Les Jeux Olympiques, c’est quand même pas mal. On y découvre, avec une régularité de métronome, des sports qu’on ne regarderait jamais en temps normal, juste pour le plaisir d’espérer voir des Français gagner. Franchement, une compétition inter-européenne de lutte gréco-romaine, vous auriez envie de suivre ça si on n’y parlait pas de médaille d’or et de record du monde ? Ce qui est intéressant dans le sport télévisé, c’est de tomber sur une performance, un exploit, un athlète qui se révèle dans l’adversité. C’est tout les sens des films sportifs, un genre en soi qui parle souvent de dépassement de soi, d’outsiders et de match-impossible-à-gagner-jusqu’à-la-dernière-seconde. C’est un genre qui peut s’avérer formidablement émouvant ou épouvantablement niaiseux. Et ce sont souvent les Américains qui en parlent le mieux.

La sélection de My trailer is rich n’est toutefois pas à 100 % yankee : après tout, le cinéma c’est comme les JO, tout le monde a droit de participer. Et contrairement aux Jeux, tous les sports ont droit de cité sur grand écran. Même le curling. Ça y est, vous avez chaussé vos crampons et votre plus beau jogging ? Let’s go !

Passe le bâton à ta voisine

L’événement est passé inaperçu en dehors du Royaume-Uni, puisque le film n’est sorti que là-bas. En juin dernier, les Britanniques ont découvert en guise de hors-d’œuvre à LEURS Jeux Olympiques un film calibré pour célébrer l’esprit sportif et la fierté nationale. À la fois classique et branché, Fast Girls est sans doute le premier film depuis Les Chariots de Feu (lui aussi opportunément ressorti sur les écrans) à parler de l’équipe d’athlétisme anglais. Sauf qu’ici, ce sont des sprinteuses, plus précisément des jeunes relayeuses, qui occupent le terrain : les deux héroïnes principales sont Shania (le personnage type de la fille socialement défavorisée qui veut s’en sortir par le sport) et Lisa (la blonde pourrie gâtée qui a grandi pour gagner), et elles doivent surmonter leur rivalité pour gagner la médaille d’or… d’un championnat mondial imaginaire, le CIO ayant refusé la mention de la compétition olympique dans le film. C’est con, mais qu’importe : Fast Girls, dans le genre, a l’air d’être un gagnant tout indiqué.

Million dollar papy

Il avait pourtant promis. Clint ne devait plus apparaître devant la caméra après son dernier baroud d’honneur, Gran Torino, qui enterrait symboliquement cinquante de carrière de comédien. Robert Lorenz, réalisateur de seconde équipe sur quasiment tous les films d’Eastwood depuis Sur la route de Madison, a dû trouver les mots pour amadouer l’infatigable octogénaire et l’attirer, une fois encore, dans le champ. Trouble with the curve promet d’être tout autant une comédie dramatique qu’un film de sport, de base-ball plus précisément. Clint y joue un recruteur de légende qui perd la vue, mais qui souhaite dénicher une dernière perle avant qu’il soit trop tard, tout en se réconciliant avec sa fille. Amy Adams, Justin Timberlake, John Goodman, entourent le dernier des géants dans ce feel good movie qui nous promet même quelques lancers de balles fusantes de la part de l’inspecteur Harry. Bougez pas, je prends ma batte !

Frères de ring

En attente de distribution depuis une bonne année, Brawler devrait se révéler au public (américain, en tout cas), d’ici la prochaine rentrée, et c’est tant mieux. Ce film de frappe est signé Chris Sivertson, qui revient de loin puisqu’en signant le thriller I know who killed me avec Lindsay Lohan, le réalisateur a bien failli périr enterré sous des tombereaux d’insultes et de quolibets, le film étant rapidement tombé dans le radar de tous ceux qui voulaient flinguer la teen idol (elle s’en sort très bien toute seule, rassurez-vous). Sivertson, qui avait percé avec le très noir The Lost, a donc tourné la page pour revenir avec ce Brawler, dont le pitch fait penser à une version clandestine de Warrior : le scénario est quasiment le même (deux frères pugilistes sont destinés s’affronter sur le ring) mais, absence de compétition officielle oblige, le résultat paraît plus sale, plus sulfureux, rappelant plus Big Man, beau film de boxe avec Liam Neeson, que Rocky (auquel Warrior se référait plus ou moins consciemment). Très prometteur.

Teamwork !

Ah vraiment… Il n’y a que les Asiatiques pour réussir à faire des films sur le ping-pong, un sport qui n’a eu que peu de fois l’occasion d’être mis en scène sur grand écran, à part lors de quelques drolatiques scènes dans Forrest Gump (oh ben quoi, c’était bien, Forrest Gump, non ?). En tout cas, les Japonais l’ont fait avec le film du même nom, et c’est maintenant au tour des Coréens de dégainer As One, qui a l’avantage de partir d’une histoire vraie, celle d’une équipe de deux joueuses entrainées contre leur gré pour jouer ensemble aux championnats du monde de 1991. Particularité : l’une est de Corée du Nord et l’autre du Sud… Autant dire que le genre sportif revêt ici une dimension politique et un message de paix assez transparent (s’unir pour gagner, la paix pour avancer, tout ça). Et naïf, puisque le film, lui, n’est pas vraiment une co-production inter-coréenne. Mais bon, ça ne nous empêchera pas de vibrer à chaque fois la p’tite balle passera le tout petit filet, à plus de 100 km/h bien entendu.

La plume et le filet

Alors là, on tient un vainqueur. On aurait pu vous parler de Backwards, comédie romantique avec James Van der Beek sur fond d’aviron (c’est pas fréquent). Mais rien ne vaut un film comme Crooked Arrows, le seul film au monde, au monde entendez-vous bien, consacré à la crosse, ou lacrosse en anglais. Questcequecestquecetruc ? Hé bien c’est un croisement assez surréaliste entre le hockey sur gazon et la pelote basque avec des raquettes à filet. Sport collectif ultra-populaire en Amérique du Nord, la crosse a comme particularité d’avoir été inventé par les Amérindiens (c’est d’ailleurs le seul sport au monde dans lequel on trouve une équipe d’Iroquois reconnue comme une nation). D’où l’idée du film Crooked Arrows, qui prend pour héros une équipe B de bras cassés composés d’Indiens d’Amérique, prise en charge par un métisse (Brandon Routh !) qui va bien sûr leur inculquer les vertus de l’esprit d’équipe et la fierté de leur tribu. Un pitch classique rendu original par la façon dont le sport lui-même est filmé : on a tantôt l’impression de regarder L’enfer du dimanche, puis une chasse au papillon.

Fais péter la gamelle

 Un peu moins de réalisme, maintenant, avec le dessin animé argentin Metegol, première production en 3D du pays. Qu’est-ce que veut dire Metegol ? Tout simplement baby-foot. Eh oui, il fallait bien un format pareil pour conter l’histoire d’une équipe de figurines d’un baby-foot prenant vie pour sauver le village de leur propriétaires à coups de kicks-météorite ! Un pitch pas possible pour un film déjà plus prometteur que Les Seigneurs (qui va rapidement rejoindre Trois Zéros au rang des pantalonnades footballistiques made in France, si on en croit la sinistre bande-annonce) est écrit et réalisé par Juan José Campanella, celui-là même qui a remporté l’Oscar du meilleur film étranger avec l’excellent Dans ses yeux. Gros changement de registre donc, et grosse attente pour 2013, puisque Metegol est encore en cours de « tournage » à l’heure actuelle.