C’était une promesse faite depuis longtemps. Dès la cérémonie de clôture de la première édition, en fait : le Pifff, ou Paris international fantastic film festival pour les complétistes, revient cette année encore sur les Grands Boulevards pour offrir au public français une nouvelle injection de fantastique à haute dose, quelques mois après les découvertes de l’Étrange, et quelques semaines avant la 20e et ultime édition de Gérardmer (eh oui, c’est bientôt fini). Cette fois, les hostilités vont durer dix jours au lieu de cinq, du 16 au 25 novembre. Une double ration qui permet au festival initié par Cyril Despontin de varier les plaisirs, entre compétition, rétrospectives et ouvertures aux formats parallèles, comme le making of. Un exemple déjà suivi par de nombreuses manifestations hexagonales du même genre, mais qui n’ont pas forcément le prestige instantané d’un événement installé, comme le Bifff ou le Frightfest anglais, depuis ses débuts dans la capitale.

United colors of fantastic

Le film espagnol The Body fait partie des belles avant-premières proposées par le festival.

Dix films, sur les 28 qui seront projetés, figurent au sein de la compétition. Qui succédera au cabossé Bellflower  cette année ? On donne peu de chances au néo-giallo The butterfly room vu au dernier Bifff, paresseux thriller gériatrique conçu pour relancer la carrière de la plus toute jeune Barbara Steele. Candidat plus attendu, l’Irlandais Citadel a lui déjà brillé au Forum des Images, et profitera sans doute de l’occasion pour faire de nouveaux adeptes. Dans le rayon « titres projetés », citons tout de même l’ibérique El Cuerpo, ou The Body, dernier-né de Rodar y Rodar, société productrice de L’Orphelinat et des Yeux de Julia, ou l’anthologie Doomsday Book, qui marque le retour attendu du réalisateur coréen Kim Jee-Won, après son I saw the devil anthologique et avant son tout aussi alléchant The Last Stand. L’accent est de manière générale mis sur les cinématographies « exotiques », comme l’Indonésie (avec le petit surdoué Joko Anwar et son Modus anomali, décrit comme « l’autre » Cabin in the woods), le Pérou ou le Mexique. Et sur le gore, dans la majeure partie des cas.

Hors-compétition, le PIFFF table sur la curiosité des spectateurs et des cinéphages de tous bords, puisqu’on trouve à la fois un making of longue durée (celui du Secret de Pascal Laugier), un documentaire sur la révolution digitale présenté par Keanu Reeves, une compilation de bande-annonces bis concoctée par les cinglés d’Alamo Drafthouse, du Tsui Hark en 3D et des anthologies horrifiques très « buzzées », The ABC of Death et V/H/S en tête. Oh, oui, c’est vrai, on aura aussi droit à l’unique projection sur grand écran en France (le film sortira en Blu-Ray en janvier prochain) de l’inattendu, violent et totalement autre Universal soldier : day of reckoning !Et non, Jean-Claude n’est pas annoncé parmi la liste des invités.

Le meilleur pour le début ?

Le film d’ouverture, John dies at the end, de Don Coscarelli, ressemble à un méchant trip aussi glauque qu’onirique.

Comme dit plus haut, le PIFFF n’oublie pas de rendre hommage au patrimoine fantastique, et ce à travers des séances cultes et une nuit spéciale qui aura lieu le deuxième samedi. On est ici au pays des valeurs-sûres-mais-réjouissantes-quand-même, avec du Dario Argento, du Peter Jackson, et surtout du Clive Barker au menu. L’auteur des Livres de sang est à l’honneur à l’occasion de la diffusion du « director’s cut » (le nouveau montage est plus ou moins approuvé et artisanal, mais en tout cas vraiment miraculeux) de son film maudit, Cabal. Pour la peine, il sera aussi possible de déguster du Cénobite et du Candyman sur le grand écran du Gaumont Opéra, ce qui est rarement arrivé depuis au moins, oh, vingt bonnes années. Si le réalisateur/auteur ne sera pas de la partie, Russell Cherington, directeur de la restauration de Cabal figure parmi la pléthorique liste des invités du PIFFF.

Avant de vous laisser dévorer le planning des projections, signalons tout de même que le film le plus attendu de cette ambitieuse édition n’est autre, pour l’auteur de ces lignes, que le film d’ouverture, John dies at the end. L’œuvre d’un vétéran du genre, Don Coscarelli (Phantasm, Bubba Ho-Tep), trop rare sur nos écrans, l’œuvre également d’un vrai passionné de fantastique. Son dernier long-métrage apparaît aussi fou, méta et prodigieusement surréaliste que ses précédents, quelque part entre Donnie Darko et Le festin nu, avec en plus des pointures comme Paul Giamatti, Clancy Brown, Doug Jones et, of course, Angus Scrimm au générique. Autant dire, en quelques mots, qu’on a hâte d’y être et d’en parler sur Born to Watch !

Programme complet 

Un nouveau Universal Soldier sur grand écran, qui l’eut cru ? Le très « buzzé » Day of Reckoning sera en tout cas projeté le 24 novembre.

Ouverture

  • John dies at the end de Don Coscarelli

Clôture

  • Silent Hill : Revelation 3D de Michael J.Bassett

Compétition

  • The Body d’Oriol Paulo
  • The Butterfly Room de Jonathan Zarantonello
  • Citadel de Ciaran Foy
  • The Cleaner d’Adrian Saba
  • Crave de Charles de Lauzirika
  • Doomsday Book de Kim Jee-Won et Yim Pil-Sung
  • Here comes the devil d’Adrian Garcia Bogliano
  • In their skin de Jeremy Power Regimbal
  • Modus anomali de Joko Anwar
  • Stitches de Conor McMahon

Hors-Compétition

  • The Abc’s of Death, collectif
  • La légende des sabres volants 3D de Tsui Hark
  • Horror Stories, collectif
  • In the shadow of The Tall Man de Louis Thévenon
  • The Seasoning House de Paul Hyett
  • Side by Side de Chris Kenneally
  • Trailer War
  • Universal soldier : day of reckoning de John Hyams

Séance inédite

  • V/H/S, collectif

Séance cultes

  • Quatre mouches de velours gris de Dario Argento
  • Bad Taste de Peter Jackson

La nuit Clive Barker

  • Cabal (version longue inédite)
  • Hellraiser
  • Hellraiser 2
  • Candyman
  • The Forbidden

17 courts-métrages français et internationaux 

Planning et tarifs sur : www.pifff.fr