L’attente grimpe depuis déjà une bonne année : poster après spot viral, teaser après affiche, l’ampleur du projet Pacific Rim se dévoile dans toute son invraisemblable ambition. « Transformers vs Godzilla », c’est le pitch en trois mots qui est le plus souvent utilisé pour décrire le film, qui devrait sauf apocalypse créer l’événement durant la saison estivale. Le retour de Guillermo Del Toro à la réalisation, cinq ans après Hellboy II, cinq années durant lesquelles le réalisateur mexicain a travaillé en pure perte sur Le Hobbit, puis (mais c’est là moins sûr) sur l’adaptation des Montagnes Hallucinées de Lovecraft, ne risque pas de passer inaperçu. Malgré sa réputation, son prestigieux background, sa « crédibilité geek » pourrait-on dire, Del Toro n’a pas encore eu son Seigneur des Anneaux ou son Star Trek à lui : son blockbuster prestigieux à très gros budget, qui ancrerait définitivement son nom dans l’inconscient collectif. Tout cela devrait bientôt changer, et avec fracas !

Un rêve de gosse

 
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Le fait que Pacific Rim soit à la fois un script original, rappelant vaguement l’oublié Robot Jox de Stuart Gordon, et le film d’un cinéaste encore peu connu du très grand public – c’est peut-être dur à croire, mais tout le monde n’a pas vu Hellboy ou L’échine du diable -, explique sans doute l’investissement de la Warner et de Legendary Pictures dans le marketing viral. De fausses affiches de recrutement pour les « Forces de défense du Pacifique » ont succédé à des fiches descriptives des « Jaegers », ces robots géants créés par l’humanité pour défendre la Terre contre les « Kaiju » (référence explicite au kaiju eiga, le genre japonais dont Pacific Rim s’inspire en grande partie), monstres tout aussi colossaux échappés d’une faille interdimensionnelle au fond de l’Océan Pacifique. Peu à peu, c’est le concept choisi par Del Toro qui prend forme : le cinéaste s’est saisi d’un pitch ô combien régressif (on ose imaginer l’impact que va avoir un tel film sur un gamin de 12 ans) pour le traiter avec une rigueur, un soin du détail et une imagination sans équivalent à Hollywood actuellement.

 

L’obsession avouée de Del Toro de décrire les conséquences d’une guerre aussi destructrice sur la société était déjà visible dans le premier teaser dévoilé en décembre dernier. Outre le mode de fonctionnement des Jaeger, pilotés de manière synchrone par deux pilotes reliés psychiquement (comme dans l’anime Neon Genesis Evangelion, référence nippone la plus citée par les connaisseurs), on pouvait y entrevoir quelques aspects de l’univers décati, délavé et presque désespéré créé par le cinéaste et son équipe.

Go big. Go REALLY big.

 
PACIFIC RIM
 

Le nouveau trailer à l’origine destiné aux seuls spectateurs du WonderCon, en Californie, que Warner a consenti à mettre en ligne au vu de l’enthousiasme général, se révèle plus clair sur ce point (on y voit de nombreux plans de villes en réparation) et nous présente un peu plus les personnages, du scientifique incarné par Charlie Day aux pilotes du Jaeger américain, incarné par Charlie « Sons of Anarchy » Hunnam et Rinko Kikuchi, en passant par l’incontournable Ron Perlman. Mais surtout, il montre à quel point le spectacle promis par le réalisateur comme « sans précédent », dépasse l’entendement. Sur l’eau, sous l’eau, en pleine ville ou même dans l’espace : Pacific Rim promet un Royal Rumble avec des catcheurs de 2 500 tonnes, aussi hauts qu’un immeuble de 50 étages. Là où Del Toro se distingue du concurrent Michael Bay, qui aura fort à faire avec son Transformers 4 pour ne pas paraître ridicule, c’est dans sa faculté à marier son amour pour les monstres et ses innombrables références bédéphiles, vidéoludiques et cinématographiques, avec un style visuel tranché, axé sur l’idée de donner à chaque plan un repère visuel au spectateur pour se représenter l’échelle des Kaiju et des Jaeger. Ce qui n’empêchera pas les combats, que la production promet « tous différents », d’être barbares et invraisemblablement épiques. On parle tout de même d’un film où un robot utilise un tanker comme une batte de base-ball.

 

Tourné en 2D, Pacific Rim a été post-converti en 3D pour sa sortie, malgré les réticences initiales du réalisateur, longtemps opposé à un format peu aisé à maîtriser au vu du nombre de scènes nocturnes. Espérons que cette manœuvre commerciale n’entache pas la qualité de ce qui s’annonce désormais comme un spectacle sans équivalent, prévu pour dévaster les salles à partir du 17 juillet prochain.