Bien qu’ils ne sortent qu’au compte-goutte dans notre beau pays, les polars made in Britain se succèdent aussi rapidement que les films avec Bruce Willis. Bien sûr, Guy Ritchie y est pour quelque chose, mais il était temps qu’une production plus ambitieuse que les sous-Arnaques crimes et botanique qui pullulent depuis une décennie voit le jour dans la perfide Albion. Moins typé culturellement que le Sweeney de Nick Love, qui adapte pour une nouvelle génération une vieille série télé anglaise, Welcome to the punch est un polar atypique né de la volonté d’une personne, Eran Creevy.

Ancien assistant réalisateur ayant roulé sa bosse sur les tournages de Danny Boyle ou Matthew Vaughn, Creevy est passé comme beaucoup par l’école du clip et de la pub, où son flair visuel a rapidement attiré l’attention. Creevy s’est imposé dès son premier long, Shift, sorte de Cours, Lola cours à forte résonance autobiographique se déroulant en quasi-temps réel. Petit budget, tournage ramassé, variation originale sur le thème éculé du petit trafiquant de drogue qui veut s’en sortir… Il n’en fallait pas plus pour que le second script du cinéaste, qui pour l’anecdote s’est retrouvé en 2010 sur la « Brit list », équivalent anglais de la « Black list » hollywoodienne, ne trouve preneur. De fait, c’est la boîte de Ridley Scott, Scott Free Executive, qui est productrice exécutive de Welcome to the punch.

A very british feeling

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Ce second essai est donc, comme le nom l’indique brillamment, un polar sous adrénaline, dont le pitch (un flic obtient une chance de coincer enfin un gangster qu’il poursuit depuis des années, et doit finalement faire équipe avec lui pour contrer une menace plus grande encore) évoque beaucoup au premier abord The Killer. Une impression qui n’est pas contredite par le premier trailer, rempli de fusillades en slow-motion et de mexican stand-off comme on en voyait plus. Malgré un budget serré, Creevy a apparemment souhaité donner une patine internationale à son film, dont le look monochrome glacé peut autant rappeler le Drive de Winding Refn et le cinéma de Michael Mann que les bons vieux polars hong-kongais des nineties. Le film n’en a pas moins été tourné à Londres, notamment dans le quartier financier de Canary Wharf, que l’équipe de production a fait boucler pour les besoins du tournage. Hollywood style !

Le casting a lui aussi un parfum du cru : bien qu’ils soient des valeurs sûres aux USA, James McAvoy (qui a l’air de s’amuser autant que dans Wanted), Mark Strong (qui joue pour changer le méchant), David Morrissey (à l’affiche en ce moment de Walking Dead) ou encore Peter Mullan sont de purs produits de la Grande-Bretagne, dont la renommée devrait malgré tout aider Welcome to the punch à connaître une belle carrière à l’étranger, après sa sortie en mars prochain. Au vu des promesses affichées par l’explosive bande-annonce, rythmée par l’hypnotique The Wolf de Fever Ray, c’est tout le mal qu’on peut leur souhaiter.