Ah le mois d’août : ses bureaux désertés, ses touristes en goguette, et la certitude que côté cinéma, le monde est comme en mode pause en attendant les déferlements d’annonces et de sorties de la rentrée. La sélection « Pas vu au ciné », elle, n’a pas pris de vacances ! Après un mois de juillet plutôt copieux, place à une nouvelle fournée d’inédits en tous genres, dont la sortie française, même discrète, est assurée pour une bonne part par l’indispensable Wild Side, le plus prolifique éditeur sur ce marché de niche aux côtés de l’indéboulonnable Metropolitan / Seven 7.

Comme c’est notre habitude, la sélection ci-dessous est constituée de productions sorties à la vente et/ou à la location, en format physique ou dématérialisé, ces dernières semaines. Pas de « e-Cinema » au menu cette fois, mais ça ne va pas durer, croyez-nous ! Tous les films sont disponibles pour quelques euros, et rejoindront pour certains les grilles de programmes de vos chaînes câblées préférées. Allez… bonne lecture, et bonnes soirées vidéo !


Rio Siege

Inédits vidéo : la sélection DTV d’août

Un film de Jose Eduardo Belmonte, avec Antonio Fagundes, Caio Blat

Sortie le 12 août en DVD et Blu-ray (Wild SIde)

Le titre original de ce film brésilien inconnu au bataillon est Alemão. Un coup d’œil à Wikipedia permet de découvrir qu’il s’agit du nom de la favela de Rio dans laquelle se déroule ce huis-clos sous tension. D’où, par un beau raccourci : Rio Siege ! Nous sommes en 2010, et le gouvernement brésilien d’envoyer les troupes dans le complexe pour en éjecter les gangs qui le contrôlent. Cinq flics infiltrés sont pris en tenaille durant les jours qui précédent l’assaut, et le réalisateur Belmonte a la bonne idée de les enfermer dans un sous-sol de la taille d’un garage. Panique, trahison, paranoïa : petit à petit, l’étau se resserre sur tous les personnages, bons comme mauvais. Rio Siege, aussi basique qu’il soit, se montre impitoyable avec chaque camp, dans un effort louable d’apporter de la nuance à son script. Étouffant et prenant, mais tirant régulièrement en longueur, le film pâtit surtout d’une réalisation hésitante, confondant urgence et décadrages gênants, et de personnages aux motivations confuses, quand elles ne changent pas radicalement au fil des scènes. Rio Siege évoque ainsi l’ambiance virile et brutale des Troupes d’Élite, mais sans vraiment parvenir au même niveau d’efficacité.

À voir… si vous avez aimé Troupes d’Élite et Infernal Affairs, si le Brésil ne se résume pas pour vous au foutchebôle.


Hysteria

Inédits vidéo : la sélection DTV d’août

Un film de Brad Anderson, avec Kate Beckinsale, Ben Kingsley, Michael Caine

Sortie le 7 août en DVD et Blu-ray (Metropolitan)

Il y a bien longtemps que Brad Anderson a cessé d’être un cinéaste prometteur. Révélé coup sur coup par le flippant Session 9 puis The Machinist avec « cette » performance de Christian Bale, le réalisateur a ensuite déçu trop de fois, avec des films aussi moyens que Transsiberian, L’empire des ombres et The Call. Cette fois, entre deux épisodes de séries télé, Anderson s’est permis d’adapter une nouvelle d’Edgar Poe, dans un film d’époque moins fantastique qu’il n’en a l’air. D’ailleurs, dans Hysteria (alias Stonehearst Asylum), « personne n’est ce qu’il paraît être ». Jim Sturgess (Upside Down) joue un jeune psychologue parachuté dans un asile reculé, dont le directeur (Ben Kingsley) a de curieuses méthodes, et l’une des patientes, Eliza Graves (Kate Beckinsale) un charme étrange… À partir de là, les twists s’enchaînent comme dans un bon vieux feuilleton populaire, avec une tendance à l’exploitation d’une imagerie furieusement gothique et rétro-industrielle, façon Le Prestige. Le casting, impressionnant, hérite de rôles paradoxalement sans surprises, mais le film exploite leur talent avec métier, et le production design, bien aidé par les SFX numériques, confère à cette histoire de fous une ambiance captivante, jusqu’à la dernière révélation. Une belle surprise de la part d’un Anderson devenu très discret.

À voir… si vous aimez les films à twists, les docteurs pas clairs et Kate Beckinsale en folle pas si dingo.


Kon Tiki

Inédits vidéo : la sélection DTV d’août

Un film de Joachim Ronning et Espen Sandberg, avec Pal Sverre Hagen

Sortie le 18 août en DVD (Swift Productions)

À mi-chemin entre L’odyssée de Pi et … Les dents de la mer, Kon-Tiki débarque enfin en France, trois ans après sa sortie en Norvège, et bien des années après le reste de l’Europe. Nommé à l’Oscar et au Golden Globe du meilleur film étranger, cet époustouflant film d’aventures signé par les réalisateurs du futur Pirates des Caraïbes 5 explore une page très connue de l’Histoire scandinave : la folle traversée, en 1947, de l’Océan Pacifique par l’anthropologue Thor Heyerdahl. Persuadé que les Péruviens avaient embarqué sur des radeaux en bois pour coloniser la Polynésie, cet aventurier à la Philéas Fogg embarqua avec cinq compatriotes à bord d’une embarcation similaire, pour un voyage de 5000 kilomètres ! Cette histoire vraie est bien sûr romancée, et garnie d’épreuves spectaculaires rencontrées par l’équipage. Mais au-delà de ces contingences narratives, Kon-Tiki brille surtout par la réalisation du duo Ronning / Sandberg, qui mêle prises de vues réelles en mer, effets numériques et photo splendide pour faire ressentir le souffle épique de cette traversée où 6 hommes font corps avec une Nature majestueuse et capricieuse. Véritable merveille visuelle qui sollicite l’explorateur qui sommeille en chacun de nous, Kon-Tiki a malheureusement pris directement le chemin de la vidéo : outrage ultime, le film n’est disponible qu’en DVD. Qu’importe : nous reviendrons très vite en long et en large sur cette sortie incontournable !

À voir… si vous aimez l’aventure, la vraie, si le radeau de la Méduse vous fascine, si vous voulez réviser votre géographie maritime.


Northmen, les derniers vikings

Inédits vidéo : la sélection DTV d’août

Un film de Claudio Fäh, avec James Norton, Ed Skrein, Ryan Kwanten

Sortie le 5 août en DVD et Blu-ray (Wild Side)

Vous ne l’avez peut-être pas encore remarqué, mais les vikings sont de nouveau à la mode. Il y a d’abord la série du même nom d’History Channel, qui va bientôt entamer sa quatrième saison. Le grand écran aussi semble se passionner pour les aventures de guerriers nordiques à la hache facile, pour le meilleur (Dragons 1 et 2) et pour le pire (le pas fameux Hammer of the gods). Avec Northmen, c’est à une sorte de survival à la War of the Arrows que le réalisateur Claudio Fäh nous convie. Une bande de guerriers échoue dès le générique sur les côtes écossaises, et tente dès lors de survivre, en kidnappant entre autres par erreur la fille du roi, qui est médium, et en croisant la route d’un moine adepte des techniques Shaolin (?!) joué par Jason « True Blood » Stackhouse ! L’équipée improbable court, beaucoup, poursuivie par des assassins royaux qu’on jurerait échappés de la Nightwatch de Game of Thrones. Pas désagréable en soi, et pas aussi fauché qu’on pourrait le penser, Northmen est surtout très générique et routinier, multipliant les invraisemblances et les dialogues foireux avec un entrain désarmant. Et pourtant, la fin ouverte laisserait presque penser que l’aventure de ces « hommes du Nord » ne fait que commencer… En fait, Northmen aurait fait une bonne série télé !

À voir… si vous aimez les guerriers invincibles, les moines frappeurs, l’Écosse et ses charmantes falaises.


All cheerleaders die

Inédits vidéo : la sélection DTV d’août

Un film de Lucky McKee et Chris Sivertson, avec Caitlin Stasey, Brooke Butler

Sortie le 19 août en DVD et Blu-ray (Wild Side)

Il aura donc fallu deux ans au nouveau film de Lucky McKee (The Woman), coréalisé avec Chris Sivertson (The Lost), pour parvenir chez nous, en plein été. Quoique All cheerleaders die n’a pas vraiment besoin de capitaliser sur son nom, encore peu connu du grand public. Le titre du film suffit à annoncer le programme, déconnant et horrifique, et de ce côté-là, McKee et Sivertson, pas des grands rigolards du genre, répondent aux attentes. Des pom-pom girls, il y en a pas mal qui meurent dans « ACD », généralement pas d’une crise cardiaque. À mi-chemin entre Jennifer’s Body, Lolita malgré moi et Dangereuse alliance, cette série B pur jus n’est pourtant pas une véritable comédie horrifique comme son emballage pourrait le laisser penser. Ses réalisateurs sont d’indécrottables pessimistes, plus fascinés par la face sombre des adolescents yankees que par les punchlines cyniques qu’ils pourraient débiter. La différence, c’est que le scénario de cette version longue d’un court-métrage de jeunesse est complètement con (nos pimbêches héroïnes se transforment à mi-chemin en revenantes à la nature indéterminable, avant un ultime twist très WTF), et n’autorise pas un traitement très sérieux, d’où l’impression de regarder un film ayant le cul entre deux chaises : ni noir et traumatisant, ni complètement fun.

À voir… si vous détestez le Super Bowl, si vous trouviez que The Woman manquait cruellement de pom pom girls.

Lire la critique de All cheerleaders die


The Major

Inédits vidéo : la sélection DTV d’août

Un film de Yuriy Bikov, avec Denis Shevod, Irina Nizina

Sortie le 18 août en DVD (Luminor Films)

Sélectionné à Cannes, et récompensé lors de l’Étrange Festival 2013 où il remporta le Grand Prix, The Major n’aura pourtant pas eu les honneurs d’une sortie en salles. L’un des rares films policiers russes à avoir traversé nos frontières ces dernières années, le film de Yuriy Bikov démarre sur les chapeaux de roues, avec un capitaine de police confronté à un dilemme moral, après qu’il ait renversé sur une route enneigée un enfant courant prendre son bus. Futur papa et récemment promu, le policier décide de jouer la carte « corruption ». Un choix qui crée en lui, au fil de l’engrenage qu’il a lui-même créé, une crise de conscience… Même si les mots « Russie » et « corruption » peuvent tenir du pléonasme une fois alignés ensemble, The Major aborde toutefois de front un sujet important et nécessaire. Il montre que le système pourri régissant la vie du héros et de sa « caste » finit par ne plus avoir de sens, dès lors que les vies humaines deviennent de simples obstacles à écarter. La démonstration se fait toutefois à un rythme lancinant. Trop, même, et la trame passionnante qui se met en place cède bientôt la place à une traque sans surprises, dénuée de rythme et d’originalité. De film recommandable, The Major passe malheureusement trop vite à celui de curiosité oubliable.

À voir… si vous aimez les polars enneigés, les anti-héros taraudés par le remords et les ambiances désespérées.

Lire la critique de The Major


Secret Agency

Inédits vidéo : la sélection DTV d’août

Un film de Kyle Newman, avec Hailee Steinfeld, Samuel Jackson, Jessica Alba

Sortie le 7 août en DVD et Blu-ray (Seven7)

C’était écrit : à force de creuser le baril du film d’espionnage, genre qui semble avoir accouché de centaines de rejetons ces dernières années, nous avons fini par toucher le fond. Bide cinglant aux États-Unis, Secret Agency (alias Barely Lethal en VO) est une belle petite atrocité commise par le réalisateur pourtant pas antipathique de Fanboys, qui tente en résumé d’allier les ingrédients d’une franchise bondienne façon Kingsman à un univers de comédie teenage digne de Disney Family. Hailee Steinfeld (True Grit) joue ici une espionne en culottes courtes constipée et pas crédible un instant, qui s’échappe dans une famille d’accueil pour découvrir « la vraie vie » et assister enfin à un bal de promo… Des enjeux de cour de récré, donc, qui n’empêchent pas Secret Agency de tenter d’être aussi un vrai film d’action. Le résultat est déplorable, bâclé et laid au possible, et la présence de cachetonneurs d’élite comme Samuel Jackson et Jessica Alba (qui semble sortir de cryogénisation) donne encore plus envie de pleurer. Sans parler de la bande originale, qui… non, en fait, pas la peine d’en rajouter. Oublions juste rapidement cette agence-là.

À voir… si vous cherchez vraiment à mater TOUS les films d’espionnage sortis au XXIe siècle, même au péril de votre santé.


Et aussi


La sélection Pas Vu au Ciné du mois d’août sur Amazon