Son style et ses expérimentations ne sont doute pas appréciés par tous, mais de tous les cinéastes oeuvrant à Hollywood, Michael Mann reste aujourd’hui l’un des plus inattaquables artistiquement. Voilà cinq ans, son film de gangsters Public Enemies avait divisé plus que de raison le public comme la critique, la faute d’une part à un miscast total de Johnny Depp, mais aussi à une utilisation pour une fois problématique de caméras Ultra HD donnant une teinte trop clinique, trop « réaliste » à sa récréation méticuleuse des années 30. Depuis, l’aventure malheureuse de Luck, série HBO au prestige terni par des affaires de mauvais traitements sur les animaux, a été le seul signe de vie artistique donné par le précieux réalisateur de Heat et Révélations.

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Blackhat : le thriller 2.0 selon Michael Mann

Mann demeure associé encore aujourd’hui à un genre en particulier, celui du film policier urbain, chargé en adrénaline comme en conflits moraux. D’une certaine manière, Blackhat, anciennement intitulé Cyber, correspond à cette étiquette qui a été accolée à ce grand esthète de l’ère post-industrielle. C’est un thriller à échelle internationale, écrit par Mann lui-même, et qui s’attaque avec force détails (on connaît le degré d’implication de l’artiste dans ses recherches de pré-production) au fléeau du cyberterrorisme. « Toutes nos données/vies sont vulnérables », clame le premier trailer du film, annoncé pour début 2015. Et c’est précisément parce qu’un pirate informatique malfaisant, un « black hat », commence à faire trembler les nations, que la Chine et les USA font conjointement appel à l’un de ses congénères, Nicholas Hataway, chargé d’intégrer une équipe de pointe et de se lancer à la poursuite de ce hacker à travers le monde.

À ceux qui pourraient craindre à la lecture de ce pitch un thriller planplan nous ramenant au début du XXIe siècle, façon Traque sur Internet, le trailer de Blackhat, accompagné par la musique d’Anthony & the Johnsons, met logiquement les choses au point : il s’agit bel et bien d’un film de Michael Mann, avec tout ce que cela comporte de choix de lumières audacieux, de cadrages étonnants et de caméras toujours en mouvement. Passionné par son sujet, Mann a visualisé, comme un Zemeckis survolté, l’intérieur même des réseaux informatiques par lesquels se transmet le chaos, n’importe où dans le monde. Les vues de l’intérieur d’un clavier, d’un panneau d’affichage ou d’un câble électrique se superposent à l’épuisante traque que mène Hataway (Chris « Thor » Hemsworth, qui malgré ses apparences, correspond bien au profil physique des hackers informatiques contemporains. Loin de se limiter à une poignée de costards-cravate derrière leurs ordinateurs, Blackhat promet d’emmener le sujet sur les terres du film d’espionnage, avec une action se déplaçant de Los Angeles à Hong-Kong en passant par Jakarta et Kuala Lumpur. Hypnotique, impressionnant, en phase directe avec son temps : ce retour annoncé de Michael Mann fait saliver au plus haut point !

La bande-annonce :