Après une 20e édition majoritairement marquée par la pauvreté d’une compétition officielle où surnagaient seulement Mama, You’re Next et Berberian Sound Studio (une sélection d’ailleurs critiquée publiquement par le président du jury, Christophe Lambert) et une pelletée d’avant-premières de films déjà découverts des mois avant, comme Citadel, le festival de Gérardmer revient pour une nouvelle année de frissons fantastiques, du 29 janvier au 2 février 2014. Faisant fi de ses soucis financiers et de la compétition accrue avec les autres manifestations dédiées au genre en France, les organisateurs ont concocté un programme fort d’une quarantaine de titres, et une compétition placée sous le jugement d’un jury mené par un amoureux et spécialiste de cinéma alternatif, le bouillonnant Jan Kounen.
De l’inédit… et un sentiment de déjà-vu
[quote_left] »L’aventure vaut le détour, si l’on a pas vu un seul des long-métrages présentés. »[/quote_left]Cette 21e édition s’ouvrira donc comme c’est la tradition le mercredi soir avec un thriller évoquant Inception : Mindscape, un premier film espagnol avec Mark Strong présenté en octobre dernier à Sitges. C’est le mantra de cette édition 2014, qui comme l’an passé propose hors et en compétition de nombreux titres qui ont déjà fait les beaux jours de l’Étrange Festival, du Pifff ou de manifestations européennes. Cela permet de recroiser de bons titres comme Dark Touch, Last days on Mars ou la bête de festival L’étrange couleur des larmes de ton corps, mais prive un peu la manifestation de son effet de surprise dans d’autres.
Néanmoins, la programmation ménage quelques mystères, avec pas mal de premiers films au background encore mystérieux (Ablations, Halley, Coherence, The Badabook, Tombville, tous inconnus au bataillon, même si sur la base de sa tonitruante bande-annonce, ce dernier pourrait s’avérer très marquant), et d’autres, déjà plus réputés et donc attendus, comme le dernier Ti West (Innkeepers), The Sacrament, le très barré Rigor Mortis, les buzzés Discopathe ou Miss Zombie, encore l’anthologie hong-kongaise Tales from the dark. Nous ne pourrons peut-être pas en dire autant du remake de Patrick, qui selon les critiques anglo-saxons, serait à peine plus palpitant que l’original, des films composant la Nuit du Z… pardon du fantastique (Sharknado, sérieusement ?), ou encore de la saison 2 de la très fauchée série Metal Hurlant Chronicles.
Des absents de marque
Malgré tout, pas d’événement cette année à la mesure de l’avant-première de Cloud Atlas en 2013 : on aurait pensé pouvoir par exemple découvrir The Green Inferno d’Eli Roth, ou le dernier Terry Gilliam, Le théorème Zéro, eux aussi présentés à Sitges. Il faut s’y faire : malgré les années et sa belle résistance, Gérardmer n’a pas encore atteint le niveau de prestige de son voisin espagnol, et peine malgré quelques belles exclusivités à combattre la concurrence parisienne.
Mais soyons honnêtes. Pour ceux qui n’auraient pas encore eu la chance de voir un seul des longs-métrages ci-dessous, l’aventure vaut le détour : le décor hivernal et reculé de la ville fait toujours son petit effet, et l’organisation tend à s’améliorer pour assister aux séances. L’hommage à Kim Jee-Won permettra aux festivaliers de rencontrer tout au long du week-end le réalisateur de J’ai rencontré le diable. L’expérience est à tenter, d’autant que le festival est l’occasion de découvrir plusieurs animations comme les rencontres du fantastique, les expositions de bande dessinée ou encore la Zombie Walk.
Programmation complète
Ouverture :
[icon_check] Mindscape, de Jorge Dorado
Compétition :
[icon_check] Ablations, d’Arnold de Parscau
[icon_check] Dark Touch, de Marina de Van
[icon_check] Miss Zombie, de Sabu
[icon_check] Rigor Mortis, de Juno Mak
[icon_check] The Badabook, de Jennifer Kent
[icon_check] The Last days on mars, de Ruairi Robinson
[icon_check] The Sacrament, de Ti West
[icon_check] We are what we are, de Jim Mickle
Hors-Compétition
[icon_check] All cheerleaders die, de Lucky McKee
[icon_check] Almost Human, de Joe Begos
[icon_check] Across the river, de Lorenzo Bianchini
[icon_check] Coherence, de James Ward Byrkit
[icon_check] Discopathe, de Renaud Gauthier
[icon_check] Halley, de Sebastian Hoffman
[icon_check] Kiss of the damned, de Xan Cassavetes
[icon_check] L’autre monde, de Richard Stanley
[icon_check] L’emprise du mal (La Senda), de Miguel Angel Toledo
[icon_check] L’étrange couleur des larmes de ton corps, d’Hélène Cantet et Bruno Forzani
[icon_check] Metal Hurlant Chronicles, saison 2, de Guillaume Lubrano
[icon_check] Patrick, de Mark Hartley
[icon_check] Sonno profondo, de Lucianio Onetti
[icon_check] Super 8 Madness, de Fabrice Blin
[icon_check] Tales from the dark 1 et 2 de Fruit Chan, Chi-Ngai Lee, Simon Yam, Gordon Chan, Lawrence Lau, Kwok Cheong & Teddy Robin
[icon_check] The Machine de James W. Caradog
[icon_check] The Station de Marvin Kren
[icon_check] Tombville de Nicolas List
[icon_check] VHS 2 de Simon Barrett, Adam Wingard, Eduardo Sánchez, Gregg Hale, Timo Tjahjanto
[icon_check] Jack et la mécanique du cœur – Séance des enfants
Hommage et rétrospective
[icon_check] Kim Jee-Won, en sa présence
Nuit fantastique :
[icon_check] Big Ass Spider, de Mike Mendez
[icon_check] Bounty Killer, de Henri Saine
[icon_check] Sharknado, d’Anthony C.Ferrante
