Difficile aujourd’hui de créer l’événement autour d’une sortie Blu-ray ou DVD. Les ventes de films sont en telle chute libre que les éditeurs se risquent de moins en moins à produire des éditions collector coûteuses et luxueuses, de peur sans doute de ne pas rentrer dans leurs frais. Et pourtant, avec une bonne campagne de promotion, autour d’un film bien choisi, le « coffret ultime » a toujours la côte, surtout lorsque les fêtes de Noël approchent. Grâce à quelques francs-tireurs inspirés, comme Wild Side, Carlotta, Sidonis, et aux coups marketing ponctuels des géants comme Universal ou Warner, ce marché cinéphile, mais aussi grand public, continue de perdurer, pour notre plus grand bonheur. Comme en 2013 et en 2014, BTW vient vous servir de guide, en sélectionnant pour vous, de manière très subjective, les 10 coffrets de 2015 les plus marquants. Du steelbook au coffret maousse, toutes les gammes de prix, et tous les styles de films sont ici représentés. Et ils risquent de vous faire rêver d’ici au réveillon, et même après… !
Trilogie Retour vers le futur, édition collector limitée
Le plus : le packaging lumineux, la profusion insensée de bonus
À moins d’être resté bloqué dans un espace-temps parallèle, il vous aura été impossible d’ignorer en octobre dernier, que Retour vers le futur fêtait ses 30 ans, et le « monde » l’arrivée de Marty McFly dans le futur alternatif de 2015. Plus qu’un anniversaire, c’est un véritable rouleau compresseur marketing qui s’est déployé à cette occasion, s’appuyant entre deux projections et émissions de télé à succès, sur la sortie en DVD et Blu-ray d’un paquet d’éditions collector consacrées à la trilogie de Robert Zemeckis. La plus impressionnante, et désormais la plus chère sur le marché, est l’édition « Flux Capacitor », dont le packaging reproduit le convecteur temporel du film… qui s’allume pour de vrai ! Bourré de goodies (l’inévitable Almanach, la plaque d’immatriculation de la DeLorean…), le coffret renfermant les films en version remasterisée est surtout un puits sans fond de bonus en tous genre, certains déjà vus et revus, d’autres totalement inédits. Du dessin animé dérivé aux faux spots pour le Hoverboard, en passant par les scènes coupées avec Eric Stoltz (« l’autre » Marty McFly), vous aurez besoin de plusieurs journées pour venir à bout de ce mastodonte !
Coffret encyclopédique : westerns de légende
Le plus : les encyclopédies signées Patrick Brion en bonus
Depuis longtemps déjà, Sidonis est l’éditeur préféré des amoureux du western, plus particulièrement du western américain. Avec sa collection « Westerns de légende », Sidonis est devenu ces dernières années le spécialiste anthologique du genre, exhumant des pépites oubliées des années 50 et 60, traquant pour chaque film les meilleurs masters disponibles, et faisant intervenir dans les bonus des pointures comme Bertrand Tavernier. Noël étant une période propice aux anthologies de ce type, l’éditeur a dégainé en novembre un intimidant et impressionnant coffret collector, une « encyclopédie » qui rassemble 30 de ses titres en DVD. Cela va du plus populaire (L’homme aux colts d’or, ou Le grand McLintock avec John Wayne) au plus obscur (Rio Conchos, C’est arrivé entre 12 h et 15 h). Chaque film est assorti de notes éclairantes, et le coffret contient de nombreuses reproductions de photos d’exploitation et d’affiches. Mais surtout, deux pavés ont été insérés en bonus ultime, c’est-à-dire L’Encyclopédie du western en 2 volumes de Patrick Brion. Soit 836 pages de référence sur l’un des genres les plus populaires du 7e art !
Sorcerer, édition définitive
Le plus : la longue interview entre les réalisateurs Nicolas Winding Refn et William Friedkin
L’un des derniers grands trésors non édités du Nouvel Hollywood, Sorcerer est sorti de l’anonymat en 2015 grâce à la ténacité de son créateur, William Friedkin, qui en a récupéré les droits et supervisé la remasterisation. Dans la foulée du Blu-ray américain, beau, mais chiche en bonus, l’éditeur La Rabbia a décidé d’enterrer la concurrence en créant cette édition définitive de toute beauté. Un coffret soigné renferme le digipack du film avec son livret, ainsi qu’une reproduction annotée du scénario intégral du film ! Une mine d’infos pour un film fascinant à bien des égards, que décortiquent aussi des bonus exclusifs à la France. Outre une analyse de Philippe Rouyer, vous pourrez en effet découvrir une longue (près d’une heure et demie !) rencontre entre le réalisateur de L’Exorciste et l’un de ses adorateurs, son confrère Nicolas Winding Refn. Passionnant, plein d’érudition, et aussi indispensable que le film lui-même.
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La Bataille des Cinq armées, version longue
Le plus : les scènes supplémentaires ajoutées par Peter Jackson
Cette fois, promis, il a fini. Peter Jackson aura livré, pour la sixième fois en fin d’année, la véritable édition intégrale d’une de ses adaptations de Tolkien, avec cette fois le troisième volet du Hobbit, La bataille des cinq armées, en « extended cut ». Les contours du coffret sont identiques aux précédents, et tout aussi impressionnants que les autres pour les fans de la saga : près de huit heures de making of, des centaines de dessins et storyboards, des commentaires audio… Et surtout, le film lui-même, qui était pour rappel le plus court de la trilogie lors de sa sortie en salles, et qui se voit désormais rallongé de 20 minutes à grand spectacle. L’un des principaux reproches adressés à La Bataille était justement le manque de rythme de cette dernière, alors que tout le film converge vers ce grand morceau de bravoure. Jackson a entendu les complaintes du public, et met désormais l’accent sur les scènes de combat et de massacre, redonnant toute sa furie au climax de la saga avec des passages très gore et inventifs. Une bonne raison de s’immerger à nouveau, et pour une dernière fois, en Terre du Milieu !
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Monty Python : Sacré Graal !, coffret collector
Le plus : l’indispensable catapulte à vaches (et autres animaux de la ferme)
Sans aucun doute le film le plus drôle des Monty Python – le débat est ouvert, et Un poisson nommé Wanda ne compte pas -, Sacré Graal ! méritait un traitement de faveur à l’occasion de son 40e anniversaire. Tournée pour un budget dérisoire (mais bien utilisé) de 400 000 livres, par une bande de sales garnements qui étaient à cette époque de véritables stars en Grande-Bretagne – ça n’est pas pour rien si leurs compatriotes de Led Zeppelin ont en partie financé le projet -, cette parodie insurpassable du mythe du Roi Arthur est entre autres la matrice évidente de Kaamelott. Et quoi de plus absurde pour honorer les Python que de proposer dans ce coffret une reproduction de château équipée d’une catapulte à vaches (référence à l’un des milliers de gags hilarants du film) ? Une fois que vous aurez fini de propulser de pauvres figurines à travers la pièce, il restera à déguster la pelletée de bonus comprise dans le blu-ray. Outre le film, rajeuni comme jamais, le disque reprend pratiquement tous les suppléments du DVD déjà paru, et en rajoute d’autres, comme cette conversation à bâtons rompus entre les Python (survivants) et l’excellent John Oliver. Vous n’avez pas fini d’en rire !
Intégrale collector Die Hard
Le plus : la reproduction du Nakatomi Plaza. Culte !
Titres multi-édités en vidéo depuis l’avènement du DVD, les Die Hard continuent d’être une franchise très rentable pour la Fox, qui a décidé cette année de combler les collectionneurs, les vrais. Indisponible en France, sauf sur les sites marchands, cette intégrale collector (qui comprend le déplorable cinquième opus, et le très moyen Die Hard, retour en enfer), se distingue par son packaging : chacun des blu-ray est caché sous le socle d’une reproduction (qui sent plus le plastique que la résine, mais bon) du Nakatomi Plaza, célébrissime décor de Piège de cristal et actuel siège de la Fox ! Côté bonus, il est bon de savoir que le coffret comprend le disque supplémentaire inclus dans la précédente édition Fnac. Mais ceux qui le peuvent (car les prix sont montés très vite, vu le peu d’exemplaires) se jetteront avant tout sur cette ressortie pour pouvoir rejouer chez eux les « 50 étages en otage » du classique de John McTiernan !
Astérix : le Domaine des Dieux, édition prestige
Le plus : des sesterces, par Toutatis ! Des vrais de vrais !
C’était l’une des très bonnes surprises du cinéma d’animation de 2014, et on la devait, est-ce un hasard, à Alexandre Astier (et Louis Clichy, un ancien… de Pixar). Astérix : le Domaine des Dieux est une adaptation vivifiante, un poil incorrecte et immédiatement attachante de la BD de Goscinny et Uderzo : à la fois un successeur justifié des dessins animés de notre enfance, et une salutaire reprise en main de la « franchise », après deux calamiteux films live à gros budget. Un petit bonheur donc, qui se devait de bénéficier d’une édition de prestige à la hauteur. Outre le film et ses suppléments (dont un making-of très complet), le coffret collector d’Astérix « DDD » contient de fait un livre exclusif de très bonne facture, et pour le plaisir du collectionneur, une poignée de sesterces frappés, excusez du peu, par la Monnaie de Paris. Pas que les Gaulois soient fous de matérialisme, mais tout de même, ça ne se refuse pas…
Body Double édition collector
Le plus : le livre « Double De Palma », enfin traduit en français
Ça n’est pas forcément le premier film auquel nous penserions pour un coffret « ultra collector » (appellation savoureusement juvénile de Carlotta) consacré à Brian de Palma. À vrai dire, Body Double ne figurait pas dans notre top 10 du maître, mais le côté prestigieux et la perfection du packaging de cette édition limitée suffisent à en faire un objet indispensable ! Comme les autres grands thrillers du réalisateur, ce film daté de 1985 bénéficie largement des qualités techniques du support blu-ray : les couleurs criardes d’un Los Angeles saisi dans toute sa vulgarité capitaliste, n’ont jamais été aussi éclatantes. C’est le clou du spectacle d’un coffret à la jaquette sublime (signée Jay Shaw, le boss du spécialiste des posters Mondo), renfermant plusieurs entretiens et featurettes bonus, mais aussi et surtout un livre « d’époque » de 200 pages intitulé Double De Palma, enfin traduit en français. Signé Susan Dworkin, il propose une plongée très vivante dans les coulisses du tournage de ce film malin et sulfureux, qui digérait comme d’habitude les classiques de Hitchcock, pour mieux les adapter à l’époque « libérée » des années 80 et la grandiloquence obsessionnelle de De Palma.
Wake in Fright, édition digibook collector
Le plus : le film lui-même, une vraie rareté enfin disponible en HD
L’une des grandes marottes de l’édition vidéo cette année aura été d’accompagner la sortie d’un grand classique en haute définition d’un ouvrage volumineux d’analyse, servant de complément littéraire au film. Wild Side s’est particulièrement illustré dans ce domaine avec une collection comprenant notamment Le Solitaire, Rolling Thunder et Lord Jim. Méconnus ou mal-aimés, ces titres étaient toutefois plus faciles à trouver que ce Wake in Fright, alias Réveil dans la terreur, film pionnier du cinéma d’exploitation australien que l’on doit… à Ted Kotcheff, le réalisateur de Rambo ! Œuvre poisseuse, controversée, cette éprouvante aventure au pays des bouseux préfigure tout un pan du cinéma contestataire des années 70, celui de Tobe Hooper et George Romero. S’il ne bénéficie du même type d’ouvrage imposant que ses confrères, Wake in Fright se présente toutefois dans une édition digibook soignée, avec un livret inclus très informatif, et surtout des bonus vidéo plus fournis, qui reviennent sur l’importance de ce titre longtemps invisible dans l’histoire du cinéma des Antipodes.
Steelbook Fnac Ant-Man
Le plus : le packaging, plus excitant que le film
Petit plaisir de geek pour finir, avec un film qui certes ne figurera pas dans les tops 10 de fin d’année pour ses qualités cinématographiques. Ant-Man, production Marvel obligatoire de l’été, restera dans les mémoires comme une occasion manquée (un film d’Edgar Wright qu’on ne verra jamais) et un sympathique, mais routinier film de super-héros, malgré son potentiel complètement fou sur le papier. Surprise ! Pour cette édition limitée en boîtier métal, l’éditeur s’est fendu d’un packaging qui saisit parfaitement le côté ludique et original du personnage joué par Paul Rudd. Le steelbook a donc la forme (à l’extérieur, comme à l’intérieur) d’un disque dur top secret, dans lequel se serait introduit le bondissant homme-fourmi. Un bel objet bien plus indispensable que le film lui-même, qui fera le bonheur des collectionneurs !
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