Si les salles de cinéma souffrent chaque semaine d’une boulimie irrépressible, de nombreuses productions internationales n’ont pas les honneurs des salles obscures. Pourtant, certaines d’entre elles (pas toutes, loin s’en faut) valent le détour. Pour découvrir un cinéma inhabituel, hors des sentiers battus, le monde du DTV constitue un vivier inépuisable. Malgré tous les reproches des producteurs et des distributeurs adressés au piratage ou à l’omniprésence des services illimités (en théorie) comme Netflix, le marché se porte comme un charme et continue d’offre une variété de films plutôt bienvenue.
Tous les mois, Born to Watch propose une sélection de DTV, dont certains bénéficient d’une critique plus approfondie. Cette sélection d’octobre comprend des films sortis à la vente en France, en format dématérialisé ou physique. Sans plus attendre, bonne lecture… et bonne chasse !
The Scribbler
Nous parlions il y a quelques mois dans notre sélection des adaptations de comics les plus attendus de l’étonnant The Scribbler. Cette bande dessinée signée l’auteur anglais Daniel Schaffer (Dogwitch), met en scène Suki, une jeune femme souffrant de troubles de la personnalité, un peu à la manière de Toni Collette dans United States Of Tara, mais en beaucoup plus surréaliste et triste. Son psy la place dans une « maison de fous », un immeuble décrépi et déprimant, qui accueille des personnes atteintes de troubles mentaux. Alors que ses voisins meurent à une vitesse alarmante, la jeune patiente se découvre d’étranges pouvoirs, qui pourraient bien lui sauver la vie. L’adaptation, signée par l’amateur de trash John Suits (le sympathique Bad Milo!, et le bien répugnant Cheap Thrills) a rassemblé un casting issu de la télévision, plutôt attirant : Katie Cassidy (Arrow) et Garret Dillahunt (Raising Hope, Burning Bright) ainsi que Eliza Dushku (la coqueluche de Joss Whedon, dans Buffy, Angel et Tru Calling). Mais, malgré un matériel de départ prometteur et des acteurs motivés, Daniel Schaffer se heurte à un budget très serré, et cela se voit. Pourtant, l’image d’une superhéroïne schizo fonctionne à l’écran de manière parfois assez jouissive. Espérons que la suite, appelée dans le final, apparaisse, si elle voit le jour, sous un jour moins fauché.
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The Scribbler
De John Suits
2014 / USA / 88 minutes
Avec Katie Cassidy, Garrett Dillahunt, Eliza Dushku
Sortie le 1er octobre en VOD, le 17 décembre en DVD et Blu-ray (Pathé)
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Bad Words
Jason Bateman n’a pas été épargné par les critiques américains à la sortie de sa première réalisation, reçue avec une acrimonie proportionnelle au cynisme de son « héros » Guy Trilby. Bad Words se déroule dans le milieu pittoresque et inconnu chez nous des concours d’épellation. Un équivalent à nos dictées nationales, mais avec un seul mot épelé à l’oral par des enfants. Guy (Bateman himself, crâne rasé et regard glaçant), 40 ans, profite d’une faille dans le règlement pour s’inscrire et humilier les jeunots, au grand dam de leurs parents. Bien sûr, Guy a une raison pour ce jeu de massacre dont il se délecte froidement, mais nous ne la connaîtrons qu’à la fin (elle n’a rien de très original). Connu pour ses rôles de bon gars poussé à bout, Jason Bateman semble avoir été plus que motivé par ce script sorti de la black list, démontrant à la fois ses dispositions pour la réalisation (la photographie jaune-verte, très particulière, les multiples séquences en slow-motion très réussies) et son goût pour la comédie malpolie à la Bad Santa. Contre toute attente, Bad Words ne bascule jamais dans le cynisme ravageur que le mauvais esprit de Guy implique. Il préfère conter une surprenante histoire d’amitié et d’impossible réconciliation, terminant son odyssée orthographique et vulgaire sur une note peut-être trop positive pour être honnête.
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Bad Words
De Jason Bateman
2014 / USA / 89 minutes
Avec Jason Bateman, Kathryn Hahn, Amanda Anka
Sortie le 7 octobre en VOD, le 17 décembre en DVD et Blu-ray (Focus Features)
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Hwayi – Monster Boy
Il y a de cela dix ans maintenant, Jang Joon-Hwan jetait un pavé dans la mare du cinéma coréen avec son premier long-métrage, Save the green planet. Inclassable, imprévisible et virtuose, le film est devenu rapidement culte, mais n’a pas pour autant permis au réalisateur d’éclore sur la scène internationale. Il aura fallu 2013, et la sortie de ce Hwayi – Monster Boy, en apparence plus classique, plus « rangé », pour avoir de ses nouvelles. À la fois drame psychologique et thriller brutal, Hwayi s’accroche aux basques d’un jeune homme dont l’éducation a été assurée par cinq « pères » : des tueurs sans pitié, représentant chacun une part de sa personnalité. Dès son premier contrat, Hwayi comprend que son enfance déjà difficile repose sur un mensonge… Difficile d’en dire plus sans déflorer le suspense au cœur de ce film étonnant, à contre-courant des codes habituels du polar sud-coréen, et qui s’est fait remarquer à la fois à l’Étrange Festival en septembre, et ces jours-ci au Festival du film coréen.
Retrouvez bientôt la critique complète du film en ligne !
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Hwayi – Monster Boy
De Jang Joon-Hwan
2013 / Corée du Sud / 125 minutes
Avec Kim Yun-Seok, Jo Jin-Woong, Yeo Jin-Gu
Sortie le 29 octobre en VOD, en DVD et Blu-ray (Wild Side)
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Last Hitman (The Liability)
Last Hitman, 24 heures en enfer : voilà un titre à la fois bien mensonger et complètement crétin pour vendre une bonne petite série B. Sorti en Angleterre voilà déjà deux ans, The Liability (titre original signifiant plus ou moins « le boulet ») associe devant la caméra l’imperturbable Tim Roth, de retour sur ses terres britanniques natales, à la star montante décidément omniprésente dans nos pages Jack O’Connell, dans un rôle de petite frappe qu’il maîtrisait déjà sur le bout des doigts. La présence au générique de la star de Reservoir Dogs en dit déjà long sur les influences tarantiniennes de cet honnête polar en forme de road movie, où il interprète un tueur à gages impassible obligé d’enseigner les ficelles de son métier à un fils de caïd un peu chien fou. Slalomant entre comédie et film noir, The Liabilty joue une partition aussi vieille que le cinéma lui-même, mais avec savoir-faire. À découvrir sans tenir compte du titre !
Lire la critique de The Liability
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Last Hitman (The Liability)
De Craig Viveiros
2013 / Royaume-Uni / 82 minutes
Avec Jack O’Connell, Tim Roth, Peter Mullan
Sortie le 21 octobre en VOD, en DVD et Blu-ray (KMBO)
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Les 3 crimes de West Memphis (The Devil’s Knot)
En 1993, un triple homicide horrible bouscule la ville de West Memphis, en Arkansas. Face à la pression populaire, la police bâcle son enquête en concentrant ses efforts sur trois adolescents suspectés de pratiquer des rites sataniques. Malgré l’absence de preuve et des témoignages suspects, les trois suspects sont condamnés à la prison à vie ou à la peine de mort… Adaptation cinématographique d’un fait divers ayant déjà été à la source de cinq documentaires, dont un oscarisé, Les 3 crimes de West Memphis tente d’apporter lui aussi sa pierre à une affaire chargée de mystère et de questions sans réponse. L’actualité d’une affaire toujours ouverte a malheureusement rattrapé ce film réalisé par Atom Egoyan (Captives), qui refuse de prendre parti pour s’en tenir à une reconstitution pas toujours inspirée du drame et du procès ubuesque qui a suivi.
Lire la critique des 3 crimes de West Memphis
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Les 3 crimes de West Memphis (The Devil’s Knot)
D’Atom Egoyan
2012 / USA / 88 minutes
Avec Reese Witherspoon, Colin Firth
Sortie le 7 octobre en VOD, le 17 décembre en DVD et Blu-ray (Rimini Editions)
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Vol 7500
En 2006, Abîmes tentait de marier fantômes et sous-marin dans un film de guerre fantastique ne ressemblant à aucun autre. Aujourd’hui, Vol 7500 se risque à faire rimer huis clos aérien et frissons fantomatiques, sous la houlette d’un (petit) maître en la matière, Takashi « The Grudge » Shimizu. Le cinéaste japonais est parti aux USA tourner cet exercice de style vraiment curieux, qui enferme les passagers d’un vol vers Tokyo dans une spirale (le motif préféré du réalisateur) lugubre démarrant avec une mort mystérieuse et soudaine. Très honnêtement, les frissons sont rares dans Vol 7500, la faute à un décor étriqué, des acteurs pas très impliqués, et une réalisation un peu timide d’un Shimizu habitué à plus d’excentricités (voir Tormented et ses lapins en 3D, qui font d’ailleurs une apparition). Le script cligne très fort de l’œil en direction de La quatrième dimension, jusqu’à un twist final à la fois intéressant philosophiquement et foireux narrativement. Le meilleur atout du film ? Sa durée (70 minutes), équivalente à celle d’un pilote télé. Pilote, avion… Ah ah !
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Vol 7500 (7500)
De Takashi Shimizu
2014 / USA-Japon / 97 minutes
Avec Ryan Kwanten, Jamie Chung, Amy Smart
Sortie le 13 octobre en VOD, le 17 décembre en DVD et Blu-ray (Metropolitan)
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My soul to take
Un film de Wes Craven avec Max Theriot, Denzel Whitaker, Zena Grey
Sortie le 29 octobre (TF1 Vidéo)
À 75 ans, il n’est pas dit que l’ami Wes Craven fasse encore parler de lui. Quatre ans ont passé depuis le succès mitigé de Scream 4, et le papa de Freddy n’a annoncé depuis aucun autre projet si ce n’est un très hypothétique Scream 5, qui se passerait de l’iconique Ghostface. En attendant, voici que surgit enfin en vidéo My soul to take, réalisé en 2010, et tombé dans l’oubli dès sa sortie aux USA, la faute à une post-conversion hasardeuse et des critiques assassines (9 % sur Rotten Tomatoes !). Le film, produit et écrit par Craven (c’est la première fois qu’il s’y réessayait depuis Freddy sort de la nuit) présente, de fait, un croquemitaine risible et transparent, et l’idée de mélanger slasher et possession ne marche que très ponctuellement. Il y a plus d’originalité à trouver ici toutefois que dans les derniers opus de la saga Scream, malgré le côté interchangeable du casting et la confusion entretenue par un montage très hésitant. My soul to take aura, c’est certain, bien plus d’intérêt pour les complétistes de l’ami Wes, que pour le grand public.
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My soul to take
De Wes Craven
2010 / USA / 107 minutes
Avec Max Theriot, Denzel Whitaker, Zena Grey
Sortie le 29 octobre en VOD, le 17 décembre en DVD et Blu-ray (TF1 Vidéo)
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