Traditionnellement, l’été n’est pas synonyme pour vous de recherche intensive d’inédits dvd. Non, en juillet comme en août, l’heure est aux pique-niques, à la farniente et au petit jaune sur la place du village (en gros). Sauf que là, c’est pour tout le monde pareil (sauf les Marseillais), le temps est dégueulasse, et on est bien content d’avoir au chaud chez soi quelques DTV de derrière les fagots à découvrir. Du sport, du drame, du deux-roues, des vampires et des fantômes, la sélection de juillet de Born to Watch a fait le plein et en profite pour vous conseiller aussi vivement de vous jeter sur l’imparable Tucker & Dale vs Evil (non, le titre français est boycotté dans ces pages, non mais). Allez, sans plus tarder, bonne lecture… et bonne chasse !

The Messenger

Un film de Oren Moverman, avec Ben Foster, Woody Harrelson, Samantha Morton

Sorti le 6 juillet – Condor Entertainment

Genre : drame

 C’est une histoire trop rarement vue au cinéma, et on peut le comprendre : The Messenger s’intéresse au côté le plus triste, au non-dit le plus insondable de la guerre. Celui de l’effet que la mort d’un soldat peut avoir sur ses proches. Le film d’Oren Moverman décrit le job routinier, dur et sans gloire, de deux officiers de l’armée américaine chargés, jour après jour, d’aller délivrer aux familles de victimes la triste nouvelle de leur disparition. On pourrait penser le film déprimant, il s’avère au contraire touchant, le plus jeune des deux militaires, blessé au combat, éprouvant petit à petit le besoin de s’épancher lui aussi avec ces familles endeuillées. Ben Foster est comme d’habitude très juste dans ce rôle ambivalent et dans son rapport parfois étonnamment drôle avec son partenaire. Mais c’est justement celui-ci, incarné par un Woody Harrelson qui a rarement été aussi bouleversant, qui s’avère être le cœur émotionnel de ce film boudé aux Oscars. Sur sa lancée, Moverman s’est attaqué à une autre institution avec le polar Rampart, scénarisé par James Ellroy, dans lequel on retrouvera également l’ami Woody.

Carcéral

Un film de Reg Traviss, avec Noel Clarke, James d’Arcy, Frank Harper

Sorti le 3 juillet juin – FIP

Genre : zonzon

On le sait depuis Alan Clarke, il ne fait pas bon aller en prison en Angleterre (à moins que vous n’ayez envie de tomber sur un Tim Roth au crâne rasé et à la cogne facile). Pas plus qu’en France, certes, comme le rappelait encore récemment Jacques Audiard. Ce bien nommé Carcéral, l’enfer de la taule joue toutefois la carte de l’originalité en s’inspirant du roman de Ronnie Thompson. Ce dernier n’étant pas un ancien détenu, mais un ex-gardien de prison qui en a vu des vertes et des pas mûres dans plusieurs pénitenciers du Royaume-Uni. Pour une fois, l’accent est donc mis sur ces cols bleus forcés de maintenir l’ordre dans un environnement où cette notion même a été évacuée au profit de la loi du plus fort et du plus malin. Au casting, on retrouve le solide James d’Arcy en maton traumatisé par la guerre en Irak, et Noel Clarke, quasi-inconnu chez nous alors qu’il empile comme Danny Dyer les rôles marquants dans son pays, et qui joue ici le dealer le plus futé, mais le pas impitoyable, du bloc. Pas révolutionnaire, Carcéral reste un représentant solide d’un sous-genre aux codes aussi élastiques que la moralité de ses « héros ».

Fight Games

Un film de Michael Dowse, avec Seann William Scott, Jay Baruchel

Sorti le 6 juillet – Seven Sept

Genre : sports

La palme de la jaquette la plus immonde de l’année est attribuée, sans grand mérite mais à l’unanimité, à ce Fight Games sortant en catimini chez nous. Le film de Michael Dowse vaut pourtant mieux que ce triste photoshoppage voulant rappeler Rollerball (rien à voir) et défigurant Seann William Scott au point que personne ne reconnaîtra la vraie star d’American Pie. Derrière le retitrage et la jaquette se cache donc Goon (qui signifie autant « gros bras » qu’« abruti »), comédie brutale sur le hockey où Scott incarne Doug, un loser engagé par une équipe de bras cassés pour ses talents de cogneur. Qu’importe les patins, le fair-play et l’esprit d’équipe : Doug est là pour briser des casques et répandre des dents sur la glace. Ce type sans autre talent que de taper sur son prochain devient alors, contre toute attente, une véritable star. Goon joue habilement sur l’empathie créée par la bonne bouille de l’acteur pour rendre cette brute attachante. Ce qui n’empêche pas le film d’être parfois bien gore, tout en jouant habilement la carte du second degré (le sport favori des Canadiens n’en ressort pour ainsi dire pas vraiment grandi).

Quick

Un film de Beom-Gu Cho, avec Lee Min-Ki, Kang Ye-Won, Kim In-Kwon

Sorti le 6 juillet – Metropolitan

Genre : action

Jamais en retard pour s’inspirer (bon aller, pomper) leur modèle yankee, les Coréens se fendent cette année encore d’un film à gros budget chassant sur les terres d’un classique absolu de l’entertainment : le Speed de Jan de Bont. Quick reste déjà dans le même champ lexical sur l’affiche, mais à l’écran, c’est encore plus évident : il est question d’un motard ancien gangster devenu livreur, et qui est forcé de livrer au plus vite de mystérieux colis. Sinon, le casque de sa copine explose ! Bref, on est pas chez David Mamet, et le film a le bon goût de ne pas se vouloir compliqué ou original : les acteurs en font trois tonnes, une poursuite sur l’autoroute repique carrément des plans entier à Matrix Reloaded, la gravité devient une donnée toute relative et l’histoire n’a finalement aucun sens. Mais qu’importe la destination pourvu que la vitesse soit là : en efficaces techniciens qu’ils sont, le réalisateur Cho Beom-Gu et sa team de cascadeurs parviennent à livrer (sic) un divertissement assez véloce pour nous faire oublier qu’il ventile un cerveau éteint.

La Maison des ombres

Un film de Nick Murphy, avec Rebecca Hall, Dominic West, Imelda Staunton

Sorti le 17 juillet

Genre : fantastique

Pas moins de trois prix ont couronné le passage de La maison des ombres au dernier festival de Gérardmer. En avril, c’est même le Grand prix du BIFFF qui a été attribué au film de Nick Murphy, dont le postulat, l’atmosphère et les décors anglais évoquent plus que de raison Les Autres d’Aménabar. On ne cherchera donc pas à comprendre le manque de confiance des distributeurs qui ont décidé d’expédier ce très beau film fantastique en Blu-Ray, alors même que sa star Rebecca Hall, est une valeur montante sur le point d’exploser (on la verra bientôt dans Lady Vegas de Stephen Frears puis dans Iron Man 3). Hall porte le long-métrage sur ses épaules dès l’ouverture : elle y joue une « chasseuse de fantômes » passée maître dans l’art de déceler les attrape-nigauds et de rationaliser l’inexplicable. Toutefois, alors qu’elle explore les couloirs d’un pensionnat au sortir de la Grande Guerre, l’esprit d’un enfant mort commence à bouleverser ses convictions. La force de La maison des ombres, sur lequel plane l’aura écrasante des classiques du genre qui l’ont précédé, c’est outre sa direction artistique puissamment gothique, la sensibilité et l’ingéniosité de son scénario, qui réussit à brosser des personnages inhabituels (dont un vétéran abîmé joué par Dominic The Wire West) et à moquer les artifices du film de fantômes tout en en épousant la poésie morbide. Amateurs de twists surprenants, sachez aussi que le final de cette œuvre made in BBC Films devrait vous satisfaire au plus haut point.

A better tomorrow

Un film de Song Hae-Sung, avec Jin-Mo Ju, Song Seung-Heon, Kim Kang-Woo

Sorti le 10 juillet

Genre : remake impie

Ils ont osé. Et avec l’aval affiché du réalisateur, en plus. Oui, Le syndicat du crime a été remaké, non pas par Hollywood, mais par la Corée du Sud, et John Woo partage un crédit de producteur sur la chose. Le « passage de flambeau » dans cette réactualisation est à la fois symbolique et cohérent, quelque part : l’école du polar sud-coréen, mélodramatique et poseur au possible, doit beaucoup aux heroic bloodshed du maître hong-kongais. Toutefois, le syndicat original reste un intouchable, caractéristique de son époque, d’un genre et d’un pays alors en pleine révolution cinéphilique. Même s’il modifie et adapte intelligemment son modèle, Song Hae-Sung ne sait malgré tout en restituer la violence lyrique et la virtuosité contrôlée. Mou, trop long, efficace dans l’action mais sans génie, A better tomorrow dilue ses qualités dans une overdose de sous-intrigues, de tunnels dialogués et d’interprétation outrancière, des défauts que l’on retrouve trop souvent dans la production commerciale coréenne.

Dylan Dog

Un film de Kevin Munroe, avec Brandon Routh, Sam Huntington, Taye Diggs

Sorti le 18 juillet

Genre : fantastique

Pauvre Brandon Routh. Le jeune acteur au physique de statue grecque aurait pu (du ?) devenir une véritable star en décrochant le rôle de Superman chez Bryan Singer. Le semi-échec commercial mais surtout critique du film a été hélas fatal pour sa carrière, qui se poursuit dans l’ombre dans l’espoir d’un nouveau rôle de premier plan. Malgré les apparences, Dylan Dog n’est pas synonyme de nouveau départ pour Routh. En attente de distribution depuis deux ans, cette adaptation officielle du fumetti créé par Tiziano Sciavi tente de surfer avec peu de moyens et d’idées sur la mode des films de vampires et le buzz initié par les séries True Blood et Walking Dead. L’action de la BD est déplacée à La Nouvelle-Orléans, où le détective spécialiste du surnaturel Dylan Dog doit empêcher lycanthropes, suceurs de sang et autres zombies de s’attaquer aux humains et entre eux. Cela aurait pu être le départ d’une franchise sombre et excitante : en l’état, Dylan Dog est une série B tout juste potable car très potache. On a le droit au sidekick le plus énervant depuis Judge Dredd, à des dialogues débiles et des blagues qui tombent à plat. Seul Brandon Routh, flanqué d’une chemise rouge très seyante et s’avérant cette fois assez charismatique, ressort grandi de cette occasion manquée. Pour les amateurs du Dog, on ne saurait trop vous conseiller l’adaptation officieuse signée Michele Soavi, Dellamorte Dellamore, où le personnage est joué par Rupert Everett, dont la silhouette avait justement servi… à la création du personnage !

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