Loin de nous l’idée de remettre en question le talent de Benedict Cumberbatch. L’acteur britannique a eu maintes fois l’occasion d’étaler son charisme inhabituel sur le grand et le petit écran, dans des créations aussi populaires que Sherlock, Docteur Strange ou Imitation Game. Néanmoins, difficile de ne pas percevoir dans les choix de carrière du comédien une tendance à privilégier les rôles de génie torturé. C’est peut-être là qu’il excelle le mieux, mais peut-il jouer autre chose ? Sherlock, Alan Turing, Stephen Strange, Julian Assange voire même Khan dans Star Trek : Into Darkness… Cumberbatch a même joué Van Gogh à la télé ! Aussi, le voir à l’affiche de The Current War, production de la Weinstein Company, dans le rôle de l’inventeur obsessionnel Thomas Edison, n’a rien de surprenant. Ce biopic en costumes imaginé par le scénariste de Vinyl n’est toutefois pas un récit traditionnel de la vie de l’inventeur du phonographe, et (en partie) du cinéma.
Trois hommes et une ampoule
The Current War se concentrera en effet sur une période clé de la vie d’Edison : celle qui suit l’invention de l’électricité, dans laquelle il a joué un rôle déterminant, même s’il n’en est pas directement le créateur. Le film se déroulera dans les années 1880, alors qu’une « guerre du courant » se déclenche entre Edison et l’entrepreneur George Westinghouse (Michael Shannon, lui aussi dans un rôle taillé sur mesure). L’enjeu : le marché du développement de l’électricité aux USA, qui rendra le vainqueur riche à millions ! Edison, à la tête de ce qui deviendra la General Electric, est partisan du courant continu, tandis que Westinghouse promeut le courant alternatif, moins coûteux sur le long terme selon lui. Pas très sexy comme sujet ? The Current War fera pourtant la lumière (sic) sur un affrontement industriel où tous les coups étaient permis, de l’invention par mégarde de la chaise électrique à l’irruption dans ce jeu de quilles d’un troisième homme plus brillant que les deux ingénieurs réunis : Nikola Tesla (Nicholas Hoult, Mad Max Fury Road). L’inventeur malheureux, qui resta dans l’ombre de ces deux hommes qui s’arrachèrent et exploitèrent son talent, trouvera là une nouvelle incarnation à l’écran après celle, mémorable, de David Bowie dans Le Prestige.
Au moment où le film est présenté en première mondiale au festival de Toronto, la première bande-annonce révèle une production d’époque visuellement luxueuse, qui joue habilement sur des effets visuels évoquant les inventions d’Edison (comme le Kinétographe, caméra 35 mm dont il déposa le brevet). Derrière la caméra, on retrouve le talentueux et versatile Alfonso Gomez-Rejon, qui après le film d’horreur méta The Town that dreaded sundown et le mélo adolescent This is not a love story, change une nouvelle fois complètement de genre. La sortie US de The Current War est annoncée pour le 24 novembre, et nul doute que le film devrait sortir dans les mois qui suivent chez nous, en pleine période pré-Oscars. Après tout, le film n’est pas produit par Harvey Weinstein pour rien… !