Il est tentant de croire qu’à l’approche du sacro-saint mois de Noël (aussi appelé décembre, me souffle-t-on dans l’oreillette), les éditeurs retroussent leurs manches pour ensevelir le consommateur sous une avalanche de films inédits. Si la présente sélection compilant les sorties du mois de novembre n’est pas exactement squelettique, elle n’est malgré tout pas aussi pléthorique qu’attendu. Cela n’empêche pas le cinéphile averti d’y trouver à la fois du film d’espionnage, de la comédie, du drame ténébreux, un peu d’action, et, inévitablement dirons-nous, de l’horreur avec un nouveau Blumhouse (Visions) et quelques zombies !
Comme chaque mois, la sélection DTV recense les films sortis à la vente ou en location dématérialisée (parce que la location physique, à ce stade, et si vous n’êtes pas parisiens, on a besoin de preuves pour y croire !). Tous les titres sont disponibles pour une poignée d’euros, ou même gratuits si vous compulsez finement les programmes de vos chaînes câblées. Trêves de discussions : bonne lecture… et bonnes soirées vidéo !
Code Momentum
Un film de Stephen Campanelli, avec Olga Kurylenko, James Purefoy, Morgan Freeman
Sortie le 13 novembre en e-Cinema (TF1 Vidéo)
Décor de plus en plus exploité au cinéma, l’Afrique du Sud est la destination qu’ont choisi les producteurs de ce Code Momentum pour apporter un parfum d’inédit à ce film d’action qui se rêverait un peu en Jason Bourne au féminin, le côté torturé et la complexité narrative en moins. Se donnant des allures de film d’espionnage, Code Momentum se résume en fait à une longue-poursuite entre des braqueurs d’élite (qui réussissent un hold-up habillés en sbires d’un GI Joe, pour situer le réalisme de la chose) et des hommes de main à la solde d’un sénateur ripou – Morgan Freeman, quasi-figurant ici. Forcément, la plus douée du gang, c’est Olga Kurylenko, bien plus mise en valeur que dans des navets comme November Man, mais toujours montrée comme une bombe sexuelle athlétique plutôt qu’une bonne actrice. Elle n’a toutefois pas à se forcer pour éclipser le fade James Purefoy, qui hérite d’un rôle de tueur impitoyable vu au moins cent mille fois à la télé et sur grand écran. Parfois épuisant par son montage hystérique (le réalisateur est pourtant un caméraman réputé ayant longtemps collaboré avec Clint Eastwood), le film se distingue toutefois par une brutalité surprenante, et ne relâche jamais le rythme jusqu’à un dénouement qui ne s’embarrasse pas de vraisemblance. La fin annonce même une possible suite, mais ça, c’est déjà moins certain…
À voir… si vous aimez les films d’action pas prise de tête, si vous êtes fans des grands yeux boudeurs d’Olga.
The Guest
Un film d’Adam Wingard, avec Dan Stevens, Kaila Monroe, Lance Reddick
Sortie le 18 novembre en DVD et Blu-ray (TF1 Vidéo)
Resté inédit pendant une bonne année, ce qui a laissé penser que le film connaîtrait peut-être une exploitation en salles, The Guest nous parvient finalement directement en vidéo. Tant pis pour ceux qui avaient apprécié You’re Next, le précédent film d’Adam Wingard distribué en septembre 2013. Que cela ne les empêche pas de se jeter sur cette nouvelle et brillante série B, thriller soigné exhalant un fort parfum d’années 80. Dan Stevens (Downton Abbey) s’y dévergonde pour incarner le mystérieux David, ancien militaire venu frapper à la porte d’une famille en deuil, et dans laquelle il s’incruste en prétendant être l’ami du fils décédé. Aussi beau que bien élevé, David cache pourtant quelques secrets, dont parents et enfants vont bientôt faire les frais… Surprenant, haletant, drôle sans être cynique, The Guest ne cherche certes pas à révolutionner un genre qu’il investit toutefois avec panache. L’histoire est simple, directe, mais pleine de style, de clins d’œil au cinéma de John Carpenter ou James Cameron, et les acteurs se prennent tous au jeu avec entrain, en particulier le magnétique Dan Stevens. Ouvrez-lui donc la porte !
À voir… si vous aimez les séries B badass, les dangereux inconnus et les bandes-son à la Drive.
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Low Down
Un film de Jeff Preiss, avec John Hawkes, Elle Fanning, Glenn Close
Sortie le 3 novembre en DVD (Universal)
Voilà un petit film qui aurait tout aussi bien pu rester éternellement inédit dans notre pays de mélomanes. Le casting de Low Down a beau être rutilant sur une affiche (on y croise tout de même deux Lannister, plus Glenn Close en pleine performance), son sujet est lui bien moins « sexy » pour le grand public : le premier long-métrage en tant que réalisateur du chef op’ Jeff Preiss, est un biopic affecté du pianiste de jazz Joe Albany (le discret et brillant John Hawkes, Winter’s Bone). Un type bourré de talent, mais auto-destructeur, qui collabora entre autres avec Charlie Parker entre deux séjours en prison ou à l’asile, et qui n’eut que peu d’années de gloire, en fin de carrière, à cause de son addiction à la drogue. Low Down, baigne donc logiquement dans des effluves de pessimisme aggravé, Preiss filmant le Los Angeles des années 70 du point de vue des marginaux, des junkies et des petites gens qui entourent Albany, au milieu desquels brille un ange innocent, Amy-Jo, sa fille, jouée par la diaphane Elle Fanning (Somewhere). L’enjeu principal du film, basé sur les mémoires d’Amy-Jo, est de savoir si ce milieu artistique et corrompu à la fois ternira cet îlot de bonté ou non. D’où un récit épisodique et titubant, pas avare en longueurs, mais indéniablement soigné – le film, chose rare aujourd’hui, est tourné en 16 mm -, habité par un duo d’acteurs à la prenante alchimie.
À voir… si vous adorez le jazz et ses musiciens déprimés, Peter Dinklage et Lena Headey en costumes contemporains, les biopics dramatiques, mais pas larmoyants.
Curve
Un film de Iain Softley, avec Julianne Hough, Teddy Sears, Kurt Bryant
Sortie le 3 novembre en DVD (Universal)
L’un des deux Blumhouse inédits du mois, Curve est une petite production qui a failli restée bloquée restée dans les starting-blocks, le film ayant notamment changé de casting au moment de la pré-production. L’anonyme Iain Softley (La porte des secrets) s’est reporté pour ce thriller censément angoissant sur un duo composé de Julianne Hough (l’horrible Rock Forever) et Teddy Sears (Masters of Sex), respectivement conductrice en plein road trip dans le désert et auto-stoppeur psychopathe prêt à rejouer le scénario de Hitcher. Le scénario prend ainsi dès les premières minutes un chemin connu – une longue scène alternative, présente en bonus, propose de manière intéressante une bifurcation totalement différente de l’histoire -, avant de s’immobiliser brutalement. Précipité dans le ravin, le véhicule de notre héroïne devient un piège dont elle doit s’extraire, avant que le ravissant taré qui rôde autour ne décide de l’achever. Curve devient donc un bon petit survival pas idiot, et forcément pas cher (c’est tonton Blum qui devait être content), mais qui perd beaucoup de son crédit dans son dénouement. Un dernier acte routinier au possible, qui fait retomber l’enthousiasme et le film, par la même occasion, dans l’anonymat. Dommage, ce concept façon Phone Game dans une épave de voiture avait du bon…
À voir… si vous aimez les huis clos en forêt, les ambiances à la Hitcher et les pectoraux de l’ami Teddy.
Scream Girl
Un film de Todd Strauss-Schulson, Taissa Farmiga, Malin Akerman, Nina Dobrev
Sortie le 18 novembre en VOD (Sony Pictures)
Film d’ouverture du PIFFF 2015, Scream Girl (ou Finals Girls en VO, ce qui suscite un peu de confusion) n’existe pour l’heure qu’en VOD, mais vaut assurément le détour. Tentative réussie et attachante de renouveler les codes du slasher en les investissant d’une dimension méta à la Last Action Hero, Scream Girl suit les mésaventures de la jeune Max (Taissa Farmiga), projetée avec ses amis de l’autre côté de l’écran, dans un slasher des années 80 qui avait fait de sa défunte mère (Malin Akerman) une star. Le cinéma d’horreur façon Vendredi 13 devient donc un piège dont les héros connaissent les ficelles, mais aussi un moyen pour une mère et sa fille de se retrouver par-delà la mort. Une belle idée logée au centre d’un film délirant et inventif, qui met la pédale douce sur le gore pour mieux exploiter ses gags très conceptuels, et décortiquer les clichés d’une époque dans laquelle chacun aura soudain envie de se replonger !
À voir… si vous voulez pour une fois être surpris par un slasher, si vous aimez rire tout en étant étrangement ému.
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Road of the Dead
Un film de Kiah Roache-Turner, avec Jay Gallagher, Bianca Bradey, Leon Burchill
Sortie le 17 novembre en DVD (KMBO)
Qui n’a pas envie de soutenir les projets d’une équipe soudée et sans le sou, amoureuse des films de genre au point d’y sacrifier ses périodes de loisirs ? Les exemples fructueux de Sam Raimi et Peter Jackson continuent encore aujourd’hui de faire des émules, comme le prouve cette année Road of the Dead, ou Wyrmwood, un film de zombies venu d’Australie. Quatre ans ont été nécessaires à Kiah Roache-Turner, et à son frère, pour boucler le tournage de ce petit film bis et énergique qui mélange véhicules customisés à la Mad Max (ou L’agence tous risques, parce qu’il y a moins de budget) et zombies en furie. Sans être très original, ou très beau, Road of the Dead distille tout de même des idées folles que n’aurait pas renié un Takashi Miike : le sang des morts-vivants utilisé comme carburant, une héroïne pouvant contrôler les zombies à distance… Pour un premier long-métrage visiblement bouclé avec les moyens du bord (l’éreintant journal de tournage figurant en bonus le montre bien), Roache-Turner et son équipe s’en sortent avec les honneurs. Prochaine étape ? Road of the Dead 2 bien sûr ! À dans quatre ans ?
À voir… si vous aimez les bisseries nourries au système D, les montages cut et le mauvais esprit.
Visions
Un film de Kevin Greutert, avec Isla Fisher, Jim Parsons, Gillian Jacobs
Sortie le 25 novembre en DVD et Blu-ray (Wild Side)
Vous aimez les films de fantômes ? Ça tombe bien, le studio Blumhouse aussi, mais comme le prouve ce Visions sorti judicieusement en vidéo, la boîte à dollars du cinéma fantastique ferait parfois mieux de chercher de nouveaux concepts plutôt que d’essorer ceux qui marchent. Comme Curve, Visions est resté pendant un moment sur l’étagère avant d’être distribué, et on comprend sans trop de peine pourquoi. Le film fait dans un premier temps illusion, parce qu’il est bien éclairé, que le générique est envoûtant, et que le casting est de première bourre : autour d’Isla Fisher (Insaisissables) et son décolleté omniprésent, se pressent entre autres Anson Mount (Hell on wheels), Gillian Jacobs (Community), Jim Parsons (The Big Bang Theory) et même Eva Longoria ! Que font ces acteurs établis, parfois présents pour deux ou trois scènes secondaires, dans un film si mineur ? Ce mystère-là n’est pas résolu, contrairement à celui qui sert d’argument au film : Fisher y joue la femme enceinte d’un viticulteur (pourquoi pas, au moins on voit des vignes) qui a des visions, donc, et se persuade que des événements horribles ont eu lieu dans leur nouvelle maison. L’explication est fournie dans un twist honnête – même si fortement inspiré d’un fameux film d’horreur français -, mais que l’on voit venir de loin, et qui ne justifie l’incroyable mollesse avec laquelle Kevin Greutert (Saw 3D, Jessabelle) emballe le tout. À oublier.
À voir… si vous aimez voir vos acteurs de série jouer d’autres rôles, si vous n’avez jamais visité de vignobles californiens