Top 10 : Matthew McConaughey

par | 31 janvier 2014

À l’occasion de la sortie de Dallas Buyers Club, zoom sur la carrière étonnante de Matthew McConaughey, devenu l’un des comédiens les plus intenses du cinéma américain.

À la fin des années 2000, la carrière de Matthew McConaughey en était presque arrivée à un point où le playboy texan et son look de surfeur musclé avait disparu des radars, à part celui des amoureux de comédies romantiques, genre dans lequel le comédien s’était plus ou moins volontairement enfermé. Il y avait bien ce caméo succulent dans Tonnerre sous les tropiques, certes, mais pour l’essentiel, il apparaissait que pour ce fils de pompiste, devenu acteur sur un coup de tête après avoir envisagé d’être avocat, le train de la gloire était déjà loin devant lui. Les joies du mariage et la naissance de ses enfants ont servi de pause salutaire pour McConaughey, qui a opéré depuis le plus spectaculaire revirement de carrière de ces dix dernières années, au point que son nom figure maintenant en haut de la liste des favoris pour l’Oscar du meilleur acteur, au nez et à la barbe de Leonardo DiCaprio (qui lui avait plus ou moins chipé le rôle principal de Titanic sous le nez, avant de le côtoyer sur Le loup de Wall Street), pour Dallas Buyers Club.

Jugez plutôt : McConaughey a tourné 9 films en 3 ans (dont deux, Bernie et le futur Interstellar de Nolan, sont encore inédits en France), a décroché le rôle principal d’une série acclamée sur HBO, True Detective, et a surtout maintenant l’attention du tout-Hollywood, qui a pris la mesure du potentiel infini de ce comédien désormais prêt à retrousser durablement ses manches pour interpréter un rôle, qu’il soit secondaire ou principal. Strip-teaseur, avocat, malade du Sida, trader ou tueur à gages : ce gars-là, derrière son sourire enjôleur et son accent traînant, reconnaissable entre mille, peut pratiquement tout jouer, et ses meilleures années sont encore devant lui.

Tout ça méritait bien un top 10, non ?

10. DAZED AND CONFUSED (1993)

Top 10 : Matthew McConaughey

La carrière de Matthew McConaughey a débuté un peu par accident, sans jamais avoir pris de cours de comédie. Ses débuts « fracassants », l’étudiant en droit les fait dans le deuxième film de Richard Linklater, Dazed and Confused, chronique des années lycée d’une bande de potes dans les années 70. McConaughey n’est qu’un second rôle dans ce film nostalgique qui révèle entre autres Milla Jovovich, mais son attitude « laidback », son look étudié de surfeur attardé, son talent pour l’impro (qui amène à sa réplique-clé : « A’right, a’right, a’right… »), font que le rôle du séducteur David Wooderson est considérablement augmenté au montage. C’est un premier essai encourageant pour l’apprenti acteur, qui décroche ensuite rapidement d’autres rôles à son arrivée à Los Angeles dans des comédies teenage ou des séries B comme Massacre à la tronçonneuse, la nouvelle génération, où il croisera une autre star montante : Renée Zellweger (eh oui).

9. LE DROIT DE TUER ? (1996)

Top 10 : Matthew McConaughey

Cette adaptation du roman de John Grisham, LE romancier en vogue dans les années 90, est le carton qui va mettre, pour le meilleur et pour le pire, McConaughey sur orbite. Pourtant pas aidé par la réalisation pachydermique de Joel Schumacher, cette histoire de crime racial entraînant un procès médiatique dans le Mississipi fonctionne en partie grâce à la performance de l’acteur, qui dans le rôle de l’avocat idéaliste Jack Tyler, tient tête à un casting impressionnant sans en faire trop, et délivre une plaidoirie finale assez anthologique pour être répétée des années plus tard en cours de comédie à Hollywood. De manière assez ironique, McConaughey interprètera par la suite de nombreux rôles d’avocats, celui d’Amistad n’étant pas le moins fameux.

8. EN DIRECT SUR EDTV (1999)

Top 10 : Matthew McConaughey

En 1999, Matthew McConaughey est déjà sans le savoir à un tournant de sa carrière. Propulsé star du jour au lendemain, le comédien peut compter sur son physique parfait pour jouer les têtes d’affiche sans complexe. Dans En direct sur EdTV, comédie de Ron Howard qui prédit avec une acuité assez bluffante le boom de la téléréalité, il trouve une nouvelle fois une opportunité d’interpréter un personnage assez proche de lui : affable, drôle, un peu trop relax pour être pris au sérieux. Déjà aussi, il fait de cet Eddie Pekurny un séducteur tranquille qui inspirera sans doute beaucoup de producteurs voulant le faire jouer dans des comédies romantiques. Sûr de son charme, l’acteur va rapidement mordre à l’hameçon du genre, aussi peu exigeant professionnellement (il semble contractuellement obligé de retirer son t-shirt) que rentable. Le début des ennuis, en quelque sorte…

7. LA DÉFENSE LINCOLN (2011)

Top 10 : Matthew McConaugheyHasard ou coïncidence : c’est avec un nouveau rôle d’avocat, dans une nouvelle adaptation d’un écrivain populaire, que McConaughey va amorcer son retour au premier plan. Thriller juridique solide semblant tout droit sorti des années 80, époque où pullulaient d’autres exemples du genre comme Coupable Ressemblance ou À double tranchantLa Défense Lincoln place l’acteur dans la peau d’un brillant mais ambigu avocat de la défense, Mick Haller, qui a pour particularité d’avoir ouvert son bureau dans l’habitacle de sa Ford Lincoln – avec chauffeur. McConaughey, qui a le look idéal pour jouer les costard-cravates à la fois séducteurs et tourmentés, injecte ce qu’il faut de classe et de gravité dans cet exercice a priori balisé, pour en faire un divertissement de premier ordre, bien aidé par sa complémentarité à l’écran avec Ryan Philippe, étonnant en bourge psychopathe constamment sur le point de péter une durite.

6. EMPRISE (2001)

Top 10 : Matthew McConaugheyLargement incomprise et attaquée à sa sortie, la première réalisation de l’acteur Bill Paxton est le genre de projet, qui une fois pris avec les pincettes qui s’imposent, dévoile une complexité rare dans le genre de l’épouvante. En surface, Emprise est un suspense horrifique qui s’attaque sans détour au fanatisme religieux, et aux crimes qu’il peut engendrer. Matthew McConaughey, qui n’avait jusqu’alors pas joué de son physique pour inspirer l’ambiguité, incarne un fils traumatisé par son père (joué par Bill Paxton) et sa croisade contre des supposés « démons » qu’il abat à la hache, avec l’aide de ses deux enfants. Le film se joue sur deux époques différentes, ménageant le doute sur les visions du père et le récit fait par le fils, avant de faire basculer dans son dernier tiers le récit dans le fantastique pur, à la faveur d’un twist pour le moins risqué. S’il n’a qu’un second rôle ici, McConaughey se montre particulièrement impressionnant en dévoilant un côté inattendu de son image habituelle de Texan bon teint.

5. LE RÈGNE DU FEU (2002)

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S’il avait été réalisé en 2012, Le règne du feu aurait sûrement terminé autrement que comme un modeste blockbuster rentrant tout juste dans ses frais. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il alignait en haut de l’affiche, en plus de ses magnifiques et terrifiants dragons (qui sont un peu revenus à la mode récemment, apparemment), Christian Bale, Matthew McConaughey et Gerard Butler, le deuxième étant à l’époque paradoxalement plus bankable que le futur Batman. Et indéniablement, McConaughey est là pour faire le show : son Denton Van Zan, chasseur de dragons dans une Angleterre post-apocalyptique, est une merveille de personnage fou furieux, échappé d’un comic-book. Crâne rasé, tatouages tribaux et la folie qui brûle en permanence dans son regard : le comédien parvient sans peine à éclipser Bale, coincé dans un rôle ingrat, avec un panache invraisemblable. La star qu’il est alors prend visiblement son pied à jouer les Mad Max suicidaires dans les ruines de Londres, et nous avec.

4. DALLAS BUYERS CLUB (2013)

Top 10 : Matthew McConaugheyPoint culminant de son virage artistique, Matthew McConaughey atteint avec Dallas Buyers Club des sommets artistiques au-delà de la simple performance physique. De son propre chef, il devient méconnaissable pour interpréter Ron Woodroff, perdant près de vingt kilos, comme son camarade Jared Leto. Ce physique construit sur mesure pour incarner une figure du combat des malades du sida dans les années 80, marque d’ailleurs également les esprits dans une courte scène du Loup de Wall Street et dans la série True Detective. Dans le film de Jean-Marc Vallée, McConaughey, plus frêle qu’une branche de sapin, donne une humanité inespérée à un Texan raciste et homophobe. Une performance transcendante de beauté et d’émotion pure, marque d’un acteur déployant un rare justesse de jeu. Pas étonnant qu’une pluie de récompenses s’abatte maintenant sur ses épaules amaigries.

3. MUD (2013)

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Bien placé dans notre Top 10 de 2013Mud est une incontestable réussite de plus à mettre à l’actif de Jeff Nichols, qui transforme pour les besoins de son périple initiatique McConaughey en vagabond mystique, échoué sur une île au fin fond de l’Arkansas et vivant sur un bateau coincé dans un arbre. Œuvre poignante et naturaliste, parcourue par un souffle romanesque discret, Mud permet au comédien de composer une figure originale de « grand frère » à la fois mystérieux et protecteur, prenant sous son aile les deux jeunes héros du film tout en se servant d’eux. Ce personnage complexe, parfois ambigu, McConaughey le mort une nouvelle fois à pleines dents, jouant de son charisme et de son débit unique pour faire de son Mud une fripouille romantique, autant en quête de repères et de mentor (celui-ci étant dans le film joué par Sam Shepard) que ses deux « petits frères ». Grand rôle, grand film.

2. LONE STAR (1996)

Top 10 : Matthew McConaughey

Cinéaste trop méconnu en France et surtout mal distribué, John Sayles est sans doute l’un des plus prolifiques et farouches parrains du cinéma indépendant américain, et Lone Star constitue l’un de ses meilleurs opus. Sorti au milieu des années 90, ce film noir aux allures de western a permis de découvrir, dans un rôle secondaire mais primordial, un tout jeune McConaughey, pas encore starisé mais déjà franchement charismatique, dans la peau du shérif Buddy Deeds. Une figure de légende littéralement déterrée du passé par son fils, devenu quarante ans plus tard shérif à son tour, et qui démèle les fils d’une intrigue courant sur plusieurs décennies, et des deux côtés de la frontière mexicano-américaine. Stetson vissé sur le crâne, McConaughey affronte le temps de quelques scènes l’éternel buriné Kris Kristofferson, terrifiant en homme de loi raciste et pourri jusqu’à la moelle. Soutenu par un scénario en béton signé Sayles lui-même, Lone Star excelle autant dans ses dialogues et son atmosphère, que dans son intrigue nimbée de mystère et de sanglants secrets de famille. Une perle méconnue, et le premier vrai coup d’éclat de McConaughey sur ses « terres d’enfance ».

1. KILLER JOE (2011)

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Le moment exact où les exécutifs d’Hollywood ont du réinscrire nerveusement le nom de McConaughey dans leur « liste A » doit sans doute situer à la scène où Killer Joe entre en scène, dans le film de William Friedkin. Avec ce rôle de flic arrondissant ses fins de mois en jouant les tueurs à gages, l’acteur ne trouve peut-être pas le rôle de sa vie, mais celui où il se montre le plus terrifiant. Allure reptilienne, chevelure huileuse, rictus sinistre et nonchalance calculée ne font que masquer le côté le plus sadique de son personnage, figure faustienne de psychopathe séducteur dont l’ombre recouvre peu à peu tous les pathétiques personnages de l’histoire, imaginée par Tracy Letts (Bug). Un tel rôle autorise de fait tous les débordements, pourtant McConaughey a toujours l’intelligence de ne pas trop en faire, de laisser planer ses paroles comme des menaces toujours plus pressantes. Jusqu’à ce qu’elles laissent la place aux actes, dans une dernière partie qui a dû mettre plus d’un(e) fan de l’ex-bellâtre de Comment se faire larguer en 10 leçons sur le cul !

Bonus : « Shirtless like MacConaughey »

Il vous faut encore une preuve que McConaughey est une vraie star aux USA ? Parfait, et si nous vous disions qu’il existe une chanson à son nom imaginée par Owen Benjamin ? « Shirtless like McConaughey » nous enseigne cette belle leçon de vie, basée sur la philosophie de l’acteur, fan de surf et vie au grand air : pour vivre heureux, arrachez donc ces chemises et vivez torse nu ! Enfin, faites aussi un peu de muscu avant, si possible…