Pour lancer son tout nouveau line-up eCinema, basé sur le même principe que Wild Bunch, TF1 Vidéo a misé sur le même genre porteur qu’est le polar. Comme Miséricorde, Son of a Gun a fait une apparition au Festival spécialisé de Beaune, avant d’atterrir, en exclusivité pour 45 jours, sur les portails VOD. En tant que titre inaugural (le mélo Adaline et Everly suivront dans les semaines à venir), Son of a Gun a des arguments de poids : casting sexy et international, intrigue familière et cadre original, puisqu’il nous vient tout droit d’Australie, pays récemment pourvoyeur de quelques bijoux noirissimes comme Animal Kingdom et Les crimes de Snowtown.

Le premier film de Julius Avery est pourtant familier à plus d’un titre. Comme le suggère la métaphore des échecs employée avec insistance tout au long de l’histoire, le scénariste et réalisateur s’est amusé à semer des fausses pistes et un petit paquet de rebondissements pour surprendre le spectateur. Et il le fait avec assez de vigueur et de sérieux pour nous divertir, sans toutefois signer le film de petit malin qu’il s’imagine être.

Braquage à l’australienne

Son of a Gun : petit braqueur deviendra grand

Les premières scènes évoquent immédiatement, dans une version visuellement plus solaire, les univers carcéraux du Prophète et du plus récent Les poings contre les murs. La caméra, souvent planquée derrière son dos, suit à la trace les premiers pas en prison de JR (le très demandé Brenton Thwaites, vu dans The Mirror et The Giver, et prochainement à l’affiche de Pirates des Caraïbes 5), jeune délinquant de 19 ans dont le charmant minois excite inévitablement certains de ses compagnons de cellule. Après quelques rounds d’observation, JR tombe sous la protection d’une légende locale, le gangster Brendan Lynch (Ewan McGregor, barbu et adoptant un inévitable et épais accent australien), qui le prévient en retour que ce service rendu aura un prix : il lui sera redevable à sa sortie.

Quelques mois plus tard, JR sort de prison et le film change alors de style. Il s’avère que Lynch et ses compères ont un dernier plan à mettre à exécution : le braquage risqué d’une usine de raffinage d’or, qui pourrait tous les rendre riches. L’ombre de Heat, et d’un bon millier d’autres titres, commence alors à planer sur le film, qui s’autorisera quelques autres revirements, notamment dus à l’histoire d’amour naissante entre JR et Tasha (la tout aussi réclamée Alicia Vikander, vue dans Royal Affair et bientôt Ex Machina et Agents très spéciaux), la proverbiale prostituée exilée au cœur tendre…

Les clichés ont la peau dure

Son of a Gun : petit braqueur deviendra grand

Une fois assimilé le fait que le réalisateur se complait dans l’utilisation de clichés éprouvés, qu’il assemble sous un nouveau jour pour apporter un peu de fraicheur au genre, Son of a Gun se suit sincèrement sans ennui. Le parcours mouvementé de JR ressemble à une suite de passages obligés, sur lesquels le scénario ne s’attarde jamais plus d’un quart d’heure : concours de gonflette en zonzon, évasion, préparation et hold-up qui dégénère, courses-poursuites, trahisons en série… Avery cherche à chaque fois à surprendre, mais chacun de ses rebondissements s’avère visible à trois kilomètres. Du mafieux sournois au bras droit qui perturbe le plan très huilé de Lynch, en passant par la romance obligatoire avec un personnage féminin archétypal qui va détourner JR de l’influence de son mentor (car oui, JR est aussi un jeunot en quête de repères paternels), Son of a Gun emprunte consciemment des sentiers très balisés.

[quote_center] »L’ombre de Heat, et d’un bon millier d’autres titres, commence alors à planer sur le film. »[/quote_center]

Pour autant, la mise en scène sèche et sans accrocs d’Avery permet au film de s’élever une ou deux coudées au-dessus du tout-venant du DTV. Sans atteindre la portée tragique et sublime d’un Animal Kingdom, le rythme, l’interprétation solide de McGregor (qui se régale visiblement d’un rôle à contre-emploi, et domine sans partage l’écran face à un Thwaites un peu trop balbutiant) et l’exotisme, relatif, mais réel, de ces grands espaces urbains australiens écrasés de soleil, confèrent une certaine personnalité au film. Mieux vaut pour autant ne pas s’appesantir sur l’abondance de clichés, et sur la facilité avec laquelle Avery expédie son dénouement, qui n’est là que pour apporter une morale à un récit où, contrairement à l’expression habituelle, le crime paie beaucoup !


[styled_box title= »Note Born To Watch » class= » »]

TroissurcinqSon of a Gun
De Julius Avery
2014 / Australie / 108 minutes
Avec Ewan McGregor, Brenton Thwaites, Alicia Vikander
Sortie le 1er mai (VOD) et le 15 juillet 2015 (DVD & Blu-ray) chez TF1
[/styled_box]