Fort de 11 ans d’expérience et d’1,5 million d’abonnés en ligne, l’éditeur de jeux vidéo et de BD Ankama transpose enfin son univers sur grand écran. Derrière cet univers foisonnant de Dofus (et de la BD Wakfu), se cache « Tot », alias Anthony Roux, son directeur artistique et première plume de cette usine à fabriquer des rêves en jeux, en mangas, en romans et même en séries télés. Difficile de résumer brièvement cet univers coloré, hérité des années Club Dorothée, ou le trait de Miyazaki, de Marvel et même, pourquoi pas d’Uderzo, n’est pas loin. C’est justement avec l’aide d’un ancien de chez Ghibli que le studio transmedia de Roubaix sort aujourd’hui son premier long-métrage : Dofus : livre 1, Julith. Ce film est co-réalisé par Anthony Roux et Jean-Jacques Denis, que nous avons rencontré, il y a quelques jours.

Une aventure universelle

Dofus : les Chevaliers du Zodiaque du ch’nord

Pas de panique, si vous n’avez jamais touché à jeux de rôle en ligne, le scénario, pourtant bourré de références made in Ankama, ne largue personne. Si vous n’êtes pas un joueur ou un spectateur attentif à la mythologie d’origine, ce n’est pas grave. Cette aventure indépendante, qui se situe à l’origine du monde par cette franchise ayant essaimé sur tous les supports, reste aussi prenante pour les fans comme pour les néophytes. L’aventure en question, c’est celle du petit Joris, un orphelin recueilli par un chat âgé, Kerubim Crépin. Tous deux coulent des jours heureux dans la ville de Bonta jusqu’à ce que la méchante sorcière Julith ne vienne semer la pagaille dans la cité.

Le scénario de Dofus brasse des thèmes universels, chers à Pixar et Disney comme l’importance de la famille, le deuil et l’amour. Cependant, la véritable différence de ce film d’animation frenchy réside surtout dans l’humour. Oscillant sans limite entre le rire de bac à sable et vannes franchement potaches pour grands enfants (des années 90, évidemment), le film alterne, avec une désopilante vivacité, presque brutale, entre le tragique, le grave et le salace. Il va sans dire que les enfants ne sont pas forcément les plus concernés par certaines répliques… même si les adultes devront se montrer ouverts aux blagues régressives. Pour le reste, le script, qui ne brille pas par son originalité, se montre toutefois bien construit, agréable à suivre et gère assez bien ses transitions.

Du melting-pot à la mythologie singulière

Dofus : les Chevaliers du Zodiaque du ch’nord

Les personnages de Dofus, à l’exception du gentil héros naïf, gagnent peu à peu en profondeur. La « méchante », Lilith, est d’abord dessinée comme sur un livre d’histoire avant de dévoiler sa personnalité, pas si manichéenne. La meilleure amie de Joris, l’adorable petite chienne Lilotte, détient des traits de caractère particulièrement bien établis, entre une soif de liberté et la fragilité induite par son jeune âge. Si le PapyChat, Kerubim Crépin, semble passer ses journées à ronronner dans son fauteuil, il ne faut pas s’y tromper : il y a un véritable senseï qui sommeille en lui. La fière et timide Bakara se rêverait-elle en Chun-Li, de Street Fighter ? Enfin, Kan, la caution humour lourdingue du film, se la pète en star incontestée du boufbowl. Mais son personnage représente-t-elle davantage dans cette histoire de celle du bouffon de service ? Au final, dans la famille Dofus, vous avez le père à l’absence légendaire, la mère frappadingue, la tatie en pleine puberté, terrifiée par le capitaine de l’équipe qui lui fait de l’œil, le grand-père protecteur et bienveillant et deux enfants aux cœurs purs, mais toujours prêts à faire des bêtises.

[quote_center] »La véritable différence de ce film d’animation frenchy réside surtout dans l’humour. »[/quote_center]

L’animation d’Ankama, en 2D, adopte un style légèrement flashy, cartonnesque et surtout très détaillé. Il suffit de s’attarder sur la précision avec laquelle la ville de Bonta, la maison magique, les temples suspendus et ses habitants sont croqués pour prendre la mesure de l’ambition du film, conçu entièrement, nous le répétons, à Roubaix. Toutes proportions gardées, le trait rappelle la splendeur architecturale d’un Château dans le ciel et dans les yeux et les inflexions de visages, un Naruto. Les scènes d’action rendent ouvertement hommage aux séries animées japonaises, des arrêts sur images et des jaillissements façon Olive et Tom à la déformation des corps digne d’un bon épisode des Looney Tunes. Enfin, comble de la classe, la musique, signée par le compositeur « maison », Guillaume Houzé, est interprétée par l’Orchestre National de Lille. Vous la sentez monter la gloire régionale ?

Mais au fait, c’est quoi un dofus ? Cocorico ! Il s’agit d’un œuf… mais pour en savoir plus, il faut aller voir le film, bien sûr !

[toggle_content title= »Bonus » class= »toggle box box_#ff8a00″]Plongez au cœur de l’univers de Dofus.[/toggle_content]


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Quatre sur cinq
Dofus : livre 1, Julith
D’Anthony Roux, Jean-Jacques Denis
2016 / France / 107 minutes
Avec Sauvane Delanoe, Emmanuel Gradi, Laetitia Lefebvre
Sortie le 3 février 2016
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Crédits photos : Gebeka Films