Voilà un projet qui revient de loin. Les super-héros au cinéma ont beau avoir le vent en poupe (doux euphémisme), Wade Wilson, alias Deadpool n’est pas forcément le plus populaire d’entre eux. Mais c’est un refrain connu depuis Les gardiens de la galaxie (voire même depuis Hellboy et Blade) : les comic-books les plus confidentiels ne sont pas forcément synonymes de prises de risques cinématographiques, si le studio sait bien vendre son personnage. Jusqu’ici, le pas-mutant-mais-presque Deadpool, dont les droits appartiennent à la Fox, a fait plutôt office de figurant maltraité sur grand écran. La faute à X-Men Origins : Wolverine, un bon gros navet clinquant, où le mercenaire grande gueule, incarné par Ryan Reynolds, était relégué au rang de méchant de seconde zone, à la bouche cousue (!) et aux pouvoirs sortis de nulle part.

Un traitement insultant pour les fans de la BD, populaire justement parce que Deadpool fait partie de ces super-héros qui n’hésitent pas à moquer le genre et à verser allègrement dans le politiquement incorrect. Oh, et ce qui le rend encore plus unique en son genre est que cet ancien membre des Forces Spéciales, qui hérite, comme Wolverine, de super-pouvoirs de régénération après avoir été le sujet d’une expérience militaire, est en fait conscient d’être un héros de bande-dessinée. Une idée simple, mais brillante, qui explique le nombre régulier de cases où Deadpool commente sarcastiquement l’action en cours, interpelle directement le lecteur en brisant le « quatrième mur »… Autant de caractéristiques qui étaient tout simplement absentes du film de Gavin Hood.

Un héros, certes, mais classé R

Deadpool : « l’enfoiré post-moderne » arrive !

Six ans après sa première apparition, le personnage créé par Rob Liefeld et Fabian Nicieza ressort de l’ombre, au moment même où une autre grosse franchise de la Fox, Les 4 Fantastiques, arrive sur les écrans. Très clairement, Deadpool ne boxe pas dans la même catégorie, économiquement parlant, que les blockbusters habituels du genre. Outre le côté confidentiel de son héros, il est clair qu’un film le mettant en vedette devait plus ressembler à Kick-Ass : humour noir, violence frontale, vulgarité assumée, traitement post-moderne. En gros, un film classé R, ce qui explique d’une part son « petit » budget (on parle de 40 millions de dollars) et d’autre part le fait que le scénario, signé Rhet Reese et Paul Wernick (le duo derrière Zombieland), ait attendu 5 ans dans les limbes du development hell avant que la Fox ne donne son feu vert.

Étonnamment, si Deadpool a fini par voir le jour, c’est en partie à cause des fans très vocaux de la BD, mais aussi et surtout grâce à l’acteur qui l’a si mal incarné dans un premier temps. Ryan Reynolds a en effet milité sans relâche pour reprendre le rôle et rendre justice à son personnage. C’est suite à une séquence test ayant fuité sur le Net que Deadpool est devenu réalité, et maintenant que le film, qui a fait rugir de plaisir les spectateurs du Comic Con, se dévoile enfin, il est clair que l’acteur canadien a pris son pied à incarner ce héros amoral et débitant plus d’insanités à la minute que les films de Kevin Smith.

Cynique, obsédé et invincible !

Deadpool : « l’enfoiré post-moderne » arrive !

Oubliez donc Wolverine : Deadpool sera un reboot complet, une origin story comme on dit, que la bande-annonce, dans sa version non-censurée comme dans sa version tout public (bien moins intéressante, mais les dernières secondes sont hilarantes), nous vend de manière très conventionnelle. Là où le film marque des points et fait monter rapidement notre niveau d’attente, c’est lorsque le costume rouge et noir apparaît plein cadre : Deadpool virevolte, empale et abat tout ce qui bouge, sans jamais oublier de lâcher une punchline insultante ou sexuellement orientée façon Ted. Le cocktail action / cynisme d’ado attardé s’annonce assez grisant, d’autant que le réalisateur débutant Tim Miller, connu pour être le responsable des effets spéciaux sur Scott Pilgrim, n’a semble-t-il rencontré aucune interférence sur le projet, « même lorsqu’ils auraient mieux fait d’interférer ! », a-t-il rappelé au Comic Con.

[quote_center] »Étonnamment, si Deadpool a fini par voir le jour, c’est aussi et surtout grâce à l’acteur qui l’a si mal incarné dans un premier temps. »[/quote_center]

Reynolds, lui, compte profiter de cette occasion inespérée pour faire oublier son passif super-héroïque (Wolverine donc, mais aussi le catastrophique Green Lantern et Blade Trinity, soit un sacré brelan de casseroles) et pourquoi pas lancer pour de bon une franchise dont il serait le héros. Il sera dans cette première aventure entouré de Gina Carano (Fast 6), Morena Baccarin (Homeland), TJ Miller (Silicon Valley), Ed Skrein (Game of Thrones) et la débutante Brianna Hildebrand, castée dans le rôle du sidekick féminin de Wilson, et dont le surnom est Negasonic Teenage Warhead. « Mais c’est un putain de surnom, ça ! », s’exclame Deadpool dans l’un des extraits diffusés à San Diego. Toute l’ironie détendue du film résumée en deux lignes ! Deadpool arrivera pour mémoire en France le 20 février prochain. En attendant, faites-vous plaisir avec les deux versions du trailer ci-dessous !

Trailer « tout public »

Trailer non-censuré en VOST

MAJ : Trailer #2 VOST

Plus d’intrigues, plus de répliques salaces, plus de gore et de démolition du quatrième mur : à quelques mois maintenant de sa sortie, pile-poil pour Noël, Deadpool accélère sa promotion avec cette nouvelle bande-annonce toujours aussi corrosive et potache. Les images confirment que les personnages de Colossus et d’Angel Dust (jouée par Gina Carano) auront une grande importance dans cette histoire qui semble malgré tout garder quelques surprises en réserve. Pour rappel, le film de Tim Miller sort désormais le 10 février 2016. Préparez-vous !