Une fois n’est pas coutume, l’été n’est pas synonyme de désert éditorial sur le marché de la vidéo ! Contre toute attente, cette sélection « Pas vu au ciné » de juillet est même plutôt aguicheuse, avec des titres certes en majorité anglo-saxons, mais aux styles, et aux qualités très différentes. De la Russie à l’Océanie, le DTV n’a pas de frontière ce mois-ci, et si la réussite n’est pas forcément toujours au rendez-vous (le passage direct par la case vidéo n’est évidemment pas innocent dans certains cas), vous devriez trouver ci-dessous de quoi remplir sans soucis vos longues plages estivales sur le canapé.

Comme c’est notre habitude, la sélection inclut des productions sorties à la vente et/ou à la location, en format physique ou dématérialisé. Le « e-Cinema » est toujours aussi présent, et le rythme des sorties devrait d’ailleurs rapidement s’accélérer. Tous les films sont disponibles pour quelques euros, ou sont parfois en voie d’atteindre les programmes de vos chaînes câblées préférées. Trêve de diversions : bonne lecture… et bonnes soirées vidéo !


Kundo

Inédits vidéo : la sélection de juillet

Un film de Yun Jong-Bin, avec Ha Jung-Woo, Kang Dong-Won

Sortie le 2 juillet en DVD et Blu-ray (HK Vidéo)

En voyant débarquer directement en vidéo une réussite comme Kundo (titre complet : Kundo, Age of the Rampant), il y a de quoi regretter que les distributeurs restent si timides lorsqu’il s’agit d’importer des films coréens en costumes. Car dans ce genre très fréquenté, malheureusement pas toujours très digeste, Kundo figure légitimement dans le haut du panier. Fresque au long cours, suivant les aventures d’un clan de brigands affrontant le pouvoir en place au milieu du XIXe siècle, pour piller leurs richesses et les redistribuer à la population opprimée, le film se savoure comme une version spectaculaire et brutale de Robin des bois. Yun Jong-Bin, déjà auteur du très remarqué Nameless Gangster, n’hésite pas à s’inspirer de Sergio Leone (notamment dans son générique et sa splendide BO) et de Kurosawa pour construire son récit, divisé en plusieurs chapitres. De fait, Kundo est une œuvre qui se dévoile lentement, son véritable héros étant par exemple établi clairement au bout d’une heure, après qu’un long flash-back ait été consacré… à l’enfance du grand méchant de l’histoire, le prince Jo-Yoon (le charismatique Kang Dong-Won, vu dans Secret Reunion) ! Mais cette patience porte ses fruits : le film est riche de personnages qui se révèlent de plus en plus attachants, et les morceaux de bravoure qui s’enchaînent dans la dernière heure combleront de bonheur tous les fanas de films de sabre. À n’en pas douter, la découverte du mois, et l’une des meilleures surprises de l’année !

À voir… si vous aimez les méchants impitoyables et les bandits au grand cœur, les combats au sabre et les fresques épiques.


If you love me

Inédits vidéo : la sélection de juillet

Un film de et avec Josh Lawson, Bojana Nokavic, Ben Lawson

Sortie le 22 juillet en DVD et Blu-ray (Wild Side)

Ne vous fiez pas au titre « français » (l’original est The Little Death, la « petite mort », l’orgasme, quoi), à la jaquette, ou même à la bande-annonce maligne, mais racoleuse : If you love me n’est pas une comédie romantique, ni une « sex comedy » pour adolescents en chaleur. Le premier film du comédien Josh Lawson (House of Lies), qui nous vient d’Australie, est un film choral où les héros sont pratiquement tous en couples, et blasés par la vie à deux. Ce que cette comédie douce-amère explore, c’est l’effet de l’irruption des fantasmes bizarres de chacun sur leur relation avec leurs compagnons. Masochisme, jeux de rôles, et autres sources étranges d’excitation se télescopent dans chacun des récits, avec des conséquences souvent fâcheuses. Lawson navigue, de manière étonnante, entre rires et consternation, gags et émotion, bien aidé par une troupe d’acteurs particulièrement attachants et naturels. Les pulsions individuelles peuvent être sources de situations comiques, nous dit-il, mais les principaux intéressés en sont à chaque fois les victimes. Le dernier « sketch », aussi drôle que touchant, se charge de terminer sur une note plus classique (c’est le vrai début d’une histoire d’amour) un film très réussi, qui pêche seulement dans sa volonté de lier artificiellement entre eux des personnages qui n’ont que leur lieu d’habitation en commun.

À voir… si vous aussi, vous vous demandez ce qu’est la sexsomnie.


Titanium

Inédits vidéo : la sélection de juillet

Un film de Dmitriy Grachev, avec Vinnie Jones, Evgeniy Mironov

Sortie le 15 juillet en DVD et Blu-ray (Condor Entertainment)

Chaque sortie d’une grosse production russe est l’occasion de s’étonner de la façon qu’a cette cinématographie de s’emparer des genres connus pour y apposer ses codes surprenants. Ces derniers mois, la fantasy slave de La légende de Viy s’était fait remarquer, et cet été, c’est au tour de Titanium de parvenir sous nos latitudes. Dans ce film de SF de Dmitriy Grachev, réalisateur de seconde équipe sur le bourrin Stalingrad, la planète Titanium sert à 90 % de prison à ciel ouvert. C’est là qu’on y exile les détenus les plus gênants comme Ervin (l’acteur de théâtre Evgeniy Mironov), un solitaire sans émotion qui, jeté avec ses camarades dans les plaines inhospitalières de Titanium, se révèle plein de ressources. Poursuivi par le redoutable Borg (Vinnie Jones, manifestement redoublé en russe !), Ervin a un objectif : sauver la planète du régime totalitaire qui y règne. Au-delà de l’ironie de voir des films comme Titanium dépeindre des sociétés tyranniques et autocratiques contre lesquels se dressent des individus mus par la force du désespoir, cette production au scénario pas toujours cohérent a quelques atouts à faire valoir. Le bestiaire et les pièges que recèle la planète sont par exemple très étonnants et vicieux. Dommage que le côté Hunger Games désertique passe au second plan dans le dernier acte, brouillon, décevant et précipité. Le jeu toujours très froid des acteurs russes est également une donnée à prendre en compte. Bref, s’il n’y a rien d’un nanar fauché (les paysages désolés sont vraiment impressionnants, tout comme le design des vaisseaux), Titanium n’est pas une franche réussite.

À voir… si vous aimez la SF quand elle est froide, aride et monochrome.


The Dead Lands

Inédits vidéo : la sélection de juillet

Un film de Toa Fraser, avec James Rolleston, Lawrence Makoare, Xavier Horan

Sortie le 29 juillet en DVD et Blu-ray (Wild Side)

La culture Maori nous paraît peut-être familière, grâce notamment au rayonnement dans le monde sportif de l’équipe des All Blacks, mais jamais vous n’avez assisté à une plongée dans l’Histoire de ce peuple d’origine polynésienne telle que celle proposée par The Dead Lands. Production néo-zélandaise tournée dans la langue authentique des Maoris, le film de Toa Fraser nous fait remonter quelques siècles en arrière, alors que plusieurs tribus s’affrontent pour la gloire de leur clan. Rescapé d’un massacre, le jeune Hongi s’enfonce bientôt dans le « territoire des morts » pour y chercher l’aide d’un guerrier légendaire. Ensemble, ils vont prendre leur revanche sur ses ennemis… Avec ses paysages naturels fabuleux, ses reconstitutions fascinantes et son univers pratiquement inédit à l’écran, The Dead Lands a tout pour intriguer le spectateur en quête de voyage dépaysant et énergique. S’il ne parvient pas toujours à masquer son manque de budget, Toa Fraser livre malgré tout un film d’aventures unique en son genre, qui s’inspire parfois d’Apocalypto, et regorge de scènes d’action qui n’empiètent jamais sur la dimension spirituelle de l’histoire. Très recommandé.

À voir… si vous aimez les hakas, les combats à la dure, et les aventures en territoire inconnu.

Lire la critique de The Dead Lands


Survivor

Inédits vidéo : la sélection de juillet

Un film de James McTeigue, avec Milla Jovovich, Pierce Brosnan

Sortie le 2 juillet en DVD et Blu-ray (M6 Vidéo)

Voir arriver en catimini sur les étals un film associant la star de Resident Evil et le seul ex-James Bond encore en activité n’augure rien de bon pour la carrière respective de Milla Jovovich et Pierce Brosnan (doublement présent puisque son Teach Me Love arrive aussi cet été… en VOD). Un film d’espionnage de second rang comme Survivor, que l’on doit au sympathique tâcheron James McTeigue (Ninja Assassin, et l’horrible Ombre du Mal), serait certainement passé plus inaperçu s’ils n’apparaissaient pas en tête d’affiche. Situé quelque part entre Les trois jours du Condor et Jason Bourne, Survivor, passé un prologue aussi inutile que cruel, se résume à une traque londonienne où l’analyste coincée jouée par Milla se retrouve poursuivie par un tueur à gages nommé « l’Horloger », alias Pierce Brosnan, qui pour surprendre son public a décidé de jouer sans sourire. Malgré le casting secondaire plutôt prestigieux pour un film de ce calibre, il est difficile de ne pas grincer des dents devant la tonne d’incohérences et de détails surréalistes qui parsème ce jeu du chat et de la souris. Le pompon est atteint lorsque notre héroïne coincée, mais haletante (c’est la caractéristique principale du jeu d’actrice de Vovovich) parvient à rejoindre New York en avion alors même qu’elle est recherchée par toutes les forces de l’ordre britanniques. Une pilule de plus à avaler dans un thriller d’espionnage trop prévisible et « concerné » (bonjour les références déplacées au 11 septembre) pour mériter plus d’attention.

À voir… si vous êtes fan hardcore d’Alice et de James Bond, même quand ils ne sont pas entourés de zombies et de gadgets.


Everly

Inédits vidéo : la sélection de juillet

Un film de Joe Lynch, avec Salma Hayek, Togo Igawa

Sortie le 17 juillet en e-Cinema, le 7 octobre en DVD et Blu-ray (TF1)

Omniprésente en ce moment à l’écran, Salma Hayek débarque deux fois en VOD pendant l’été, avec d’une part la comédie romantique Teach Me Love, et de l’autre avec cette série B déjantée et immature nommée Everly, découverte au dernier BIFFF. Troisième film du réalisateur Joe Lynch (Détour mortel 2), Everly est tout entier dédié à la gloire de son actrice principale, qui dans un rappel pétaradant à ses années « Robert Rodriguez », incarne une prostituée inexplicablement experte en armes à feu, qui dégomme tous ceux qui tentent d’envahir son appartement pendant 90 minutes. Violentée, frappée, amochée par les balles, Salma / Everly garde pourtant pendant tout le film son côté badass et sexy, comme une pure créature de comic book déconnectée de la réalité. Parfois jouissif, souvent très bête, et surtout très gore, Everly réjouira les amateurs de série B décomplexée, qui n’auront aucun mal à tomber une fois de plus amoureux de la pimpante Mexicaine.

À voir… si vous aimez voir Salma Hayek avec des pétoires phalliques, Takashi Miike et Robert Rodriguez.

Lire la critique d’Everly


Life After Beth

Inédits vidéo : la sélection de juillet

Un film de Jeff Baena, avec Dane DeHaan, John C. Reilly, Aubrey Plaza

Sortie le 1er juillet en DVD et Blu-ray (TF1)

Comme nous l’avions vu dans notre dossier sur les films de zombies à découvrir, le mort-vivant est assaisonné ces dernières années à toutes les sauces. Avec Life After Beth, c’est le monde de la comédie dramatique façon Sundance qui est revisité en mode invasion de décharnés. Le scénariste Jeff Baena (J’adore Huckabees) passe derrière la caméra pour conter la romance d’outre-tombe entre le dépressif Zach (Dane DeHaan, assez antipathique), et la volcanique Beth (Aubrey Plaza, plutôt convaincante). Qui est donc morte, après une morsure de serpent, mais est revenue à la vie avec, forcément, quelques effets secondaires qui vont compliquer leurs retrouvailles… Dans le registre comédie horrifique teintée de romance, Life After Beth souffre très logiquement de la comparaison avec Shaun of the Dead, d’autant que la galerie de personnages créés par Baena s’avère beaucoup moins attachante. Le côté comique du film se résume à des gesticulations incessantes et des gags à rallonge (comme le frère bourrin de Zach), qui masquent assez mal l’absence d’alchimie total du couple principal, et le côté paresseux d’un script qui balance sans trop de conviction une apocalypse zombie en cours de route, comme pour justifier son appartenance au genre. À ranger avec Fido et autres tentatives maladroites du même tonneau…

À voir… si vous êtes fan d’Aubrey Plaza, et des zombies qui se cognent partout.


Monsters : Dark Continent

Inédits vidéo : la sélection de juillet

Un film de Tom Green, avec Johnny Harris, Sam Keeley, Joe Dempsie

Sortie le 1er juillet en DVD et Blu-ray (TF1)

Si Monsters était une tentative très intéressante de la part de Gareth Edwards (Godzilla) de marier avec un maigre budget romance inde, film de monstres à la Spielberg et road movie existentialiste à la Malick, Monsters : Dark Continent se montre lui beaucoup moins convaincant. Le réalisateur Tom Green troque pour cette fausse suite la jungle mexicaine contre le désert moyen-oriental. Les monstres extra-terrestres y sont toujours présents, et servent d’arrière-plan au périple d’une poignée de soldats tête-à-claques, qui peine à justifier le temps d’écran qui leur est donné. Mixer ET et Démineurs est une noble ambition, mais au-delà de l’incongruité de son pitch, Monsters : Dark Continent a peu d’arguments en sa faveur, les interactions entre les soldats et les insurgés étant manifestement plus intéressantes pour Green que ses créatures. Mais alors, à quoi bon appeler son film Monsters ? Pour montrer que les humains en sont aussi ? Grosse découverte…

À voir… si vous aimez les monstres lovecraftiens, la SF en mode Kathryn Bigelow du pauvre.

Lire la critique de Monsters Dark Continent


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