Oscars 2015 : nos pronostics, nos favoris

Tout comme le mois de mai est souvent rythmé par les films cannois, celui de février vibre au rythme des films à Oscars : pour être éligibles, les candidats doivent tous être sortis l’année d’avant, mais bien évidemment, cette obligation ne s’applique pas en France. C’est la raison pour laquelle les dernières semaines ont été chargées en sorties « de prestige », du Wild de Jean-Marc Vallée à Birdman, donnant à la cérémonie une actualité encore plus brûlante vue de chez nous.

[quote_center] »Les catégories techniques sont passionnantes, en ce qu’elles rassemblent des films souvent très différents dans leurs conceptions, leurs budgets, leurs cibles aussi. »[/quote_center]

Car les Oscars, qui auront lieu le 22 février au Dolby Theatre de Los Angeles, demeurent un pilier incontournable de la ménagerie culturelle hollywoodienne : cette soirée de gala condense tellement d’attentes, d’enjeux financiers que la moitié de l’année est désormais consacrée à préparer le plan com’ de chaque prétendant. Passage dans les festivals (c’est Toronto qui donne le la), tournée marathonienne des équipes de films pour soutenir le film partout où il passe, et surtout, promotion intensive des films dans toutes les cérémonies de récompenses qui pullulent à travers les États-Unis. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Au vu des chiffres de fréquentation en salles qui accompagnent généralement l’annonce des nominations, oui, les producteurs ont de bonnes raisons de jouer le jeu. Surtout qu’il s’agit ici de films moins faciles à produire et à promouvoir que les habituels blockbusters, qui occupent eux les studios pendant l’autre partie de l’année.

Le petit garçon ou l’homme-oiseau ?

Quid de 2015 ? Quels sont les grands favoris de cette 87^e édition ? L’année dernière, 12 years a slave, Gravity et Dallas Buyers Club avaient rassemblé, très tôt, tous les suffrages, privant un peu la soirée de véritable suspense. 2015 aura été plus indécis, du moins jusqu’à très récemment. Il est désormais clair que la course au meilleur film se jouera entre Boyhood et Birdman, deux films à la fois expérimentaux et follement audacieux, qui se sont partagés tous les prix de l’avant-Oscars en laissant tous leurs concurrents, comme Foxcatcher ou Selma, sur le côté de la route. Le film d’Inarritu est sans doute la proposition la plus radicale des deux, et le côté « intergénérationnel » du film de Linklater pourrait plus plaire aux votants, mais de fait, le suspense demeure quant à l’identité du lauréat. Même dilemme côté meilleur réalisateur, puisque là aussi, les deux cinéastes ont déjà rempli chacun de leur côté leurs étagères, jusqu’aux récents BAFTA et Directors Guild Awards.

Côté acteurs, c’est dans la catégorie du meilleur acteur qu’il faudra fébrilement attendre l’ouverture de l’enveloppe pour savoir qui, d’Eddie Redmayne (Une merveilleuse histoire du temps) ou de Michael Keaton (Birdman) remportera la statuette. Les deux acteurs ont gagné le Golden Globe, et offrent deux performances radicalement différentes. À moins que l’invité de dernière minute Bradley Cooper (American Sniper) vienne tout chambouler. Dommage pour Benedict Cumberbatch, et aussi pour Jake Gyllenhaal, même pas nommé pour Night Call. À côté, Julianne Moore, JK Simmons et Patricia Arquette peuvent déjà préparer le champagne : pour eux, c’est dans la poche, comme qui dirait.

Enfin la bonne année pour Alexandre Desplat ?

Même si elles intéressent moins le public, les catégories techniques sont pourtant passionnantes, en ce qu’elles rassemblent des films souvent très différents dans leurs conceptions, leurs budgets, leurs cibles aussi. Cette année, Interstellar, Grand Budapest Hotel et pourquoi pas Whiplash pourraient se tailler la part du lion, à moins qu’American Sniper joue, une nouvelle fois, les trouble-fêtes, ce qui ne serait guère étonnant vu son énorme succès aux USA en ce moment.

Là où le suspense reste entier, c’est pour l’Oscar de la musique originale : le Français Alexandre Desplat, déjà présent six fois dans la compétition pour rien, est nommé deux fois cette année, ce qui n’est que justice (sa partition pour Imitation Game est splendide et celle du Wes Anderson tout aussi solide). Mais il pourrait, une nouvelle fois, repartir bredouille en étant confronté à l’une des meilleures BO de Hans Zimmer (Interstellar) et au favori actuel Johann Johannsson, nommé pour Une merveilleuse histoire du temps.

Un dernier mot enfin sur les Oscars du film d’animation et du meilleur film étranger : la première catégorie a été la plus critiquée il y a quelques semaines, à cause de l’absence du carton The Lego Movie (présent malgré tout côté « meilleure chanson »), mais cela a au moins permis de faire de la place pour l’ultime film d’Isao Takahata, Le conte de la princesse Kaguya, et pour la coproduction européenne Le chant de la mer. On leur souhaite bon courage face à l’ogre Dreamworks, l’excellent Dragons 2. Enfin, la présence d’un film que l’on adore, Timbuktu, dans la deuxième catégorie ne doit pas nous faire espérer un retournement de situation : Ida, autre gros succès inattendu en France en 2014, a déjà tout raflé et devrait logiquement finir son chemin avec la statuette dans les mains de Paweł Pawlikowski. Ce serait une première, méritée, pour le cinéma polonais.

Voilà ce qui peut être dit à cette heure : retrouvez pour être plus complet ci-dessous l’ensemble des nominations, assorties de nos pronostics et de nos votes personnels. Et rendez-vous le 22 février, tard, très tard dans la nuit !

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