Alors que 2013 se termine outre-Atlantique avec du champagne à tous les étages, l’industrie américaine ayant battu cette année des records de recettes et de fréquentations (grâce entre autres à des mastodontes type Iron Man 3 et Monstres Academy), les fêtes de fin d’année côté français risquent de rimer avec Champony et biscuits allégés. Au vu du nombre de bides spectaculaires ayant suivi celui, inaugural et remarqué, de Turf, il n’est pas étonnant de constater que le cinéma français n’a pas vraiment séduit le public en 2013. C’est le Centre national du cinéma (CNC) qui le dit, ce bilan venant ternir une fin d’année pourtant pas si morose, avec des succès ayant pour nom Neuf mois ferme (c’est mérité), La Vie d’Adèle (malgré ses trois heures au compteur – la version longue arrive bientôt) ou encore la valeur sûre Casse-tête chinois.

Un an après la médiatique tribune de Vincent Maraval, qui lançait un gros pavé dans une mare causant encore aujourd’hui des remous, un nouvel article publié sur le JDD.fr, intitulé « La vraie facture du cinéma français », rallume encore la mèche. Passe encore qu’une bonne partie des 300 et quelques films produits chez nous (un record en Europe) se ramasse au box-office, et peine à attirer au moins 50 000 spectateurs. Mais en plus, ce serait en partie de l’argent public (autour de 500 millions d’euros) qui servirait à financer ces bides ! Scandale ! Outrage ! Pendons-les ! Hum… Il va sans dire que la Cour des comptes, sur lequel s’appuie la journaliste, et la ministre de la Culture elle-même sont montés au créneau pour calmer le jeu (voir leurs réactions ici).

Facepalm de rigueur

Qualité France : vivement l’année prochaine !

Mais l’effet « boule de neige » d’une telle attaque semble déjà impossible à arrêter, d’autant que les exemples de défauts du cinéma français (obsession pour la comédie bien de chez nous, brocardée dans ce caustique article de Rue89 sur la  « dictature du LOL », omniprésence d’une caste d’acteurs trustant l’attention médiatique malgré les échecs répétés, cinéma d’auteur subventionné de plus en plus onaniste et pauvre visuellement) s’accumulent mois après mois, provoquant en plus de l’obligatoire facepalm – désormais coutumier des lecteurs de Qualité France, coucou vous – un sentiment de plus en plus incontrôlable de colère. On veut bien appeler à l’unité nationale, mais franchement, regardez l’affiche de Fiston, qui rassemble Franck Dubosc et Kev (parce que Kevin, c’est trop yesterday) Adams, l’idole des jeunes sans goût. Déjà, on a l’impression d’assister à un concours d’hypnose. Et puis surtout : il s’agit vraiment d’un film ?

Rappelons-le encore une fois, la sélection de trailers qui suit dans ce septième volet de nos aventures, se base sur un choix tout à fait subjectif des pires films frenchy à venir. Dans certains cas, ils rencontreront un succès inespéré. Le plus souvent, ils passeront complètement inaperçus, comme 60 % de la production annuelle. Et dans certains cas, comme Doutes (moins de 1000 entrées France, nous sommes donc ravis que vous ayez suivi notre conseil), leurs « qualités » intrinsèques leur permettront de s’élever au-dessus de la masse. De devenir une cible prioritaire, en d’autres termes. Quoiqu’il en soit, nous n’attendons pas qu’ils sortent pour les descendre : ce serait dommage pour vous de passer les fêtes et/ou de commencer 2014 en si mauvaise compagnie, non ?


Les pétasses du samedi soir

Qualité France : vivement l’année prochaine !

Dans le genre surabondant de la comédie romantique française (et même internationale), une tendance à part entière, aussi fatigante qu’hystérique, se distingue régulièrement : celle dite des « pétasses trentenaires ». Vous savez, ce genre de films légers et pas du tout racoleurs, recommandés par Elle, où des célibataires pétillantes (mais célibataires) enragent de ne pas pouvoir choper le mec de leurs rêves et discutent entre filles de leurs frustrations sexuelles ? Jamais le premier soir, c’est ça : trois nanas, trop girly dans leurs têtes, qui n’hésitent pas à ruiner l’appart d’un mec infidèle – ça pourrait être drôle mais ça peut surtout vous envoyer en prison – ou à interrompre des partouzes pour pouvoir caser une punchline à reprendre en cœur à la télé. À leur tête, on retrouve Alexandra Lamy, qui après des titres comme Modern Love, Cherche fiancé tous frais payés ou encore On va s’aimer, persiste donc dans le cinéma de qualité, courant sans vraiment s’en apercevoir après son image de « fille sympa » d’Un gars une fille. Manquerait plus que Jean Dujardin fasse un caméo, tiens. Quoique… à la réflexion, peut-être pas.

La punchline qui vend du rêve : « – J’ai besoin de retrouver mon chemin intérieur – Ah non non non, t’as juste besoin de te retrouver un mec ! »


Fantôme avec comique

Qualité France : vivement l’année prochaine !

Une fois n’est pas coutume, le réalisateur des Âmes de papier, Vincent Lannoo nous vient de Belgique, où il s’est fait un petit nom avec les fauchés mais bien absurdes Vampires et Au nom du fils. Lannoo est semble-t-il venu à Paris tourner comme s’il était un touriste américain : « J’ai imaginé mon film comme une des comédies new-yorkaises de Woody Allen… à Paris » explique ce brave gars. Comme Tout le monde dit I love you et Minuit à Paris, tu veux dire ? Pas sûr que l’ami Woody aurait été heureux de caster Stéphane Guillon, l’humoriste coincé depuis 2007 en mode auto-repeat, qui a réussi à se mettre tous ses patrons à dos, sauf Ardisson, avec son sourire permanent de faux-cul. Mais passons. Dans Les âmes de papier, le plus très drôle comédien exerce le métier d’auteur d’oraisons funèbres. Difficile de croire que ça puisse rapporter de quoi vivre, mais ça n’est pas l’essentiel : la pachydermique bande-annonce nous apprend que Stéphane va tomber amoureux de Julie Gayet, une veuve, et de son oh-mais-qu’il-est-mignon petit garçon, et être tourmenté autour du Pont des Arts (remember : c’est un film de touriste) par le fantôme du défunt mari. Comme dans Fantômes contre fantômes ! Hum… Bon sinon, y a Pierre Richard qui joue les vieux mentors explicitant tous les enjeux du film, pour ceux qui s’endormiraient. Tiens, d’ailleurs…

La punchline qui vend du rêve : « Celui qui est mort vient pour régler certaines choses, et faire passer un message : fermer la porte » (c’est bon, c’est fait !)


Une grande vague de talent

Qualité France : vivement l’année prochaine !

Alors là, attention. Avec 2 automnes, 3 hivers, on rentre sur le terrain miné des protégés des Cahiers du cinéma. Le film de Sébastien Betbeder (Les nuits avec Théodore) est le dernier-né d’une vague que la team Cahiers n’hésiterait presque pas à qualifier de « Nouvelle », qui regroupe plusieurs auteurs partageant un besoin irrépressible de faire des films foufous en toute indépendance. C’est très valeureux, mais pas sûr que des choses comme La fille du 14 juillet ou La bataille de Solférino, pour en nommer plusieurs, fassent de ces lumières diplômées de grandes écoles de cinéma (qui sont, c’est bien connu, des bastions de la rébellion culturelle en France) les Truffaut du XXIe siècle – et à la limite, tant mieux. Dans 2 automnes, 3 hivers, film « tourné dans l’urgence » mais sur un an (cherchez l’erreur), au scénario chapitré selon les saisons (d’où le titre ! Ah ah !), un trentenaire fait du jogging et déprime, et tombe sur une autre trentenaire qui court et déprime. C’est fou ! Bien sûr, comme on parle d’amour, tout le monde sera triste et finira par pleurer, mais avant ça, on aura le droit à de l’humour tout plat, des monologues face caméra (on vous l’a dit : c’est des oufs) et plein de gros plans sur la trogne de Vincent Macaigne, le monsieur plus de la nouvelle Nouvelle vague. C’est bien simple : ce gars-là, à la fois auteur, comédien et metteur en scène, très tendance chez les bobos parisiens, le journal anglais L’Observer l’a carrément appelé « le nouveau Depardieu ». Bien que, osent-ils souligner, « il soit encore peu reconnu chez lui ». C’est sûr : on est peut-être pas à cheval sur la beauté dans le cinéma français, mais ça n’excuse pas le fait de jouer comme un somnambulique et de se coiffer comme un prolo viré d’un film des frères Dardenne.

La punchline qui vend du rêve : « Nous nous sommes déshabillés au milieu du salon. Heureusement, j’avais passé l’aspirateur. »


Une coupe du tonnerre

Qualité France : vivement l’année prochaine !

Combo qui tue : un spécial Vincent « Dipardiou » Macaigne ! Histoire de bien vous prouver que la star (que dis-je, la révélation, un César est sûrement programmé) de La bataille de Solférino va bouleverser le cinéma français, on le retrouvera aussi bientôt à l’affiche de Tonnerre, un thriller sentimental tristounet tourné dans la ville… de Tonnerre, en Bourgogne. Direction le pays du rêve, donc, avec ce film de Guillaume Brac (autre prodige annoncé de la nouvelle vague, qui signe… son premier film), où Macaigne, toujours victime du même cataclysme capillaire, rencontre une jolie jeune fille, tout en faisant chambre commune avec son père joué par Bernard Ménez. Et là vous vous dites tout de suite : nanar ! Mais déjà, c’est pas gentil pour Bernard Ménez (c’est pas sa faute s’il joue que dans des nanars, hein), et puis en plus, attention, Brac il joue la carte du mélange des genres dans Tonnerre : y a du mélodrame triste parce que Vincent et sa copine vont se séparer – elle aurait pas du inspecter son crâne -, mais aussi du film noir, parce que Vincent, il devient fou de jalousie et il a un flingue ! Un flingue, quoi ! Noirceur ! Dites-vous bien que tout ça n’est pas inventé, puisque c’est dans la bande-annonce, qui n’est pas à cheval sur les spoilers. Pour votre plus grand bonheur, on a déniché un extrait pas piqué des vers, où Vincent et sa copine qui arrive à peine à sortir ses répliques rencontrent le viticulteur le plus glauquement (non, ça n’existe pas) vulgaire de la création. Enjoy… et rendez-vous dans les salles ! Ok, on déconne…

La punchline qui vend du rêve : « Vous êtes ensemble ? Vous baisez quand même, non ? »

L’extrait qui fout le malaise :