Avant The East, Brit Marling était encore quasiment inconnue en France, et il n’y a pas (encore) de quoi s’étonner à ce sujet : à tout juste, la belle blonde au destin peu commun – diplômée d’économie à Georgetown partie réaliser son rêve de devenir actrice à Hollywood – s’est fait connaître de toute l’industrie avec le mélo à tendance SF Another Earth. C’était elle, la femme au regard rêveur sur l’affiche, fixant le spectateur tandis que derrière elle, une « autre Terre » était visible dans le ciel. Comédienne au physique éthéré, Marling est également scénariste, à l’origine de cette production indépendante ayant marqué les esprits à Sundance. Le film a été discrètement distribué en salles l’an passé.

Un an plus tard, Brit Marling est revenue devant et derrière la caméra avec Sound of my voice, encore inédit en France, et qui abordait là aussi le genre de la science-fiction par un biais détourné : celui d’une secte infiltrée par un journaliste et sa petite amie, dont le leader (Marling again) prétend venir du futur.

Le terrorisme, version éco-responsable

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Deux films malins, cérébraux tout en étant accrocheurs pour le grand public : il n’en fallait pas plus pour que Marling et son réalisateur et co-scénariste Zal Batmanglij soient approchés par les grands studios, et par un producteur comme Ridley Scott. Le résultat, déjà visible (le film a été présenté mi-janvier, inévitablement, à Sundance) c’est The East, et le premier teaser, accompagné de son affiche, annonce en peu de temps la couleur.

Pas de SF ici, mais un concept voisin de Sound of my voice appliqué à une réalité plus glaçante : Marling passe du personnage de leader à celui de l’agent chargé d’infiltrer un groupe anarchiste, bien décidé à faire comprendre aux grands patrons pollueurs le prix de leur mépris pour l’environnement et de leur avidité. Semblable aux « agents du chaos » de Fight Club, ce groupe auto-nommé The East est présenté par une voix off angoissante, un montage cryptique, strié de pulsations inquiétantes. « This is just the beginning », nous promettent ces éco-terroristes. Pour un peu, on se croirait dans un remake de Kill List réalisé par Al Gore.

Le film, qui reçoit déjà des échos positifs de la part des premiers spectateurs, s’annonce comme un thriller éprouvant et imprévisible, le personnage de Marling étant, comme dans Sound of my voice, progressivement séduit par le leader du groupe, incarné par Alexander Skarsgard, de plus en plus sollicité sur le grand écran depuis True Blood. Au casting, on retrouve également Ellen Page, Julia Ormond et Patricia Clarkson. Le studio derrière le film étant Fox Searchlight, on peut logiquement s’attendre à ce que The East soit plus rapidement et efficacement distribué que les précédents travaux de Brit Marling. La révélation est en marche.