Après une édition 2016 que nous avions décortiqué sur place avec plaisir, le festival du film policier de Beaune revient, plus en forme que jamais, du 29 au 2 avril. Pour sa 9e édition, l’institution bourguignonne a misé sur des valeurs sûres, comme le cinéaste Park Chan-Wook, successeur de Brian de Palma comme invité d’honneur, qui fera l’objet d’un hommage et d’une masterclass, et une poignée de surprises. Beaune a mis la barre plutôt haut pour les heureux festivaliers qui feront le déplacement – un conseil, soyez patients, car les salles sont souvent pleines !

L’Eurovision du polar

Beaune 2017 : films noirs et tapis rouges« Pour sa 9e année, le Festival prouve la vitalité du genre à travers la richesse des thématiques abordées et des nationalités qu’elles incarnent », annonce Bruno Barde, directeur de la manifestation. Et on ne saurait mieux résumer l’impression qui se dégage de cette programmation compacte (22 films, sans compter les rétrospectives, où figure pour l’anecdote la version restaurée de Memories of Murder), mais à l’esprit d’ouverture décisif pour les cinéphiles. Il suffit de jeter un œil à la compétition officielle, composée de 8 films dont 7 viennent de tous les pays d’Europe. Ogre habituel dans le cinéma de genre, le cinéma américain figure aussi au menu, mais cohabite avec des productions venues d’Autriche, d’Argentine, d’Italie ou encore du Mali. La preuve que le film policier, et les codes qu’il incarne, n’ont décidément pas de frontière.

Le festival démarrera façon diesel avec War on Everyone : le duo Michael Pena / Alexander Skarsgard, en flics ripoux confrontés à leur plus dangereuse enquête, est un buddy-movie divertissant mais guère mémorable, que nous avions eu l’occasion de découvrir au dernier Etrange Festival. Ensuite, c’est autrement plus excitant : le réalisateur d’Insensibles Juan Carlos Medina fait son retour avec l’adaptation du roman gothique Limehouse Golem, Fabrice du Welz (Vinyan) et Eric Valette (La Proie) reviennent énervés avec respectivement Message from the king et Le serpent aux milles coupures, l’ibérique La colère d’un homme patient se dévoile, fort ses multiples récompenses aux Goyas, la Hongrie nous envoie un film de serial-killer, Strangled, très prometteur, et la Suède un Le Caire Confidentiel au sulfureux parfum politique. Et ça, c’est pour la compétition qui sera jugée par un jury présidé par Jean-Paul Rappeneau.

Entre découvertes et événements

Beaune 2017 : films noirs et tapis rouges

Côté « Sang Neuf », ces films moins connus parfois à la lisière du genre, on retiendra donc une coproduction malienne sur les conséquences d’un trafic de drogue à travers le pays, Wùlu, un autre polar espagnol prometteur, Que dios nos perdone, le thriller étatique italien The truth lies in heaven, ou encore le brûlot chinois Old Stone et son chauffeur de taxi acculé au désespoir par l’administration.

Petit tour enfin par les films hors-compétition, où l’on croisera des titres déjà connus de nos services (Tunnel, que l’on va voir un peu partout avant sa sortie en mai), des direct-to-video plutôt bien accueillis (Menace sur Maison-Blanche, Dog Eat Dog de Paul Schrader), des inédits exotiques (le huis-clos australien Love Hunters, le sud-américain El otro hermano)… Et l’événement du moment, qui a autant à voir avec le thriller qu’avec le film d’angoisse : Get Out, la sensation US made in Blumhouse. À noter que le long-métrage de Jordan Peele, qui sort début mai, fera aussi l’ouverture du festival lyonnais Hallucinations Collectives.

Programme : www.beaunefestivalpolicier.com