Contrairement à ce que nous aurions pu penser, niveau DTV, le mois de juillet n’a pas été synonyme de sieste prolongée sous un palmier. Que de titres à chroniquer sur le front du DVD et de la VOD ! Qu’ils soient lancés dans l’anonymat ou avec une campagne décente de promotion (il n’était pas rare de croiser ces dernières semaines des affiches pour la sortie de Time Lapse), ces inédits vidéo sont rassemblés, comme chaque mois depuis bientôt quatre ans, dans notre sélection mensuelle. Et elle va une nouvelle fois vous faire voyager !
Comme chaque mois, celle-ci est malgré tout subjective. Nous faisons quelques choix sur les titres présentés et certains auront peut-être été passés sous silence. N’hésitez pas à réagir dans les commentaires (non, mais vraiment, vous avez le droit !), et faites-nous part de vos coups de cœur. Bonne lecture… et bonnes soirées vidéo !
Kung Fu Killer
Un film de Teddy Chan, avec Donnie Yen, Charlie Yeung, Alex Fong
Sortie le 6 juillet en DVD et Blu-Ray (M6 Vidéo)
Pas mal
Entre deux films en costumes et épisodes d’Ip Man, Donnie Yen, 53 ans, revient régulièrement à l’un des genres qui a fait sa gloire en Chine : le film d’action urbain sans prise de tête. Après un Special ID qui le voyait interpréter un flic infiltré qui tabasse des gangsters, voici venir Kung Fu Killer, réalisé par Teddy Chan (Bodyguards & Assassins), où Donnie joue un maître du kung-fu emprisonné pour avoir tué un homme à mains nues. Il en ressort après qu’un tueur mystérieux s’en soit pris à plusieurs autres maîtres des arts martiaux. La suite, c’est une chasse à l’homme poussive avec une fille à protéger, des flash-backs mélo, des fausses pistes faisandées, qui ne sert que de remplissage entre les vrais morceaux de bravoure. Avec un titre pareil, on attend surtout de Yen (et de son rival Baoquiang Wang) qu’il multiplie les prouesses physiques. Kung Fu Killer se termine donc avec un duel au sommet longtemps repoussé, quadrillé par un décor d’autoroute qui évoque furieusement les jeux vidéo de combat. La morale de l’histoire (rien ne sert n’être numéro un, il vaut mieux partager son savoir) est malgré tout bien vue, et le film se pare d’un générique étonnamment nostalgique, où défilent les caméos d’une palanquée de réalisateurs et producteurs locaux (Raymond Chow, Kirk Wong, Soi Cheang…).
À voir… si vous aimez le style explosif et cinétique de Donnie Yen, les films de kung-fu nostalgiques.
I saw the light
Un film de Marc Abraham, avec Tom Hiddleston, Elizabeth Olsen, Maddie Hasson
Sortie le 10 juillet en VOD (Sony)
Le filon des biopics de chanteurs célèbres n’est pas près de s’éteindre. Le gros succès, au début des années 2000, de Walk the line, a donné la mesure des projets suivants, qui se sont à peu près tous, de Ray au récent Get on up, calqués sur son schéma narratif. Une performance d’acteur qui pousse jusqu’au mimétisme vocal, l’accent mis sur les passions et tourments amoureux de la star, un scénario privilégiant les moments célèbres de sa vie et se terminant, inévitablement, de manière dramatique. I saw the light, basé sur la biographie du chanteur Hank Williams, ne déroge pas à ces sacro-saintes règles. Le Britannique Tom Hiddleston a pris l’accent de l’Alabama et enfilé les costumes kitsch de cette star de la country des années 40-50, dont la carrière fulgurante fut détruite par l’alcool, les femmes, et des problèmes de santé chronique. Le film, diversement apprécié par ses descendants (son petit-fils, Hank III, a fait publiquement part de sa déception), reste un bon moyen de découvrir le destin de ce chanteur méconnu chez nous. Mais son aspect épisodique, le rythme indolent imprimé par l’alternance mécanique entre concerts et crises conjugales (nous en saurons peu sur les musiciens, les producteurs, et ceux qui ont accompagné Williams dans sa carrière), sont autant de défauts qui handicapent ce biopic pourtant bien interprété et mis en lumière – le chef opérateur est le trop rare Dante Spinotti.
À voir… si vous aimez la country et les biopics qui finissent mal, si vous voulez découvrir Loki en mode crooner sudiste.
Hidden
Un film de Matt et Ross Duffer, avec Alexander Skarsgard, Andrea Riseborough
Sortie le 6 juillet en DVD et Blu-Ray (Warner Bros)
À la lumière de la sortie de Stranger Things, carton estival de Netflix et véritable phénomène viral, Hidden prend soudainement une autre envergure. Avant de partir créer leur série hommage à Stephen King, les frères Duffer n’avaient quasiment à leur actif que ce premier long-métrage (ainsi qu’une participation à l’écriture de Wayward Pines), une sorte de survival post-apocalyptique, où figurent le dernier Tarzan en date, Alexander Skarsgard, et Andrea Riseborough (Oblivion). Hidden est toutefois une production modeste, se déroulant dans un souterrain étroit où une famille nucléaire s’est réfugiée, fuyant les mutants qui peuplent la surface. Les Duffer nous plongent dans la pénombre de cette vie de peur et de subsistance, durant laquelle nos trois personnages se sont créé des rituels, qui les empêchent de devenir fous. De claustrophobe, Hidden devient effrayant, et même surprenant : malgré des contours abrupts et des scènes de combat bâclées, le récit nous captive avant de nous asséner un twist particulièrement bien vu, dont Rod Serling serait fier. Tentez l’expérience : un petit bijou se cache dans ces ténèbres.
À voir… si vous aimez les films post-apo plus soignés que la moyenne, si vous adorez les films à twist.
Time Lapse
Un film de Bradley King avec Danielle Panabaker, Matt O’Leary, George Finn
Sortie le 20 juillet en DVD et Blu-Ray (Condor)
Archétype du film de festivals qui fera de plus en plus adeptes grâce à la vidéo, Time Lapse est une belle surprise issue du circuit indépendant américain, aperçue au Festival de Bruxelles et au PIFFF. Explorant une nouvelle facette du voyage dans le temps, ce premier long de Bradley King ne quitte jamais le petit quartier dans lequel vivent en colocation ses trois héros, Callie, Finn et Jasper. Des jeunes un peu désœuvrés, dont la vie change quand ils tombent, dans l’appartement d’un scientifique mort brutalement (incarné par le fantôme de John Rhys-Davies, uniquement présent dans une scène coupée), sur une machine qui photographie l’avenir, plus précisément les prochaines 24 heures. Bientôt accro à ces instantanés du futur, le trio tente de profiter de cette opportunité, sans en mesurer les conséquences… En se basant sur ce principe simple, très SF lo-fi dans l’esprit, King déroule un scénario plein de surprises et de retournements de situation : l’élément fantastique sert ici de révélateur des frustrations et petits secrets de personnages moins sympathiques qu’ils n’en ont l’air. Modeste et malin, Time Lapse se conclut qui plus est sur une pirouette noire et sarcastique, qui boucle parfaitement ce voyage temporel faussement statique.
À voir… si vous aussi, vous avez envie de connaître votre avenir, et de savoir ce que vous en feriez !
Kenshin : Kyoto Inferno
Un film de Keishi Ohtomo, avec Takeru Sato, Emi Takei, Tatsuya Fujiwara
Sortie le 20 juillet en DVD et Blu-Ray (Condor)
L’une des bonnes nouvelles de 2016 pour les amoureux de cinéma asiatique, c’est la distribution en France de l’intégralité de la trilogie Kenshin le vagabond réalisée par Keishi Ohtomo. Excessive, mélodramatique et furieusement bien chorégraphiée, cette saga à succès au Japon culmine dans ce deuxième épisode nommé à bon escient Kyoto Inferno. S’ouvrant sur un prologue infernal, qui introduit avec fracas la némésis du légendaire héros Kenshin, cette séquelle réduirait presque par son ampleur le premier opus au rang de drame de chambre. Multipliant les scènes de bataille, les personnages et les décors, Kyoto Inferno se paie le luxe d’être excessivement sombre, Kenshin étant plus que jamais un héros manipulé par ceux qui l’entourent et tourmenté par ses instincts de sabreur invincible. Au terme de plus de deux heures d’aventures à travers le Japon de l’ère Meiji, le film se conclut sur un cliffhanger qui annonce l’inévitable conclusion, La fin de la légende… prévue pour octobre. Patience !
À voir… si vous aimez les films de sabre à grand spectacle, les mangas adaptés avec classe et énergie.
[icon_check] Lire la critique de Kyoto Inferno
Sweet Home
Un film de Rafa Martinez, avec Ingrid Garcia Jonsson, Bruno Sevilla
Sortie le 27 juillet en DVD et Blu-Ray (Wild Side)
Si le fait d’être sélectionné à Gérardmer n’est pas forcément une qualité en soi, celui d’être produit « par les créateurs de REC » est déjà beaucoup plus aguicheur. Même si les chocs se font rares depuis quelques années dans le cinéma de genre espagnol, la curiosité est toujours présente à l’heure de découvrir une série B comme Sweet Home. Sorte de survival urbain sur fond d’expropriation immobilière, ce premier long de Rafa Martinez enferme au bout d’un quart d’heure une agente un peu coconne et son copain ronchon dans un immeuble délabré, envahi par des hommes de main sans pitié. Exploitant verticalement ce décor unique de la cave au grenier, la mise en scène de Martinez, qui s’appuie sur des filtres jaunâtres écœurants, masque pourtant mal la vacuité totale de l’exercice. Empilant incohérences, fautes de goût et dialogues bizarres (ça parle alternativement anglais ou espagnol, sans trop de recherche de cohérence), Sweet Home n’existe que par ses moments-chocs gore, avant de terminer au bout d’une heure quinze son affaire via une rixe « ripleyienne » totalement hors-propos. Et l’arrière-plan social ? Quoi, quel arrière-plan ? Y a une blonde en sous-vêtements avec une hache, il vous faut quoi de plus ?
À voir… si vous les survivals bas du front, les massacres à la hache, Barcelone vu en jaune.
L’Amiral
Un film de Kim Han-Min, avec Choi Min-Sik, Ryu Seung-Ryong, Jin Goo
Sortie le 6 juillet en DVD (AB Vidéo)
Pour vous donner une idée de la popularité en Corée du Sud de L’Amiral, le film a été vu lors de sa sortie par un Coréen sur deux. Véritable machine de guerre commerciale au service d’une figure historique locale à peu près aussi importante que notre Jeanne d’Arc, L’Amiral nous propulse aux XVIe siècle en pleine bataille maritime entre les maigres troupes de l’amiral Yi Sun-Sin (la star Choi Min-Sik, Lucy, Old Boy…) et l’envahisseur japonais. Au cours de ce combat à 10 contre 200, l’officier fera preuve d’une ténacité et d’une intelligence décisives… On peut regretter la simplification excessive dont fait preuve le scénario de cet Amiral : qu’il s’agisse des alliés douteux de Yi ou de ses caricaturaux adversaires, les nuances sont absentes dans cette aventure outrageusement belliciste. Mais pour les amateurs de stratégies militaires et de grand spectacle médiéval, le film reste une orgie visuelle de tous les instants. Excepté quelques sous-intrigues mélodramatiques, le réalisateur Kim Han-Min (War of the arrows) consacre l’essentiel de ses efforts à recréer cette bataille historique. Le résultat est, n’ayez aucun doute là-dessus, très spectaculaire !
À voir… si vous aimez les batailles navales à coups de canons et d’abordaaages, le charisme rugueux de Choi Min-Sik.
[icon_check] Lire la critique de L’Amiral
Deathgasm
Un film de Jason Lei Howden, avec James Blake, Sam Berkley, Daniel Cresswell
Sortie le 5 juillet en DVD (Factoris)
Métal et horreur ont toujours bien rimé ensemble, mais ce mélange a rarement porté ses fruits au cinéma, hormis bien sûr niveau bande-son. Merci donc à la Nouvelle-Zélande et son rejeton Jason Lei Howden, adepte du DIY à la Peter Jackson et qui a signé ce bougrement sympathique Deathgasm. Chroniquant les aventures d’un groupe de black/doom metal convoquant au détour d’un riff maléfique un démon impitoyable (Tenacious D serait fier), cette pochade au second degré navigue entre le B et le Z avec bonheur. Presque plus efficace quand il dépeint le mal-être d’ados métalleux en décalage avec leur environnement, Howden s’autorise tous les gags et excès, d’un combat à base de sex-toys à des apparitions de monstres caoutchouteux, tout en se montrant très généreux côté gore. Bien sûr, le cocktail explosif et très référencé de Deathgasm risque de réduire son public potentiel à une niche réduite… mais celle-ci ne sera à coup sûr pas déçue du voyage !
À voir… si vous aimez le Metal et les démons cornus, si vous êtes convaincus du pouvoir surnaturel d’un bon riff de guitare, si vous aimez le gore façon Kiwi.
[icon_check] Lire la critique de Deathgasm