Top 10 : nos meilleurs films de 2014

par | 6 janvier 2015

C’est la coutume annuelle : avant que ne débarquent les critiques de 2015, BTW dévoile son top 10 des meilleurs films de 2014. Qui a pris place sur notre podium ?

Si elle n’a pas été anthologique, l’année 2014 aura prouvé une chose : ceux qui annoncent la fin prochaine du cinéma faute de spectateurs devront encore attendre quelques années avant de ricaner. Si le public américain a été moins nombreux que les années précédentes dans les multiplexes, le nombre de tickets vendus en France a en revanche explosé en 2014, preuve que le piratage a vraiment bon dos et qu’une bonne (ou une mauvaise) toile est toujours l’option de choix pour découvrir un film – pour mémoire, les films les plus « téléchargés » en 2014 sont aussi ceux qui ont fait le plus de bénéfices au box-office. Preuve aussi que la VOD a de l’avenir si elle est bien gérée, même la rocambolesque affaire du piratage de Sony n’a pas empêché la comédie The Interview d’affoler les compteurs lors de sa mise en ligne.

En ce qui nous concerne, toutefois, le bilan artistique est un peu plus mitigé : certes, nous n’avons pu tout voir, tout découvrir en temps et en heure, et certains cumulards des tops de fin d’année, de Boyhood à Mommy en passant par Under the skin, ne figureront pas dans notre top pour la simple et bonne raison que nous ne les avons pas (encore) vus. Sans rancune ! Mais pour le reste, les déceptions, relatives ou franches, ont été nombreuses, et nous n’avons par exemple sélectionné aucun film français qui aurait eu le calibre d’un Prophète ou d’un Neuf mois ferme.

En plus du top 10 ci-dessous, vous retrouverez en fin d’article nos classements respectifs, pour plus d’exhaustivité. Rendez-vous maintenant dans un an, pour savoir qui seront nos prochains chouchous !

10. WHIPLASH / BLUE RUIN

Mon premier, Blue Ruin est une production noire, qui rappelle les plus beaux westerns et les films des frères Coen. Même si Jeremy Saulnier extrapole un peu trop en faisant référence à Die Hard pour décrire son road movie, il n’en reste pas moins que Blue Ruin fourmille d’idées géniales et bénéficie, pour couronner le tout, d’un montage et d’un scénario redoutablement efficaces.

Mon second, Whiplash fait office de révélation du cinéma indépendant américain de 2014. Lancé à 100 à l’heure et avec une violence verbale et physique infernale, ce film musical retrace l’apprentissage d’un batteur de jazz sous la coupe tyrannique d’un chef d’orchestre aux tendances sadomasochistes.

Si ces deux productions diffèrent aussi bien dans le fond que dans la forme, elles conservent en commun une énergie et une volonté rare de sortir des sentiers battus.

9. DETECTIVE DEE II : LA LÉGENDE DU DRAGON DES MERS

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En adaptant pour la seconde fois une aventure du célèbre détective Dee, Tsui Hark livre un spectacle virevoltant, enivrant, tout entier dévoué à l’ivresse d’une aventure où s’entrechoquent mystères, poursuites, romance, humour caustique et monstres titanesques. Detective Dee II n’est pas qu’un divertissement dépaysant ayant miraculeusement trouvé le chemin des salles : c’est la preuve flagrante que le génie barbu a retrouvé l’énergie azimutée de ses débuts, avec l’aide financière précieuse d’un marché chinois complètement adapté à ses déraisonnables ambitions.

8. ZERO THEOREM

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uand Terry Gilliam recherche le sens de la vie, il sait s’entourer pour cela d’un formidable Christoph Waltz, métamorphosé en informaticien autiste et de Mélanie Thierry, déguisée en infirmière sexy, mais virtuelle. Le scénario complètement fou, digne d’une suite de Brazil est servi par un décor punk, gothique et bariolé. Métaphorique, philosophique, drôle, mais aussi authentique, Zero Theorem est un film comme nous les aimons beaucoup : pas comme les autres !

7. THE DOUBLE

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Le deuxième film de l’Anglais Richard Ayoade, après Submarine, est avec Enemy l’autre film consacré au thème du double qui a marqué 2014. Plongée sardonique dans un monde kafkaïen où l’absurde règne en maître, The Double confronte Jesse Eisenberg à un sosie à qui tout réussit, même l’amour que sa collègue lui refuse. Cadré, mis en images, en lumières et en musique avec un soin maniaque, The Double, malgré le poids de ses nombreuses influences, s’avère être, pour reprendre nos propres mots, « une expérience extrêmement particulière, mais immédiatement accessible ». Une belle découverte, donc.

6. LA VIE RÉVÊE DE WALTER MITTY

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Surprenante à plus d’un titre, l’adaptation de cette nouvelle par Ben Stiller, entraîne le spectateur dans une aventure fraîche, inspirée et positive. Au fin fond du labo argentique poussiéreux d’un grand magazine américain sur le déclin, Walter rêve d’aventures, de voyages et d’actes héroïques. Lorsqu’une photo disparaît d’une pellicule, le jeune homme s’échappe de son train-train quotidien pour partir en quête du cliché parfait. Un périple émouvant, original et inattendu le mènera à un révélation finale qui laisse sans voix.

5. GRAND BUDAPEST HOTEL

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S’il ne risque pas de faire changer d’avis les détracteurs de Wes Anderson, Grand Budapest Hotel s’affirme pourtant, contrairement à un Moonrise Kingdom limite autiste, comme la première véritable œuvre-somme de sa carrière. Les travellings millimétrés, l’humour suranné, le casting pléthorique et les cadrages symétriques sont toujours là, et plus soignés que jamais, mais sont ici au service d’une fable tintinophile sur l’importance de l’art et le désenchantement lié aux bouleversements industriels du XXe siècle. Le film est trépidant, souvent irrésistible, mais sa discrète amertume le rend tout aussi attachant. Et Ralph Fiennes est, soulignons-le, incroyable.

4. DALLAS BUYERS CLUB

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Dans les années 80, cette maladie encore inconnue, le sida faisait des ravages dans les pays développés. Les États-Unis n’autorisaient pas encore l’usage des premiers médicaments efficaces contre le virus, déjà disponible en France par exemple. Ron Woodroof s’est élevé contre cette injustice qui fît des milliers de morts. Son histoire demeure aussi fascinante que bouleversante. L’auteur de l’inoubliable C. R. A. Z. Y. a fait triompher Matthew McConaughey aux Oscars, avant Interstellar. L’acteur et son comparse Jared Leto se sont donnés corps et âme à la cause. Le résultat s’avère être une véritable claque visuelle et émotionnelle.

3. GONE GIRL

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Comme le suggère le titre français du roman dont il est adapté, Gone Girl est un bel exemple de thriller domestique qui s’attaque à l’intimité des couples modernes, au trouble cruel caché derrière les apparences. Personne d’autre que Fincher n’aurait pu tirer d’un matériau potentiellement aussi « popu » un film aussi déceptif, manipulateur et virtuose. Les nombreux twists qui émaillent cette histoire de disparition ne sont finalement que la cerise sur le gâteau : les vraies réjouissances sont à trouver dans la façon perverse dont le réalisateur ausculte les travers obsessionnels de notre société. Un coup de maître, doublé d’un sacré moment de suspense déviant.

2. NIGHT CALL

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Plus qu’une dénonciation corrosive d’une sphère médiatique obsédée par le fait divers et le racolage sensationnaliste, Night Call, qui marque le passage à la réalisation du très doué Dan Gilroy, restera dans les mémoires pour avoir créé un personnage particulièrement fascinant : Lou Bloom, un rapace nocturne aux allures de sociopathe, qui cherche paradoxalement à justifier par ses actes inexcusables son besoin d’intégration sociale. Lou est un enfant monstrueux de notre propre époque, qui prend corps grâce à la transformation saisissante de Jake Gyllenhaal, qui habite le rôle avec une intensité exceptionnelle.

1. INTERSTELLAR

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L’excitation savamment entretenue autour du projet Interstellar aura, manque de chance, été peu bénéfique pour Christopher Nolan. Placé sous le double patronage de 2001 et L’étoffe des héros, cette odyssée spatio-temporelle, malgré sa splendeur visuelle et, une fois n’est pas coutume chez le réalisateur, son trop-plein d’émotions, n’a pas touché le cœur de ses spectateurs et des critiques. Certes, Interstellar n’est pas parfait, certains de ses choix narratifs s’avèrent bancals, et son dénouement ne frappe pas autant l’imagination qu’Inception. Le voyage proposé reste pourtant incontournable. L’ambition démesurée du cinéaste à créer des images inédites de trou noir ou de planètes inconnues, son envie de jouer avec les règles temporelles du classique récit de fin du monde, nous rappelle que le cinéma populaire a aussi vocation à détourner notre regard du quotidien pour le diriger vers le ciel, les yeux pleins d’étoiles.