Top 10 : Leonardo DiCaprio

par | 24 février 2016

Alors qu’il semble promis, enfin, à l’Oscar, retour sur la carrière de Leonardo DiCaprio, acteur engagé avant d’être une simple belle gueule.

Le tintamarre mi-amusé, mi-sérieux, qui entoure Leonardo DiCaprio à l’approche des Oscars 2016, contribue à nous détourner un peu trop de faits établis depuis longtemps. Oui, l’éternelle gueule d’ange starisée par James Cameron est un excellent acteur, et l’importance qu’il a pris au sein de Hollywood depuis quinze ans justifierait bien qu’un jour il remporte cette statuette de meilleur acteur tant convoitée. Avec un peu de chance, son rôle de trappeur meurtri dans The Revenant lui vaudra cet honneur ultime, et nous pourrons à nouveau nous concentrer sur l’essentiel : ses rôles, sa qualité de jeu, sa volonté affichée de ne s’engager que dans des projets d’envergure, de « laisser sa marque » dans l’histoire du cinéma.

Car tout comme Tom Cruise, lui aussi qualifié de star à l’ancienne dans une industrie qui ne jure désormais plus que par les franchises, DiCaprio choisit ses rôles avec soin depuis son explosion médiatique dans les années 90. De Spielberg à Tarantino, en passant bien sûr par son mentor / père adoptif Martin Scorsese, l’acteur a travaillé avec un panel de metteurs en scène parmi les plus excitants en activité, et a pratiquement toujours réussi à se renouveler et à surprendre dans le processus. Le film d’Alejandro Gonzalez Inarritu ne déroge pas à la règle, et nous a donné envie de passer en revue les rôles qui ont marqué sa (pas si longue) carrière. Bonne lecture !

10. MORT OU VIF

Top 10 : Leonardo DiCaprioAvant qu’il ne devienne Roméo chez Baz Luhrmann et fasse fondre pour de bon le cœur des jeunes filles en fleur, Leonardo DiCaprio avait déjà une série de rôles prometteurs derrière lui, et même une nomination à l’Oscar. Ce qui explique qu’on le retrouve, au mi-temps des années 90 présent au générique du néo-western Mort ou Vif de Sam Raimi, à égalité ou presque avec deux poids lourds de l’époque, Sharon Stone et Gene Hackman, et un Russel Crowe fraîchement débarqué d’Australie. Dans le rôle du « Kid », c’est un DiCaprio à l’allure frêle et joviale qu’on découvre : un beau parleur et tireur d’exception, qui malgré la différence d’âge n’a aucun complexe à draguer la belle Sharon, et tient tête au patriarche Hackman avec une intensité électrique. Le personnage est tragique et splendidement écrit, offrant une occasion au jeune comédien pour montrer l’étendue de son jeu, du séducteur impénitent à l’orphelin en quête de repères.

9. INCEPTION

Top 10 : Leonardo DiCaprio

Il y avait du monde dans le labyrinthe mental de Christopher Nolan en 2010. Dans le rôle-titre, DiCaprio, qui enchaînait sur un rôle plus gran d public après un décevant Shutter Island, donnait la réplique à Marion Cotillard (qui ne meurt pas heureusement), Ellen Page, Cillian Murphy, Michael Caine, Joseph Gordon-Levitt, et… le déjà excellent Tom Hardy. Afin de réussir à détrousser ses victimes, Dom Cobb s’introduit dans leurs rêves à la recherche de leurs secrets enfouis. Ce délire onirique (mais d’une redoutable cohérence) fournit une riche matière à une histoire de science-fiction pure et originale, avec quelques accents bondiens. Un matériau exploité à fond par un Christopher Nolan au sommet de son art. À travers le prisme du film d’action et de la romance, bourré d’effets renversants, il joue sur la perception de la réalité pour mieux entraîner le spectateur dans un voyage fantastique aussi exigeant que jubilatoire.

8. LES INFILTRÉS

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Évacuons tout de suite le problème principal : en tant que remakeLes Infiltrés pâtit malgré son budget et ses stars d’être une copie un peu trop fidèle par endroits du film original hongkongais, Infernal Affairs. Des scènes entières sont simplement relocalisées et imitées plan par plan, et ce que Martin Scorsese rajoute autour (le folklore bostonien, le cabotinage de Jack Nicholson, le duo de stand-up entre Alec Baldwin et Mark Wahlberg) s’avère rarement essentiel. Le point fort du film reste la performance, dans le rôle de Costigan, le flic sous couverture, de DiCaprio. Afin de rendre palpable la pression qui pèse sur cette taupe livrée à lui-même, l’acteur a durci ses traits et laissé tout sourire charmeur au vestiaire. Tout dans ce personnage suinte l’inquiétude et la solitude, et DiCaprio lui apporte une énergie et une rage viscérale impressionnantes, qui contrastent avec la veulerie tranquille de Matt Damon.

7. LES NOCES REBELLES

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Dans un monde parallèle idéal et bizarre, les époux Wheeler qu’incarne Leonardo DiCaprio et Kate Winslet dans Les Noces Rebelles auraient pu être une version âgée, aigrie et rongée par la routine de leur couple fiévreux dans Titanic. Cette adaptation, d’une tristesse insondable, du roman controversé de Richard Yates, imagine en effet le crépuscule d’une passion amoureuse avec une acuité bouleversante. DiCaprio et Winslet, dont l’alchimie évidente n’est plus à prouver, incarnent parfaitement cette vision du couple américain digne d’un magazine sur papier glacé. Seulement, les conventions de l’époque (les années 50, quand l’American Way of Life était encore à son zénith) ont fini par détruire de l’intérieur cette image parfaite, à force de regrets et de compromissions. Le programme n’est guère réjouissant, mais le film de Sam Mendes s’avère malgré tout une vraie réussite, qui tient en partie sur la crédibilité d’un DiCaprio encore plus taciturne que d’habitude.

6. GILBERT GRAPE

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Les jeunes années de DiCaprio, comme nous l’avons vu avec Mort ou Vif ont été marquées par une poignée de rôles secondaires déterminants. Et si l’impact de Basketball Diaries ou de Blessures secrètes, où il se mesurait à un DeNiro exceptionnellement beauf et méprisable, n’est pas à minimiser, aucun film n’aura autant marqué les esprits et les critiques que Gilbert Grape. Ce film de Lasse Hallström centré sur une famille décalée au fin fond de l’Iowa, constituait avant tout un véhicule romantique et sensible pour ses jeunes vedettes Johnny Depp et Juliette Lewis. DiCaprio, alors inconnu, écope lui du rôle à Oscars rêvé, celui du jeune frère autiste dont Depp doit constamment s’occuper. L’acteur n’hésite pas à faire des recherches intenses et à approfondir sa « méthode » pour incarner au mieux ce personnage rêveur et torturé, sans verser dans le fameux « full retard » cher à Tropic Thunder. Avec cette prestation remarquée, DiCaprio sera nommé dès 1993 à l’Oscar et au Golden Globe du meilleur second rôle.

5. TITANIC

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Inutile de présenter l’un des films les plus vus de tous les temps : le Titanic de James Cameron auquel, DiCaprio doit, sans nul doute une bonne partie de sa carrière et sa célébrité. Le film représente la suite logique du documentaire du réalisateur d’Avatar, réalisé au cœur de l’épave du paquebot de la White Star Line. C’était en 1997 et le monde entier vibrait devant la romance tragique de Léo et Kate, chantée par Céline Dion avec My heart will go on (à ce jour le single le plus vendu au monde). Aux Oscars, l’énorme iceberg cinématographique rafle tout, sauf bien sûr celui du meilleur acteur après lequel va courir DiCaprio : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleurs effets visuels, meilleure musique, etc… Les effets spéciaux redoutables pour l’époque, mélanges de maquettes et des premiers effets numériques, feront également date dans l’histoire du cinéma. En termes de prestige, de records et de récompenses, Leonardo DiCaprio n’aura jamais fait mieux que Titanic, qui a rapporté 1,835 milliard de dollars (et il ne fera jamais mieux, même s’il s’en moque sans doute éperdument). Mais si le bateau numérique (et réel, presque à l’échelle) et la reconstitution de Cameron impressionnent, le film doit aussi beaucoup à son innocence et son énergie romanesque.

4. ARRÊTE-MOI SI TU PEUX

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Juste après avoir tourné pour la première fois avec Martin Scorsese, sur Gangs of New-York, Leonardo DiCaprio fait la connaissance d’un autre monstre sacré du cinéma, en la personne de Steven Spielberg. Arrête-moi si tu peux, derrière ses apparences légères, a tout d’un film culte, remarquablement réalisé et dont le générique, signé Janusz Kaminski, avec la musique inimitable de John Williams, est entré dans la légende. Un DiCaprio idéalement juvénile incarne Frank Abagnale, un escroc professionnel poursuivi par un agent du FBI incarné par Tom Hanks, figure tutélaire moderne du cinéma de Spielberg. Véritable caméléon au cœur des sixties, Abagnale se fait passer pour un pilote de ligne, un médecin ou encore un professeur. D’une impressionnante maîtrise, le réalisateur multiplie les hommages appuyés, à James Bond, à Forrest Gump, aux sitcoms médicales comme Dr. Kildare ou judiciaires à la Perry Mason. Pétillant, ironique et foisonnant, Catch me if you can est surtout le portrait d’une époque révolue, où chacun laissait sa porte ouverte.

3. LE LOUP DE WALL STREET

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Excessif, Le loup de Wall Street l’est par nature : cette chronique agitée de la vie d’un requin de la finance bien (trop) réel, Jordan Belfort, devient durant ses trois heures de métrage souvent repoussante, redondantes, voire épuisantes pour les sens. Scorsese, qui n’avait jusque-là jamais été aussi loin dans la représentation du sexe, de la débauche et de l’amoralité tous azimuts, a poussé le principe d’identification au personnage dans ses derniers retranchements – ce qui lui a même été reproché. Alors, forcément, Le loup de Wall Street n’est pas un film facile ou aimable, mais s’il nous rive malgré tout à l’écran, c’est en grande partie grâce à un numéro d’acteur proprement hallucinant du savoureux Léo. En incarnant avec son visage de playboy le carnassier hédoniste ultime, il donne un corps à un pays malade de ses excès. Et des excès, l’acteur en accumule dans ce film sous coke, qu’il s’agisse d’une scène de trip hallucinée ou de discours motivationnels qui ferait même rougir Donald Trump de honte !

2. DJANGO UNCHAINED

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« Djaaaaaaanggoooooo ! » Difficile de ne pas tomber sous le charme de ce personnage, puisé dans les classiques du western américain et revisité à la sauce revancharde par Quentin Tarantino, qui faisait alors en 2012 de brillants débuts dans le genre. Django Unchained, c’est aussi la longue et brutale confrontation entre un propriétaire terrien sadique incarné par DiCaprio et son esclave éduqué personnifié par Jamie Foxx. Entouré par Christoph Waltz (le complice chasseur de prime), ces deux personnalités opposées se livrent à une guerre psychologique et physique redoutable : exceptionnellement odieux, grimaçant et onctueux à la fois, DiCaprio aimante littéralement le spectateur à l’écran, dans un rare rôle de méchant intégral. Après la scène de la poignée de main dans le boudoir, d’une intensité rare où le regard halluciné de DiCaprio rencontre la malice cruelle d’un Waltz au comble de l’agacement, un seul des trois s’en ira dans le soleil couchant.

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1. AVIATOR

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Le temps nous dira si le cinéaste qui a su tirer le meilleur parti du talent de DiCaprio est Martin Scorsese. En cinq films, le réalisateur new-yorkais a offert sur un plateau à l’acteur une variété de personnages impressionnants, dans des longs-métrages à la réussite diverse (Gangs of New York en particulier restera une belle occasion manquée). En attendant de savoir ce que Warren Beatty pourrait faire avec le personnage, Aviator, étincelant biopic sur la vie du mogul Howard Hugues demeure l’exemple parfait de l’ambition qui préside dans la collaboration entre les deux artistes. À un moment de sa carrière où DiCaprio était encore jugé trop « tendre » pour être crédible dans de grands rôles dramatiques (avoir un physique de rêve n’est pas toujours un atout), Aviator vient lui fournir l’occasion en or de se confronter à une figure de légende. Un personnage puissant, craint et adulé, que le pouvoir puis la folie condamneront à une réclusion sociale sans retour. Une figure inoubliable que DiCaprio personnifie à tous les âges dans une épopée au long cours, et qui trouvera un écho certain dans la suite de sa carrière, qu’il s’agisse de Gatsby le magnifique ou du terrible J. Edgar de Clint Eastwood.