Lou : une aventure insulaire qui tourne court

par | 7 octobre 2022

Lou : une aventure insulaire qui tourne court

Porté par une Allison Janney motivée, Lou est moins un survival forestier jouissif qu’un thriller trop alambiqué.

Lorsqu’une personne s’isole à l’orée du vieil âge sur une île à moitié sauvage au large de la côte Ouest américaine, comme le fait Lou Adell, ce n’est pas pour profiter d’un voisinage amical ou des charmes champêtres de la forêt. En tout cas pas au cinéma, et pas quand c’est une Allison Janney (A la maison blanche, forever) aussi taciturne que possible qui incarne l’héroïne en titre. Peu aimable à souhait, Lou et son chien Jax sont appréciés de la communauté locale, mais un peu moins de Hannah (Jurnee Smollett, vue dans Lovecraft Country et Birds of Prey), qui loue avec sa petite fille une bicoque sur le terrain de l’aînée. À court d’argent, Hannah est prise à la gorge par l’inflexible Lou. Mais les choses changent une nuit d’orage quand la fille d’Hannah est kidnappée par son père (Logan Marshall Green, The Invitation), un militaire psychopathe présumé mort, qui a encore des comptes à régler avec son ex-femme. Sans sourciller, Lou embarque son fusil et part aider la jeune femme, bravant les éléments et un passé qu’elle ne peut plus cacher…

Une famille à défendre

Lou : une aventure insulaire qui tourne court

Puisque des stars de la télévision pas loin de la retraite comme Bod Odenkirk avec Nobody l’ont déjà fait, pourquoi pas Allison Janney ? L’actrice américaine plusieurs fois primée s’essaie avec Lou au rôle de dure à cuire au langage fleuri, habile avec les armes et jamais à court d’idées pour survivre, dans un personnage taillé sur mesure pour elle. Son charisme renfrogné et désabusé fait beaucoup pour porter ce film d’aventure au rythme cahotant, qui marque surtout des points pendant sa première partie, quand tous les éléments se mettent en place pour une traque en milieu sauvage façon Randonnée pour un tueur. La mise en scène d’Anna Foerster, souvent « téléfilmesque » malgré son décor évocateur ravagé par la pluie, se montre parfois plus énergique, lors d’une bagarre violente dans une cabane de pêche ou la traversée risquée d’une passerelle à moitié effondrée.

« Le charisme renfrogné et désabusé d’Allison Janney fait beaucoup pour porter ce film d’aventure au rythme cahotant. »

Et puis petit à petit, le scénario se fait (trop) explicatif, donnant une justification à tout ce qui se trame autour de Lou, au prix de retournements de situation à la fois imprévisibles et difficiles à avaler. Oui, Lou n’est pas une pro de la gâchette suicidaire par hasard, non l’ex-mari d’Hannah, joué avec un surplus de roulements d’yeux par un Marshall-Green en roue libre (quitte à ressembler à Tom Hardy, il pouvait piller autre chose que son jeu dans Venom), n’a pas échafaudé ce kidnapping sans une idée derrière la tête. L’aventure devient ronflante en cédant la place à une sorte de thriller domestique insulaire qui tente de faire passer en force une backstory confuse. Le climax, bien que volontairement bizarre au vu de ces twists, n’en est pas moins emballé maladroitement, et débouche sur un épilogue qui promet presque une improbable séquelle. Lou n’est pas un film avare en idées, loin de là, mais il rate un peu le coche en complexifiant ce qui aurait pu, et dû, être une escapade forestière fonctionnant à l’adrénaline. Allison Janney était plus qu’idéale pour le job, en tout cas.