans après les événements du premier opus, cette séquelle réalisée par Tom Green (Misfits) et tournée en Jordanie, se déplacera de l’Amérique du Nord vers le Moyen-Orient. Dark Continent prendra cette fois la forme d’une parabole sur la guerre en Irak, à travers le périple de plusieurs soldats dans une « zone infectée ». Difficile d’en dire plus pour l’heure, le premier teaser dévoilé ci-dessous ne donnant qu’un maigre aperçu des ambitions stylistiques et narratives de ce Monsters 2, résolument pensé pour le marché vidéo.