L’année 2015 est déjà bien entamée, mais les éditeurs vidéo n’ont apparemment pas encore la tête au boulot ! Non mais sérieusement, l’actualité DTV de ce mois de janvier s’avère assez maigre, ce qui est d’autant plus regrettable et illogique que les mois de février et mars s’annoncent, eux, proches de l’overdose. Comme toujours dans cette rubrique, nous parlons beaucoup ci-dessous de polar, d’horreur et d’action bourrine. Ça ne vole en général pas bien haut, sauf au niveau des têtes d’affiche, dont le « star power » ne suffit visiblement plus à motiver les producteurs. Dans le cas de Nicolas Cage, présent deux fois dans les bacs ce mois-ci, ça peut aussi se comprendre : l’acteur américain semble tellement se contrefoutre des projets qu’il enchaîne que le plutôt bon Joe commence à ressembler à un accident de parcours.

[quote_center] »Nicolas Cage semble se contrefoutre des projets qu’il enchaîne. »[/quote_center]

La sélection inclut comme d’habitude des DTV sortis à la vente et à la location, en format physique ou dématérialisé. Sans plus attendre, bonne lecture. Et bonne chasse !


Tokarev

Inédits vidéo : la sélection de janvier

Un film de Paco Cabezas avec Nicolas Cage, Rachel Nichols, Peter Stormare

Sortie le 7 janvier (Marco Polo)

Et nous commençons donc notre double programme spécial Nicholas Coppola Cage avec le titre le moins honteux du lot, Tokarev, ex-Rage. Derrière ce titre militariste se cache un sous-Taken tourné dans l’Alabama pour des raisons, nous l’imaginons, fiscales. Cage y joue une sorte de mafieux irlandais (sic) rangé des voitures, qui laisse échapper sa… rage, dirons-nous, lorsque sa fille est retrouvée morte. Il remue ciel et terre et élimine beaucoup de mafieux Russes, pour trouver le coupable. Il y a du bon dans Tokarev, notamment cette volonté de ne pas faire du héros un type positif cherchant à exercer une juste revanche – c’est même tout le contraire. Mais l’absence de budget décent, et la présence du tâcheron Paco Cabezas (l’abject Neon Flesh et le déjà oublié Les disparus) derrière la caméra condamnent le film au ratage. Blindé de faux raccords, dont un d’anthologie sur Cage… qui sort d’une voiture, filmé de travers sauf lors de ralentis aussi esthétisants que superflus, Tokarev pâtit enfin de l’interprétation erratique de sa star, assez mal dirigée pour foirer SA scène importante (celle où il découvre sa fille décédée) et hurler sa douleur sans prévenir dans d’autres plus accessoires.


Le Chaos

Inédits vidéo : la sélection de janvier

Un film de Vic Armstrong avec Nicolas Cage, Cassi Thomson, Nicky Wheelan

Sortie le 22 janvier (Seven 7)

Place maintenant au plat de résistance. Pour ceux qui ne le sauraient pas, Left Behind (ou Le Chaos en VF) est le reboot d’une trilogie de films inédits en France, adaptée d’une série de 16 romans dont les titres pourraient tous être tirés d’un album d’Iron Maiden. En gros, il s’agit de conter, façon Le Fléau, une Apocalypse moderne décrite par la Bible, dans une grande fiction chrétienne protestante, avec des parti-pris aussi douteux que la diabolisation des Nations Unies. Que vient faire Nicolas Cage dans cette adaptation bien bigote ? Difficile à comprendre. Comme dans la série The Leftovers, des millions de personnes s’évanouissent d’un coup (spoiler : ils sont montés au Paradis), au bout de ¾ d’heure d’ennui, laissant les passagers d’un avion en panique. Sans rythme, sans humour, visuellement hideux, interprété par des parpaings (Cage ne parvient même pas à masquer son ennui sur sa fausse photo de famille), Le Chaos gagne la palme du film catastrophe le plus chiant et bavard de l’histoire. Le cascadeur culte Vic Armstrong peine lui à terminer son film, l’ultime réplique (« C’est le début de la fin ») étant aussitôt suivi par une bluette pop couvrant le générique de fin. Le vrai twist ? Malgré l’étendue des dégâts, deux suites sont prévues. Les voies du Seigneur sont décidément impénétrables…


Open Windows

Inédits vidéo : la sélection de janvier

Un film de Nacho Vigalondo, avec Elijah Wood, Sasha Grey

Sortie le 7 janvier (Wild Side)

Le webmaster d’un site consacré à une starlette de Hollywood gagne une invitation à dîner avec son idole. Manque de pot pour lui, la soirée dérape avant même d’avoir commencé : sur son ordinateur, un mystérieux « agent » lui fait découvrir l’intimité de la dite star, avant de commencer à le manipuler, lui… Fiction entièrement mise en scène « sur ordinateur », Open Windows a les défauts de ses audaces : le réalisateur de Timecrimes exploite au maximum les possibilités d’un format contraignant mais étrangement stimulant, sans pour autant maîtriser son invraisemblable scénario. Elijah Wood, bien présent à l’écran malgré le fait que le film soit, comme Maniac, en vue subjective, constitue un « substitut » parfait pour incarner notre avidité aux écrans. Ça n’est pas suffisant pour convaincre malheureusement.

La critique d’Open Windows


The Prince

Inédits vidéo : la sélection de janvier

Un film de Brian Miller avec Bruce Willis, Jason Patric, John Cusack

Sortie le 28 janvier (Marco Polo)

Tiens, un nouveau film d’action / espionnage autour du kidnapping de la fille d’un barbouze indestructible. C’est original ! Bon, soyons sérieux : Taken n’a pas, malgré les apparences, inventé le pitch repris par The Prince (après tout, Commando aussi raconte la même histoire), mais faute d’exemple à succès plus récent, c’est à la saga de Liam Neeson que la nouvelle série B de Brian Miller (Officer Down) sera comparée. Tourné comme Tokarev à Mobile, Alabama, The Prince a malgré ce que laisse penser la jaquette, le revenant Jason Patric (Narc) pour héros. C’est sur ses épaules entrainées que repose l’énergie de ce divertissement roboratif, où il est opposé à un casting hétéroclite constitué de rappeurs (50 Cent), de stars coréennes (Rain, le gars de Ninja Assassin) et de stars en phase d’encaissement de chèque : il s’agit bien sûr de John Cusack et Bruce Willis, qui enquillent les DTV comme les perles depuis quelques années. Tout le monde sait qu’il ne s’agit pas d’un nouveau fleuron du genre, mais cela n’empêche pas Miller de soigner un tant soit peu son affaire et de se montrer compétent lorsqu’il s’agit de filmer l’action proprement dite. Peut-on décemment demander plus ?


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