The Outfit : un huis-clos mafieux taillé sur mesure

par | 5 janvier 2023

The Outfit : un huis-clos mafieux taillé sur mesure

Le so british Mark Rylance joue les tailleurs mystérieux dans The Outfit, au parfum suranné de néo-noir plein de gangsters.

Les fans de Mark Rylance ont de quoi se réjouir ces derniers mois : après un petit rôle cartoonesque de génie milliardaire pas si génial dans Don’t Look Up et plus récemment une terrifiante prestation de vagabond cannibale dans Bones And All, l’acteur britannique se retrouve en tête d’affiche de l’inédit The Outfit, production battant pavillon anglais mais censée se dérouler à Chicago. Derrière la caméra, un autre artiste oscarisé, le scénariste américain Graham Moore (Imitation Game), qui fait à cette occasion ses débuts dans la réalisation. Histoire peut-être de ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre, l’apprenti cinéaste a co-écrit une histoire aux accents plutôt théâtraux, car confinée dans un seul décor, le temps d’une nuit, avec un nombre réduit de protagonistes. D’une certaine manière, The Outfit pourrait être décrit comme un Reservoir Dogs distingué au temps de la Prohibition.

Tireurs à quatre épingles

The Outfit : un huis-clos mafieux taillé sur mesure

The Outfit, le costume en français, est un jargon qui désigne aussi la mafia. Les successeurs d’Al Capone sont parmi les seuls clients de la boutique de costumes sur mesure que tient Leonard (Rylance), tailleur anglais ayant quitté les belles boutiques de Savile Row pour s’établir à Chicago. Les gangsters qui paient cash constituant sa principale source de revenus, Leonard les laisse utiliser son arrière-boutique comme un lieu d’échange d’informations. Le seul problème de Leonard, c’est Richie (Dylan O’Brien, à contre-emploi), tempétueux fiston du boss local et habitué des lieux puisqu’il entretient une liaison avec l’assistante de Leonard, Mable (Zoey Deutch). Toujours flanqué du bras droit de son père, l’ambitieux Francis (Johnny Flynn), Richie débarque un soir chez le tailleur avec une balle dans l’estomac, une taupe dans la ligne de mire et une bande magnétique précieuse à retrouver…

« The Outfit a tout du néo-noir suranné destiné à passer sous les radars. »

Avec son décor chaleureux et oppressant à la fois, ses gangsters en Fedora cachant mal sous leurs beaux costumes des manières de sociopathes appliquant la loi du talion, ses trahisons et coups bas à détente longue, The Outfit a tout du néo-noir suranné destiné à passer sous les radars. Moore s’appuie beaucoup, voire trop, sur ses dialogues et sa voix off, pour faire avancer une histoire alambiquée, et détourner notre attention du véritable twist – néanmoins très prévisible – qu’il garde longtemps caché dans sa manche. L’avantage d’un film bavard, c’est qu’il donne de la matière à ses acteurs, majoritairement britanniques même lorsqu’ils incarnent des mafieux de l’Illinois. Dans un rôle à sa mesure (hi hi), Rylance capte évidemment sans souci notre attention, avec ses bonnes manières, l’amour maniaque qu’il porte à son métier, même si l’on se doute que cette personnalité de petit artisan timoré est en partie une façade. Il domine logiquement un casting pourtant homogène, embarqué dans une affaire qui peine à justifier sa lenteur et s’éparpille dans des « McGuffin » lourdauds (la bande enregistrée du FBI, ou les ressorts du réseau mafieux surnommé « The Outfit », justement), quand elle ne tombe pas, lors du final, dans la grossière facilité. Pas déplaisant, donc (côté dialogues et esthétique notamment), mais pas mémorable non plus.