Du 13 au 22 septembre, le Festival européen du film fantastique de Strasbourg (ou FEFFS pour faire plus court) revient animer la capitale alsacienne pour dix jours de projections, de master-class et d’ambiance festive, caractérisée par son Village Fantastique installé en plein centre-ville. Comme ses vaillants cousins (L’Étrange, bien sûr, mais aussi Gérardmer, Mauvais Genre, Hallucinations collectives, l’Absurde Séance et bien d’autres…), le FEFFS défend à chaque édition le cinéma de genre et la diversité culturelle, en se montrant assez ambitieux et exigent pour être devenu, en quelques années, l’une des principales manifestations cinéphiles de ce type en France.

Cela se traduit encore cette année par la présence d’invités prestigieux durant le festival : Lucky McKee (The Woman), président du jury 2013, viendra présenter en avant-première son All cheerleaders die, dont le titre et le pitch, qui mélange pom-pom girls et sorcellerie, se passe de commentaires. Xan Cassavetes, Anna Mouglalis, Carlos Aceres ou encore Marina de Van seront également présents dans les travées pour rencontrer le public, qui pourra se mettre sous la dent plus de 50 longs-métrages et pratiquement autant de courts. La richesse du FEFFS vient aussi des animations transmédia qui entourent les projections : de la conférence sur les génériques de films à la traditionnelle Zombie Walk, en passant par les expositions, le cinéma en plein air (Retour vers le futur !), les ciné-concerts et, nouveauté cette année, une compétition dédiée aux jeux vidéo indépendants, il y a de quoi occuper pleinement ses journées entre deux séances.

Festival de Strasbourg : la fantastique semaine

Côté films, on retrouve comme chaque année des titres communs avec l’Étrange, de V/H/S 2 à Wrong Cops, et aussi des rétrospectives originales, comme celle consacrée à nos amis les singes, qu’ils soient colossaux (tous les King Kong) ou petit et sournois (Incident de parcours, un très rare Romero). On découvrira aussi un bon nombre d’inédits prometteurs, comme le très attendu Upstream Color (photo ci-dessus), à dénicher dans les sections « Crossover », « Séances de minuit » ou encore dans la compétition. Certains valent tellement le détour qu’on vous a préparé une petite sélection de trailers pour vous faire plus saliver. Et qui sait, vous faire prendre un billet pour tenter l’expérience « FEFFS » !

Bad Milo : le colon de la mort

La bande-annonce de Bad Milo ! tourne depuis maintenant depuis plusieurs semaines avec succès sur les réseaux sociaux, grâce à un pitch qui tient autant du génie que du mauvais goût ultime. Jugez plutôt : Duncan (Ken Marino, vu entre autres dans Party Down), stressé au point de souffrir d’atroces crampes d’estomac, découvre qu’une créature a élu domicile dans, hum, son colon. Résultat, dès que Duncan est angoissé, il provoque la sortie du dit monstre, qu’il va baptiser Milo. Problème, Milo aime un peu trop se nourrir de chair fraîche… À mi-chemin entre Basket Case, Elmer, le remue-méninges et rien de connu, Bad Milo ! convoque l’esprit des années 80 en mêlant satire sociale et gore caoutchouteux. Si le film est aussi hilarant que son trailer, on devrait tenir là un grand moment d’horreur au second degré.

Cheap Thrills : la douleur de l’argent

Cheap Thrills (« frissons faciles ») c’est la petite sensation indé qui n’en finit pas de monter au fil de ses présentations en festivals. Production à petit budget où l’on retrouve des collaborateurs réguliers de la « mafia » Adam Wingard / Ti West (à commencer par les deux acteurs principaux de Innkeepers, Pat Healy et Sara Paxton), Cheap Thrills pose cette question, épineuse, de savoir jusqu’où nous serions prêts à aller pour un peu d’argent. Dans un coin, des parieurs aisés et sans scrupules, dans l’autre, deux amis dans le besoin qui se voient obligés de relever des défis de plus en plus dégradants. Tout est une question d’échelle, de compromis et de morale (ou de son absence) dans un film qui s’annonce fascinant.

Nos héros sont morts ce soir : le blues du catcheur

Même s’il n’a rien à voir avec le fantastique, Nos héros sont morts ce soir a toute sa place au FEFFS du fait de la thématique « El Santo » au programme cette année. De catch, il en est question dans ce film remarqué à la Semaine de la Critique, situé dans la France des années 60. Entre film noir et surréalisme, le réalisateur David Perrault suit, en noir et blanc, les déboires d’un vétéran de guerre devenu catcheur et qui fait les frais de son revirement après trop de matches passés sous le masque… Visuellement accrocheur, unique et loin d’être nostalgique, le film, qui sortira le 23 octobre, compte à son casting Denis Ménochet (Grand Central) qui rappelle un jeune Lino Ventura, ainsi que Jean-Pierre Martins et l’omniprésent Philippe Nahon.

Static : l’inconnue dans la maison

Michael Haneke n’en est peut-être pas heureux, mais le genre du home invasion est plus que jamais au goût du jour, American Nightmare et You’re Next ayant encore récemment prouvé sa vitalité. Premier long-métrage de son réalisateur Todd Levin, Static se lance lui aussi dans un exercice de haute tension à domicile, avec son couple en deuil perturbé par l’arrivée nocturne d’une inconnue soi-disant poursuivie par des individus masqués. Qui sont-ils et que veulent-ils, c’est bien évidemment le mystère de cette série B apparemment chargée en twists, au générique de laquelle on retrouve Milo « Heroes » Ventimiglia, Sara Paxton (Shark 3D), et Sarah Shahi (Life).

App : cinéma façon Nintendo

Le concept au cœur du néerlandais App est potentiellement aussi excitant qu’irritant. Ce slasher rappelant fortement One Missed Call, avec son application pour Smartphone déclenchant des accidents fatals, est le premier film proposant une expérience multimédia en direct : une application téléchargeable sur votre téléphone permet d’obtenir, comme sur une Nintendo DS, des informations et messages complémentaires pendant le film. Une expérience intrigante, certes, mais la perspective de voir s’allumer une centaine de téléphones pendant une projection n’est pas l’idée la plus réjouissante qui soit à l’heure actuelle. Le trailer, lui, possède au moins le mérite d’être efficace.