Ce qui impressionne le plus sur le papier dans X-Men : Days Of Future Past, adaptation longtemps désirée de l’un des runs les plus célèbres de la saga mutante, ce n’est pas son budget pharaonique (près de 250 millions de dollars). Ou le fait qu’il traite essentiellement de voyages dans le temps, unifiant par là-même deux générations de personnages. Mais bien le nombre ahurissant de super-héros qui vont ainsi être réunis à l’écran, dans un blockbuster qui devra du coup équilibrer leur temps de présence respectif à l’écran, sans perdre dans le même temps ses spectateurs, peu habitués à une telle densité narrative avec ce type de grosses productions. Le fait que la plupart des acteurs qui les interprètent soient des stars ne gâche rien à l’affaire.
Ambitieux ? Le mot est faible
Peaufiné par la 20th Century Fox comme une sorte de réponse au carton des Avengers, X-Men : DOFP mettra donc côte à côte, ou presque, l’équipe des mutants découverte dans la première trilogie initiée par Bryan Singer, ainsi que sa version sixties mise en scène elle dans X-Men : le commencement de Matthew Vaughn. Wolverine, (Jackman de retour pour la septième fois dans le rôle, record battu), Storm (Halle Berry), Iceman (Shawn Ashmore), Kitty Pryde (Ellen Page), Mystique (Jennifer Lawrence), Hank McCoy (Nicholas Hoult) ou encore Colossus (Daniel Cudmore) sont donc de retour dans les différentes timelines du scénario. Mais, comme le révèle rapidement le deuxième trailer dévoilé par la production, et contrairement à ce que laisse supposer la (très moche) affiche officielle, deux personnages sont plus particulièrement au cœur de l’intrigue de DOFP : le professeur Charles Xavier et Magnéto, incarnés respectivement par Patrick Stewart/James McAvoy et Ian McKellen/Michael Fassbender.
Dans un futur post-apocalyptique, où une armée de Sentinelles, d’intimidants robots au pouvoir destructeur, a décimé la plupart des mutants, les vieux ennemis doivent unir leurs forces pour permettre à Wolverine de retourner dans son « moi passé », en 1973 plus précisément, pour retrouver les versions jeunes de Charles et Erik, et empêcher les Sentinelles d’être créés. La mission n’est pas si aisée qu’elle en a l’air pour le néo-John Connor, qui reçoit entre autres l’aide du petit nouveau Quicksilver (Evan Peters) : Magneto est déjà considéré comme un ennemi d’état (il serait responsable de la mort de JFK), et Xavier est pour ainsi dire une épave ambulante. Dans cette époque troublée marquée par la guerre du Vietnam et la présidence contestée de Nixon (qui auront leur rôle à jouer), la lutte pour changer le futur s’annonce plus risquée que jamais…
Un futur à réécrire
[quote_right] »Le budget de ce X-Men est pharaonique : près de 250 millions de dollars.[/quote_right]Annoncée par un premier trailer efficace mais un peu timide, manifestement conçu dans la hâte avec quelques SFX non finalisés et des décors peu convaincants (dont une sorte de chapelle multicolore un peu cheap), cette histoire excitante à la Terminator (film sorti trois ans après la BD de Byrne et Claremont, pour l’anecdote) donne deux fois plus de raisons de célébrer le retour des mutants au cinéma. Singer comme Vaughn (initialement réalisateur, avant de laisser la place à Singer en restant producteur) avaient déjà brillamment déblayé le terrain en réunissant chacun un casting judicieux que charismatique : la perspective de mélanger ces deux univers préexistants donne dès lors tout son sens au mot « ambitieux ».
Mais X-Men : DOFP ne se résume pas à ce postulat : le nouveau trailer promet du spectacle à une échelle gigantesque, à la fois dans l’espace et dans le temps, tout en mettant l’accent sur la dimension tragique d’une aventure qui comportera son lot de sacrifiés (le sort de Storm, entre autres, semble être scellé dans un plan bien spoilerisant). Lorsque la BD commence, un grand nombre de mutants sont d’ores et déjà éliminés, les survivants formant une poche de résistance deséspérée, survivant dans des décors en ruines à la Akira : cette période sera notamment l’occasion de découvrir de nouveaux protagonistes, comme Bishop, incarné par Omar Sy pour sa première incursion à Hollywood, ou Blink, jouée par la star chinoise Fan Bingbing (Far Away).
Les sentinelles arrivent
Les fameuses Sentinelles, après avoir été dévoilées sur l’une des 25 (sic) couvertures alternatives que le magazine Empire a consacré au film, sont ici enfin montrées en action, et évoquent autant le robot Gort du Jour où la terre s’arrêta que le Destructeur vu dans Thor. Créatures infernales et ennemies mortelles des X-Men du futur, elles sont nées de l’imagination de Bolivar Trask, joué ici dans une variation notable de la BD par Peter Dinklage (Game of Thrones) devenu sans doute le nom le plus bankable du casting avec Jennifer Lawrence. Moustachu, diabolique, Trask fait partie de ces inévitables méchants de la saga, dont le génie scientifico-militaro-politique est tout entier dédié à l’annihilation de la population mutante. Histoire de compliquer les choses, Trask sera secondé dans l’histoire par un jeune William Stryker, futur bad guy de… X-Men 2.
En attendant la sortie française du film, prévue le 21 mai prochain, ce trailer intense donne en tout cas un aperçu appréciable d’une production sommes toutes très sérieuse pour un divertissement d’été de masse. Une ambiance sombre totalement assumée, depuis ses premiers pas dans la saga, par Bryan Singer, cinéaste pour le moins hermétique à la comédie depuis ses débuts. Ami de James Cameron, il s’est notamment tourné vers le réalisateur des Terminator pour tout ce qui touche au voyage dans le temps : comme dans Watchmen, il sera certainement question dans X-Men : DOFP de dystopie et d’Histoire alternative. Intelligemment, le trailer évite d’en dire trop sur ces acrobaties narratives, préférant poser clairement les enjeux d’un film massif et aligner quelques money shots plutôt que de tout spoiler comme Amazing Spider-Man 2. Tant mieux pour nous.
