500 mètres sous terre : quand l’immobilier s’effondre

par | 15 novembre 2022

500 mètres sous terre : quand l’immobilier s’effondre

Mélange de comédie bon enfant et de film catastrophe, 500 mètres n’est pas assez absurde ou épique pour être mémorable.

En matière de destruction à grande échelle, la Corée du Sud commence à avoir un beau palmarès au cinéma. Le pays du Matin Calme a tremblé dès la fin des années 2000 avec des titres comme The Last Day, puis The Tower ou Pandémie. Ces dernières années, Dernier train pour Busan et l’excellent et bien-nommé Tunnel ont marqué les esprits, le thermonucléaire Pandora et l’agressif Destruction Finale beaucoup moins. Avec 500 mètres sous terre, le réalisateur Kim Ji-hoon (The Tower, justement) tente lui aussi d’en donner pour son argent au spectateur en orchestrant une catastrophe de grande ampleur, mais reste collé aux basque d’une toute petite poignée de personnages pendant leur calvaire, donnant à son film une étrange allure de comédie dramatique feutrée, tout juste entrecoupée de scènes de survie joyeusement invraisemblables.

L’espoir au fond du trou

500 mètres sous terre : quand l’immobilier s’effondre

Et à vrai dire, il est toute à fait pardonnable que les spectateurs peu attentifs en viennent à se demander sur quel pied 500 mètres sous terre veut danser. Car pendant plus d’une demi-heure, le film se borne à être une comédie de voisinage peu mémorable. Le réalisateur y décrit une galerie d’habitants d’un immeuble de la banlieue de Séoul : un mélange disparate au centre duquel émergent Park (Jim Seong-gyoon, Nameless Gangster), un père de famille qui a trimé des années pour devenir propriétaire, et Jung (l’excellent Cha Seung-won, vu dans Man on High Heels), quarantenaire indolent et faussement menaçant qui cache un cœur de grand sensible. Loin de nous passionner, leur chassé-croisé sur fond de questionnements sociaux arrache quelques sourires, mais l’évidence, scène après scène, demeure : pourquoi une si longue exposition avant le désastre ? Quand ce dernier finit par arriver, l’humour désamorce presque l’horreur de la situation : l’immeuble sombre tout entier dans un improbable trou sans fond, s’immobilisant difficilement avec quelques habitants et visiteurs de passage à son bord. Tandis qu’à la surface, les secours s’organisent et les familles s’inquiètent, nos survivants se mettent en mode survie avec les moyens du bord en espérant sortir vivants de cette descente express…

« Kim Ji-hoon n’est clairement pas un Bong Joon-ho période The Host.« 

Soyons honnêtes : une fois les personnages enterrés dans ce microcosme de terre creuse, 500 mètres sous terre se montre un peu plus dynamique et divertissant. Le soin apporté aux décors en ruines, aux jeux sur la verticalité et le sol qui peut se dérober à tout moment, font que le film trouve enfin sa raison d’être, et que les acteurs ont finalement quelque chose de puissant à défendre. Cela ferait presque pardonner les effets numériques limités, les rebondissements de plus en plus improbables (un deuxième immeuble entre dans la danse, un drone joue les Lazare de la robotique, un bathyscaphe improvisé fait son apparition comme par miracle) ou le mariage peu probant entre légèreté de ton et ambiance épique de sauvetage-de-dernière-minute avec surplus de pathos et morts d’innocents (une spécialité locale) en prime. A force de vouloir jouer sur tous les tableaux comme un Bong Joon-ho période The Host (ce que Kim Ji-hoon n’est clairement pas), 500 mètres sous terre échoue à surprendre et à nous tenir en haleine. De quoi garantir sa place tout au fond de notre mémoire…