Dans la foulée de notre nouvelle sélection d’inédits à voir sur Netflix, voici venir la nouvelle salve de DTV distribués en vidéo physique ou à la demande, durant le mois de juillet. Une actualité un peu plus chiche, comme d’habitude pendant la période estivale, mais marquée malgré tout par la sortie directement en e-Cinéma d’un petit bijou au croisement du film de monstres et de la comédie romantique, Colossal.
Comme toujours, nous avons opéré une sélection drastique des titres recensés durant ce mois d’été. Si nous avons mis de côté un peu vite un film que vous jugez incontournable, n’hésitez pas à réagir dans les commentaires. On ne mord pas ! En attendant, bonne lecture… et bonnes séances !
Colossal
Un film de Nacho Vigalondo, avec Anne Hataway, Jason Sudeikis, Dan Stevens
Sortie le 27 juillet en E-Cinéma (TF1 Vidéo)
Imaginez : vous découvrez un matin, en pleine gueule de bois, que vous êtes psychiquement responsable de la mort de centaines d’innocents à l’autre bout du monde, parce que vous êtes relié inexplicablement à une créature gigantesque haute comme un immeuble, qui répète vos moindres gestes. Dur, non ? C’est un concept invraisemblable, certes, l’un de ceux qui peut relever du génie comme de la farce idiote. C’est sur cette idée folle que Nacho Vigalondo, réalisateur espagnol s’étant fait connaître avec des bijoux comme Timecrimes et Extraterrestre, a basé Colossal, film invendable sur le papier mais qui a eu la chance d’attirer l’attention d’une actrice oscarisée, à savoir Anne Hataway. C’est elle qui incarne Gloria, ancienne blogueuse à succès portée sur la bouteille, qui quitte New York après avoir été larguée pour retourner dans le patelin de son enfance, et boire des coups avec un ami d’enfance (Jason Sudeikis). Ce qui suit, c’est l’irruption hilarante et tragique du surnaturel dans sa vie, comme si un film indé à la Kenneth Lonergan se faisait soudain pirater par un film de kaijus à grand spectacle. Vigalondo exploite cette idée jusqu’au bout, avec malice et talent, en donnant une dimension cathartique incongrue à ce qui est finalement avant tout une histoire d’émancipation tardive et personnelle, plongeant dans les recoins de l’enfance de ses personnages pour mieux les préparer à affronter l’avenir. Ah, et soit dit en passant, c’est aussi un sacré film féministe, dont les virages vers la noirceur pourront surprendre ceux qui s’attendaient à une « simple » comédie barrée !
À voir… si vous aimez les concepts casse-gueule, le cinéma espagnol, les films fous et malins
Lire la critique complète de Colossal
Jeu Trouble
Un film de Zack Whedon, avec Aaron Paul, Annabelle Wallis, Garret Dillahunt
Sortie le 25 juillet en DVD (Universal)
Au cas où vous vous poseriez la question, oui, Zack Whedon est bien de la même famille de Joss : c’est son petit frère, et c’est à lui que l’on doit le script de Jeu Trouble (à ne pas confondre avec Trouble Jeu, ça serait bête), alias Come and find me, un titre qui comme Colossal se révèle être autant une histoire dramatique, voire romantique, qu’un film de genre. Le toujours magnétique Aaron Paul joue ici David, qui file un amour du genre bohème et tranquille avec la belle Claire (Annabelle Wallis, La Momie) à Los Angeles. Sauf que Claire disparaît un matin, sans laisser de traces. Où est-elle ? Que lui est-il arrivé ? Ces questions, on se les posera bien sûr en même temps que David, qui tente de continuer à vivre tout en restant obsédé par les indices qu’il croit trouver, façon Blow Up, dans les pellicules photo que Claire a laissées derrière elle… On n’ira pas plus loin pour ne pas déflorer les surprises de Jeu Trouble : sans être estomaquantes, crédibles ou vraiment originales, elles confèrent une identité réelle à ce long-métrage à la croisée des ambiances, qui explore l’histoire d’amour de son couple vedette dans de multiples flash-backs, baignant dans une lumière éthérée et un rythme nonchalant. Un récit à deux vitesses, donc, dans lequel l’ancienne star de Breaking Bad domine une fois de plus les débats.
À voir… si vous aimez Aaron Paul, les romances qui se terminent mal en général
L.A. Rush
Un film de Mark Cullen, avec Bruce Willis, Jason Momoa, John Goodman
Sortie le 5 juillet en DVD (AB Vidéo)
On ne va pas se mentir, voir débarquer directement en vidéo une petite production avec Bruce Willis en tête d’affiche n’est pas une surprise. Au contraire de certains de ses collègues du Planet Hollywood, cela fait bien longtemps que l’éternel John McClane a foutu sa carrière en l’air, en acceptant tout et n’importe quoi pourvu qu’il n’ait pas à se fouler à l’écran et en dehors. Et ce n’est pas le remake de Death Wish, signé par ce tâcheron d’Eli Roth, qui risque de changer les choses… Quoiqu’il en soit, au milieu du marasme artistique que constituent des bandes comme Vice, The Prince ou Extraction, L.A. Rush (titre ô combien mal avisé, l’original étant Once upon a time in Venice) passerait presque pour une bouffée d’air frais. Pas très réussi, pas totalement honteux, il s’agit avant tout d’une récréation sans frais pour le casting (plutôt haut de gamme) réuni autour de Bruce, qui joue ici les détectives privés dans le quartier bigarré de Venice Beach. Ambiance Californication, petite pépées, et parodie usée du genre avec voix off et intrigue absurde « coenienne », alors que l’on suit notre héros – et sa doublure -, amateur de skate et de nudisme (meilleure scène du film, et de loin), parti à la recherche de son chien kidnappé par des gangsters. On se calme tout de suite, L.A. Rush n’est pas le nouveau John Wick, ni même le nouveau Keanu. C’est un divertissement indolent, dont l’humour forcé et improvisé tombe en partie (souvent) à plat, mais dont le caractère inoffensif peut éventuellement plaire à ceux qui sont prêts à tout pardonner au chauve bougonnant.
À voir… si vous aimez l’ambiance détendue et solaire de Venice Beach, les histoires de détective pas trop sérieuses
Guardians
Un film de Sarik Andreasyan, avec Anton Pampushnyy, Sebastien Sisak, Alina Lanina
Sortie le 26 juillet en DVD et Blu-ray (Wild Side)
On commence à avoir l’habitude avec les grosses productions russes : la patrie de Poutine est douée pour nous aguicher l’œil, et faire monter la pression pour ses films à gros budget avec des bandes-annonces léchées et spectaculaires. C’était le cas avec Attraction récemment, mais aussi avec ce Guardians, présenté comme le premier film de « Soviet Super-Heroes », et attendu du coup de pied ferme. L’histoire importe peu ici : il ne faudra pas plus d’un quart d’heure, générique compris, pour raconter l’origine de quatre super-héros et les regrouper à l’écran après avoir fait une démonstration de leurs pouvoirs ! Ces Avengers de l’Est, qui évoquent plutôt par leurs pouvoirs les 4 Fantastiques, vont être manu militari opposés à un vilain ridicule visuellement, qui aurait pu faire illusion dans un jeu Capcom mais pas dans une production se voulant aussi ambitieuse. Et c’est d’ailleurs le problème de Guardians en général : derrière le côté stylé de leurs personnages (dont un métamorphe baraqué pouvant se transformer en ours ET porter une mitrailleuse), et le côté enlevé de l’histoire et clinquant des SFX, l’impression générale reste celle de l’à peu près. Pas très beau, pas très « fini » en terme d’effets visuels, indigent en terme de scénario comme de dialogues, Guardians donne plutôt l’impression d’un brouillon appliqué de film de super-héros, plein de bonne volonté mais avare en éclairs de génie. Bon, à part notre ursidé bodybuildé, bien sûr.
À voir… si le concept de super-héros russes vous botte plus que tout, si les ours équipés de minigun sont votre came
Aftermath
Un film d’Elliott Lester, avec Arnold Schwarzenegger, Maggie Grace, Scoot McNairy
Sortie le 18 juillet en DVD et Blu-ray (Metropolitan)
La gaffe involontaire d’un contrôleur aérien entraîne une collision fatale entre deux avions en ligne, faisant des centaines de victimes. Parmi elles, la famille d’un père d’origine slovène, anéanti par cette perte soudaine… Petit drame lourdaud, d’abord plutôt convaincant dans sa juxtaposition de deux destins complètement disparates voués, comme les avions qui déclenchent le drame, à se croiser de manière tragique, Aftermath n’aurait pas fait de bruit dans les chaumières, s’il n’avait pas compté à son générique le toujours plus buriné Arnold Schwarzenegger. Après la tentative de film de zombie intimiste qu’était Maggie, l’acteur d’origine autrichienne délaisse un peu plus le film de genre avec ce rôle qui demande un véritable abandon à l’écran : le récit de la dérive de ce veuf éploré n’est pas une histoire de vengeance, mais de désespoir. Et dans ce registre, « Arnie » est totalement hors de sa zone de confort. Et ça se voit à l’écran, tant le comédien en quête de nouveaux horizons est dépassé en terme d’intensité de jeu par son confrère Scoot McNairy (Monsters, Argo), bien plus habitué à des rôles de composition intenses. Cela ne changerait de toute manière rien aux qualités et défauts d’Aftermath, film ronflant dont la morale est prévisible à des kilomètres, et qui a beau jeu de s’inspirer « de faits réels » en étant aussi léger dans sa narration. Incidemment, c’est le premier film de la carrière de Schwarzenegger à passer directement par la case vidéo en France…
À voir… si vous êtes curieux de voir Arnold s’essayer à un registre purement dramatique
Le dîner des vampires
Un film de Jason Flemyng, avec Charlie Cox, Mackenzie Crook, Tony Curran
Sortie le 12 juillet en DVD (Marco Polo) et sur Netflix
On a beau aimer l’acteur Jason Flemyng, qui fait ici ses débuts à la réalisation, et le côté Dog Soldiers (le film qui a lancé, il y a bien longtemps, Neil Marshall) avec des canines du projet, Le dîner des vampires n’est malheureusement pas une réussite, loin s’en faut. Dans un coin paumé de la campagne anglaise, des vampires centenaires se réunissent pour causer quota de proies humaines et partage de territoire, quand un commando de mercenaires missionné par le Vatican fait irruption pour les anéantir. Tourné essentiellement de nuit, dans des décors dénués de tout relief, avec une troupe d’acteurs à qui l’on a manifestement donné carte blanche, Le dîner des vampires devrait au minimum se révéler entraînant, sarcastique et original. Mais en dehors d’une mère-grand avec un déambulateur fatal, le film respire plutôt l’amateurisme et l’humour pachydermique. Pas aidé par un sens du rythme déficient, des dialogues qui cherchent systématiquement à faire mouche (et y parviennent souvent), ce Eat Locals, titre original, nous laisse logiquement sur notre faim…
À voir… si vous êtes fan de Dog Soldiers, si vous ne louperez pour rien au monde une histoire de vampires
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