Comme il l’a fait après The Dark Knight avec Inception, Christopher Nolan a décidé d’aller une nouvelle fois à rebours des attentes des studios en privilégiant, pour son premier film après The Dark Knight Rises, un matériau original placé sous le signe du secret et, plus important encore, de la « hard si-fi ». Interstellar, que le réalisateur a une nouvelle fois co-signé avec son frère Jonathan, se base sur les travaux du célèbre physicien théoricien Kip Thorne, qui a activement contribué à l’écriture du script. Outre la théorie de la relativité d’Einstein, la spécialité de Thorne, ce sont les trous de ver, concept théorique à ne pas confondre avec les trous noirs (qui existent véritablement) impliquant, en gros, de pouvoir voyager à travers l’espace et le temps à la vitesse de la lumière, par le biais de « portails ». Une idée qui a rapidement fait turbiner les scénaristes de SF, qu’il s’agisse de Star Trek, Stargate, Sliders ou même Donnie Darko.

Le voyage de la dernière chance

Interstellar : l’odyssée de Nolan

Avec tout le sérieux, voire le côté solennel qui le caractérise, Nolan a décidé de s’attaquer à ce sujet scientifiquement complexe à travers une aventure humaine à grand spectacle. Une « odyssée » pour la sauvegarde de l’humanité qui, ainsi que nous le révèle le premier trailer, est plongée dans une nouvelle, et peut-être fatale, Grande Dépression, faute de nourriture suffisante sur Terre. « Nous ne sommes pas faits pour sauver le monde. Nous sommes faits pour le quitter », explique en voix off  le porte-bonheur habituel du cinéaste, l’inusable Michael Caine. Une seule solution s’offre à une NASA devenue inutile dans l’univers sombre et futuriste d’Interstellar : découvrir d’autres systèmes et planètes accueillants en profitant de l’apparition d’un trou de ver près de la Terre. Un ultime voyage vers l’inconnu que doit accepter Cooper, pilote et ingénieur devenu fermier par la force des choses, ne serait-ce que pour garantir l’avenir de ses enfants.

[quote_right] »Cette équipe-là n’a pas d’autre ambition que de se surpasser, pour offrir un spectacle à la dimension lyrique et métaphysique. »[/quote_right] Il aura fallu attendre près d’un an, depuis l’annonce de la mise en chantier d’Interstellar, pour commencer à comprendre les enjeux de ce film tourné en 35 mm et pour de nombreuses scènes (le plus grand nombre à ce jour d’ailleurs) avec des caméras IMAX, à l’abri des rumeurs et des spoilers. Comme d’habitude chez Nolan, le casting est massif : choisi par le metteur en scène après vision de Mud, Matthew McConaughey hérite du rôle de Cooper, que le premier teaser a placé dans la lignée de pionniers de l’exploration spatiale comme Chuck Yeager (joué par Sam Shepard dans L’étoffe des héros, auquel Nolan semble s’être référé visuellement). Autour de lui graviteront Anne Hathaway, Wes Bentley, Casey Affleck, Ellen Burstyn, John Lightow, Matt Damon (dans un rôle encore inconnu !), ainsi que Jessica Chastain, qui jouera… la fille de Cooper adulte – bonjour, chers paradoxes temporels !

Côté technique, si le réalisateur fait temporairement ses adieux à son fidèle DP Wally Pfister, parti tourner le bide Transcendance avec Johnny Depp (Hoyt Van Hoyetema, collaborateur de Tomas Alfredson sur Morse et La Taupe, le remplace), le compositeur Hans Zimmer, le monteur Lee Smith et le production designer Nathan Crowley sont toujours à ses côtés.

Une expérience très spatiale

Interstellar : l’odyssée de Nolan

Comme cela a été le cas pour ses trois précédents films, cette équipe-là n’a pas d’autre ambition que de se surpasser, pour offrir un spectacle à la dimension lyrique et métaphysique (comment pourrait-il en être autrement avec un tel concept ?) qui devra à l’évidence être mesuré à l’ombre écrasante du monolithe de Kubrick. Nolan a manifesté à plusieurs reprises son envie de proposer une expérience, notamment sonore, la plus « immersive » possible, en se passant, contrairement à Gravity par exemple, de 3D, procédé vers lequel il semble toujours aussi peu attiré. La caution scientifique du script, sa nature intrinsèquement fascinante, l’aura de mystère qui subsiste à six mois de la sortie US du film, ne font que renforcer l’attente fébrile autour de ce nouveau projet hébergé par Warner Bros, sans aucun doute LE studio actuellement béni par tous les fans de science-fiction dans le monde.

Le trailer VOST

Interstellar : l’odyssée de Nolan