Dix ans de PIFFF : nos 10 meilleures découvertes !
Après une année blanche, le festival du film fantastique de Paris fête ses 10 ans. De quoi nous rappeler au moins 10 bons souvenirs…
Le Covid n’aura pas eu raison de lui. En 10 ans (en fait 11, puisque la première édition s’est déroulée en 2011), le PIFFF, le Paris International Fantastic Film Festival pour ceux qui en douteraient encore, a pratiquement tout connu. Les attentats en 2015, les mouvements des Gilets Jaunes qui paralysaient la capitale, les grèves en 2019… Des aléas qui se sont ajoutés au côté nomade de l’événement, créé et tenu par des passionnés (dont une partie de la rédaction du vénérable magazine Mad Movies) mais privé longtemps de subventions publiques et à l’équilibre financier fragile. Du Gaumont Opéra des débuts, le PIFFF est passé, brièvement, au Grand Rex, avant de trouver ses marques et une forme de stabilité sur les mêmes Grands Boulevards, au Max Linder.
Alors que ce festival dédié au film de genre, et surtout à celui qui ne voit jamais la couleur des multiplexes, fête du 1er au 7 décembre son 10e anniversaire, il était impossible pour Born to Watch, né la même année, de ne pas céder au jeu des meilleurs souvenirs. En voici 10, sans ordre de préférence ni d’année. Dix séances sur les presque cent auxquelles nous aurons assisté en une décennie (mais pas une seule nuit fantastique : regret !), pour dix films mémorables pour différentes raisons. Magnéto !
Detention
Point d’orgue de la 1ère édition du festival, alors encore logé chez Gaumont, Detention avait tout d’une note d’intention pour le PIFFF : un film multigenre (slasher, SF, teen movie…) pour connaisseurs, impossible ou presque à distribuer sur grand écran. Souvenir d’une soirée de palmarès à rallonge, qui a rendu des spectateurs impatients encore plus excités à l’idée de découvrir le délire excessif de Joseph Kahn !
The Mermaid 3D
Preuve que le PIFFF remplit une mission de service public pour les cinévores, The Mermaid, toujours inédit en France, a bénéficié de sa seule projection française lors du PIFFF, dans une salle pleine à craquer. Pas le meilleur Stephen Chow, mais une comédie aquatique hilarante typique du réalisateur-acteur, ici encore amateur de gags visuels et/ou régressifs, et l’une des rares séances en 3D native au festival.
Lords of Chaos
Projeté au terme d’une journée de festival sous pression (interdiction de sortir du Max Linder à cause du passage des Gilets Jaunes !), Lords of Chaos a mis un bon coup de massue aux noctambules présents dans la salle. Biopic musical gorgé de sang et d’aigreur, Lords of Chaos causait black metal norvégien, pulsions morbides et haine de soi, avec un aplomb saisissant. De quoi nourrir quelques nuits blanches…
The Endless
En dix ans d’existence, le PIFFF a montré une grande fidélité à certains auteurs, dont le duo Aaron Moorhead / Justin Benson fait partie. Ravi d’avoir été sélectionné et primé avec Spring, le duo avaient fait le show au Max Linder au moment de présenter le lovecraftien The Endless, escapade inclassable et réussie dans une secte apocalyptique, jouée et interprétée par ces deux adorables auteurs.
Cheap Thrills
Le PIFFF n’est pas là que pour nous amuser, mais aussi pour filer quelques sensations fortes et en la matière, Cheap Thrills se situe dans le peloton des bandes les plus secouantes de son histoire. Deux couples, des paris stupides, c’est tout ce qu’il faut pour révulser la plupart des spectateurs, dont l’auteur de ces lignes, pas loin d’avoir rendu son repas lors de cette séance d’anthologie.
Freaks
Rien n’est plus agréable dans un festival que de découvrir un film dont on ne sait rien, où le mystère se dévoile en même temps que les lumières s’éteignent. L’excellent Freaks fait partie de ces surprises qui tirent une partie de leur efficacité du fait de ne pas savoir dans quoi nous sommes embarqués. Pas étonnant que cette série B fantastique ait raflé tous les prix du Palmarès après sa présentation !
Ne coupez pas !
Seul titre de cette sélection à avoir bénéficié d’une (maigre) sortie au cinéma, Ne coupez pas !, alias One cut of the dead, est d’ores et déjà considéré comme un film culte. Totalement fauché mais infiniment drôle et surprenant (il fallait voir le public du festival passer de l’incompréhension à l’hilarité en l’espace d’une heure), cette déclaration d’amour au cinéma bricolé a marqué les esprits.
Bodied
Le trublion Joseph Kahn apparaît encore dans ce top 10 avec un film virtuellement inédit en France (il n’est sorti que sur le défunt Youtube Red). Plongée dans l’univers du rap battle et brûlot sur les ravages du politiquement correct, Bodied est aussi choquant et frénétique que jouissif, et a clairement fait son effet dans une salle chauffée à blanc par ses slams agressifs (et excellemment bien sous-titrés !).
L’enfant miroir
Point d’orgue d’une pesante édition 2015 au Grand Rex, L’Enfant miroir fait partie de ces séances rétro qui font aussi la réputation du PIFFF auprès des cinéphiles. Contrairement à d’autres classiques, ce film délicat de l’Anglais Philip Ridley (présent à la séance) est une œuvre difficile à trouver. Un conte halluciné sur l’enfance, écrasé par le soleil, où débutait un Viggo Mortensen magnétique, et une grande découverte.
Universal Soldier : le jour du jugement
Pour finir, rappelons que le PIFFF, dans tout son éclectisme, reste un repaire de choix pour les séries B pas finaudes qui se contente généralement de nos vidéo-clubs virtuels. Témoin cet étonnant Universal Soldier 4, DTV bourre-pifff (ah !) de base transcendé par un John Hyams en pleine transe friedkino-coppolesque, qui prenait une autre dimension une fois diffusé en pleine nuit sur un écran géant !
Mentions honorables :
Extraterrestre, The Innkeepers, John Dies At The End, Tigers Are Not Afraid, Scream Girl, Golem, le tueur de Londres, The Body…