C’est désormais une habitude, à chaque mois sa sélection « pas vu au ciné », dont le but est de vous guider vers des titres dont vous avez peu entendu parler et qui sont pourtant tous disponibles depuis le mois de novembre en Blu-ray, DVD, VOD, location, téléchargement local, Canalplay illimité ou que sais-je encore. Bonne chasse !

Saint

Un film de Dick Maas, avec Huub Stapel, Caro Lenssen, Bert Luppes

Sorti le 15 novembre – E1 Music

Genre : fantastique

Aaaah, enfin un film sur Saint Nicolas ! L’autre gentil barbu (enfin, gentil, c’est vite dit) qui descend tous les 6 décembre du ciel les bras chargés de bonbons (ou pas) méritait bien d’être la star de son propre film, réalisé par un artisan hollandais bien connu des fantasticophiles. Dick Maas est en effet rentré, dans les années 80, dans la petite histoire du cinéma bis avec le bien nommé L’Ascenseur et son élévateur maléfique décapitant ses pauvres passagers. Les connaisseurs pourraient aussi citer le chouette polar aquatique Amsterdamned, mais n’abusons pas des bonnes choses. Pour l’heure, Maas revient d’entre les morts pour emballer une série B sanglante et potache qui imagine le Saint barbu revenir tous les 5 décembre de pleine lune pour tuer les petits enfants. Comme Rare Exports, qui sort bientôt en salles, Saint détourne les images et les codes de Noël, orchestrant meurtres gore et poursuites équestres (sur un toit !) au son des clochettes à paillettes.

Bangkok Revenge

Un film de Prachya Pinkaew, avec Djimon Hounsou, Kevin Bacon, Jirantanin Pitakporntrakul

Sorti le 24 novembre – Metropolitan

Genre : aventure

La carrière de Prachya Pinkaew prend avec ce Bangkok Revenge (aka Elephant White) un tournant intriguant. Le réalisateur sort tout juste d’une trilogie « à gnons » qui a fait sa fortune, débutée avec le choc Ong Bak et poursuivie avec le tout aussi énervé L’honneur du dragon, avant de s’achever, sans le phénomène Tony Jaa cette fois, avec sa version féminine Chocolate, emmenée par Yanin Vismitananda. Changement d’ambiance avec ce film tourné sous pavillon américain en Thaïlande. Nous sommes toujours à Bangkok, au pays des noms impossibles, où évoluent deux étrangers aussi louches l’un que l’autre : un tueur à gages (Hounsou) et un marchand d’armes (Bacon) jouent au chat et à la souris dans un univers louche de trafiquants en tous genres. S’il tourne en langue anglaise avec un duo d’acteurs occidental, Pinkaew n’en oublie pas pour autant ses racines, et emballe un thriller d’aventure rarement original mais très énergique.

Points de rupture

Un film de Timothy Lihn Bui, avec Ray Liotta, Jessica Biel, Forest Whitaker

Sorti le 2 novembre – Metropolitan

Genre : drame

Malgré son casting quatre étoiles, Points de rupture (Powder Blue en VO) n’a pas eu la chance de connaître une distribution correcte en Europe, ni d’ailleurs dans le reste du monde. Distribué de manière confidentielle aux USA, ce drame choral avait pourtant fait parler de lui sur le web avant sa sortie, avec ses scènes croustillantes de strip-tease assurées par Jessica Biel, dans un rôle qu’on imagine écrit pour elle (hum). Au-delà du buzz, le film n’est ni pire ni meilleur qu’un Collision, un 11 :14 ou un Shrink. Soigné visuellement, Points de rupture brasse les thèmes habituels (solitude, amours contrariées, deuils difficiles) et sort uniquement du lot grâce à son solide chapelet de stars, tous très motivées. Et non, on ne parle pas uniquement de Jessica.

Pig Hunt

Un film de James Isaac, avec Tina Huang, Trevor Bullock, Howard Johnson Jr.

Sorti le 3 novembre – WE Productions

Genre : horreur

Le sanglier géant a décidément le vent en poupe. Rendez-vous compte : jusqu’à présent, le seul film de cétartiodactyle (de rien) un tant soit peu connu restait le Razorback de Mulcahy. Et là, en même pas une année, trois titres sont sortis sur les étals : le frenchie La Traque (ex-Proie) lorgnait très fort sur le classique australien, tandis que le coréen Chaw jouait aux Dents de la mer, mais en forêt. Réalisé en 2008, l’américain Pig Hunt débarque donc lui aussi chez nous avec son bestiau increvable, sa bande de rednecks allumés et ses chasseurs citadins qu’on jurerait sortis d’un remake de Délivrance. Artisan limité mais généreux, James Isaac (Jason X, Skinwalkers) mélange ambiance de survival forestier et comédie de mauvais goût, donnant un certain cachet à son film à petit budget. Et puis, quand même. Des sangliers géants. ça ne se refuse pas, non ?

The Showdown

Un film de Kim Jin-Seong, avec Park Hee-Soon, Ko Chang-Seok, Jin Ku

Sorti le 22 novembre – FIP

Genre : aventure

On doit au scénariste de I saw the devil et The Unjust, très remarqués cette année, la réalisation de ce Showdown étonnant, car s’éloignant des canons habituels du film en costumes coréen. Rarement réussis, ces derniers pêchent généralement par un manque de rythme, de style et de limpidité rédhibitoires, surtout lorsqu’on les compare aux productions hong-kongaises, largement plus mémorables (ne serait-ce que grâce à Tsui Hark). Plutôt que de multiplier les personnages et les intrigues, Jin-Seong recentre la sienne sur trois protagonistes coincés dans une auberge en ruines, après une bataille sanglante en Mandchourie. Recherchés par les troupes Ming, les trois soldats commencent à se méfier les uns des autres, alors que l’on en apprend progressivement plus sur leur passé respectif. Duel à trois psychologique et théâtral, The Showdown tranche joyeusement avec le tout-venant de la production locale, sans pour autant omettre les saillies spectaculaires d’usage. À découvrir.

La Conspiration

Un film de Robert Redford avec James McAvoy, Robin Wright, Kevin Kline

Sorti le 24 novembre – CTV

Genre : historique

Robert Redford continue d’interroger la politique de son pays, par un biais détourné cette fois. Loin de l’actualité politique d’un Lions et agneaux, le producteur et cinéaste grille la politesse à Steven Spielberg en s’intéressant au destin d’Abraham Lincoln. Ou plutôt à son assassinat, puisque La conspiration s’attache à décrire les complots et machinations qui ont entouré l’acte de John Wilkes Booth. Le film tient à la fois de la leçon d’histoire et du suspense de prétoire, se reposant sur un personnage d’avocat désabusé (McAvoy, toujours dans les bons coups) pour nous faire découvrir les dessous du procès qui a suivi la mort du 16e Président des USA. Production au budget moyen mais pourtant prestigieuse, La conspiration a fait, comme le précédent film de Redford, un bide sans appel à sa sortie, ce qui explique sa relégation directe en DVD, qui plus est assortie d’une jaquette hideuse.

Love and secrets

Un film d’Andrew Jarecki, avec Ryan Gosling, Kirsten Dunst, Frank Langella

Sorti le 23 novembre – Wild Side

Genre : suspense

En voilà un qui a de la chance : All good things, traduit en français par… err… Love and secrets, aurait pu rester tranquillement posé sur les étagères de son distributeur, prisonnier de l’univers impitoyable des « inédits qui n’intéressent personne sans qu’on sache pourquoi » (des fois, c’est juste parce qu’ils sont uber-médiocres). Mais tout vient à point à qui sait attendre : avec quatre films en un an, on peut dire que Ryan « I just drive » Gosling fait plutôt l’actualité, et son fan-club grandissant (et possiblement hystérique) ne demande rien d’autre que de découvrir ses nouveaux/anciens titres de gloire. Tourné juste avant Drive, Love and secrets est donc un thriller domestique inspiré de faits réels, signé par un documentariste remarqué (Andrew Jarecki, réalisateur de Capturing the Friedmans), avec une Kirsten Dunst pas encore mélancolique à l’époque, mais sortant au contraire d’une dépression – elle aussi, donc, savait que Spider-Man 3 était raté ! Gosling joue le gendre idéal qui s’avère être un peu (très) secoué, Dunst la mariée innocente qui s’inquiète beaucoup. Pas honteux, mais on comprend vite pourquoi la chose est restée longtemps sur le bas-côté.

Rammbock : Berlin undead

Un film de Marvin Kren, avec Sebastian Achilles, Ingrid Beerbaum, Carsten Behrendt

Sorti le 3 novembre – D-Vision

Genre : horreur

Lorsqu’on associe « film de zombies » et « Allemagne », on imagine généralement une débauche de gore nauséeux à la Jorg Buttgereit. La surprise est donc d’autant plus grande en découvrant ce Rammbock (« bélier » en allemand), premier (pas si) long d’un réalisateur malin, qui épouse les clichés d’usage pour mieux les détourner. Confiné dans un complexe d’appartements évoquant autant Fenêtre sur cour que Le locataire, le film suit la propagation d’un virus transformant tout les Berlinois en zombies enragés et photosensibles. Une poignée de personnages tente de survivre et de fuir, en communiquant notamment par la fenêtre de leur appartements. Rythmé, chiadé et très bien interprété, Rammbock dure à peine 1h05, mais fait plus plaisir à voir que tous les Resident Evil réunis. Pour rallonger la sauce, le DVD propose deux courts-métrages dont Paris by night of the living Dead, permettant de se faire un macabre programme franco-allemand brûlant d’actualité… !

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