Mayhem : burn out général

par | 3 juillet 2018

Le réalisateur d’Everly règle son compte au capitalisme dans Mayhem : un jeu de massacre hystérique qui se voudrait incorrect mais se révèle surtout poussif.

Joe Lynch, réalisateur de Détour mortel 2, du malheureusement raté Knights of Badassdom et du sympathique Everly avec Salma Hayek, poursuit sa carrière dans la réalisation de films rapides et gore à souhait avec ce Mayhem ayant fait l’ouverture de l’Étrange Festival avant de sortir chez nous en vidéo. Derek (Steven Yeun, OkjaThe Walking Dead) joue ici un avocat qui travaille pour une firme aux ressources humaines impitoyables : il est piégé un matin par un collègue, qui le fait licencier à tort. La journée étant définitivement noire, un mystérieux virus se propage dans sa boîte, qui est bientôt mise en quarantaine par les autorités. Cette maladie transforme ses collègues en enragés totalement désinhibés, et Derek se retrouve piégé avec quelques survivants dont la tout aussi énervée Melanie (Samara Weaving, The Babysitter), dans des bureaux devenus très littéralement invivables !

Cynique à tout prix

Joe Lynch, pas le plus habile des artisans mais généralement généreux en terme d’action, nous avait habitué à des productions plus créatives sur le papier, moins plan-plan. Au final, contrairement à ce qu’on pourrait croire au vu de ce pitch fou-fou, pas éloigné dans l’esprit du The Belko Experiment scénarisé par James Gunn et réalisé par Greg McLean, la folie est plus présente dans les yeux dévorés par la rage et la coke de ses personnages de costard-cravates que dans une réalisation qui multiplie les artifices cache-misère pour masquer son manque de rigueur et de message. Pur défouloir sur le monde de la finance, pensé et (sur)joué par l’intégralité du casting comme un jeu vidéo poussant presque immédiatement tous les potards du cabotinage à 11, Mayhem sert au spectateur une parabole anticapitaliste convenue du cynisme d’entreprise, arrosée de scènes d’action malheureusement sans saveur. Il y a de l’ultraviolence en pagaille, du sexe sauvage à gogo, des répliques qui se veulent percutantes mais sonnent faux, et un désir palpable de rendre le tout complètement punk et incorrect, sans réussite. Agréable à consommer sur l’instant si l’on aime les séries B trépanées, ce Mayhem effectivement bien chaotique ne laissera aucune trace.