Si vous fréquentez assidûment les pages du site, vous serez habitués au refrain que l’on serine, encore et encore, à chaque présentation d’un festival consacré au film de genre. En gros, tous sont devenus essentiels à la survie sur grand écran d’une certaine idée du cinéma bis, expérimental ou déviant ! Chaque grande métropole française se dote une année après l’autre de son propre événement, fabriqué avec les moyens du bord, avec ou sans soutien financier public – une biennale du film gore ça reste moins facile à financer qu’une exposition d’art contemporain, n’est-ce pas. La raison est simple : la prise de conscience de la disparition pure et simple de ce cinéma des salles (car ni subventionné, ni commercial) est générale, et les incidents qui peuvent émailler les sorties de films aussi inoffensifs en apparence que Paranormal Activity 5 laissent augurer de jours encore plus sombres.

[quote_center] »L’équipe du PIFFF a posé ses valises (et un gros King Kong) au Grand Rex. »[/quote_center]

Il va sans dire qu’à Paris, outre l’Étrange Festival qui refuse un peu cette étiquette, c’est le PIFFF, ou Paris international fantastic film festival, qui occupe actuellement ce rôle de « refuge ». La 5e édition de ce festival que nous suivons depuis ses tonitruants débuts aura lieu du 17 au 22 novembre, mais sa particularité réside désormais dans le fait que les organisateurs donnent régulièrement de leurs nouvelles, en organisant les tout aussi fameuses « nuits du PIFFF » au long de l’année. Manière de rappeler que le genre, ça se déguste tous les mois, et pas seulement pendant une semaine marathon !

Une programmation éclectique… et électrique

PIFFF 2015 : prêts pour la 5e édition ?

L’autre nouveauté marquante, c’est que l’équipe du PIFFF a posé ses valises (et un gros King Kong) au Grand Rex, salle de prestige s’il en est – même si les projections auront pour l’essentiel lieu ailleurs que dans cette fameuse « plus grande salle d’Europe ». Pour le reste, la formule est maintenant rôdée : une trentaine de films à découvrir hors et en compétition, dont plusieurs « séances cultes » (The Thing ! , des courts-métrages en compétition internationale et française, des invités, et un public invité à décerner lui-même le grand prix lors de la soirée de clôture. Celle-ci permettra à l’assistance de voir le nouveau film de Jeremy Saulnier (Blue Ruin), le très brutal Green Room que nous avions découvert voici quelques mois.

La sélection, de manière générale, comporte quelques films précédés par leur réputation (comme le joyeusement gore et métalleux Deathgasm, ou Le garçon et la bête de Hosoda, qui fera l’ouverture d’une très alléchante « soirée Japanimation » où seront diffusés l’anthologie Short Peace et le cintré Mind Game), mais, plus que les années précédentes, va mettre l’accent sur les curiosités et les productions indépendantes de tous horizons. Le mystère plane par exemple encore sur le deuxième long-métrage de Lucile Hadzihalilovic après Innocence, Evolution, qui semble toujours autant marqué par l’étrangeté aérienne des premiers films de Peter Weir. Après TAG et Love & Peace, le festival offrira également l’occasion de projeter l’un des six films de 2015 de Sono Sion, le très « culotté » The Virgin Psychics.

Inconnus, mais plus pour longtemps

PIFFF 2015 : prêts pour la 5e édition ?

À côté de ces auteurs reconnus navigue une poignée de titres sur lesquels il serait bien difficile de s’avancer. Notons déjà la présence d’un gros contingent français présent aux côtés d’Evolution, avec d’une part des documentaires comme Le complexe de Frankenstein, consacré à tous les créateurs de monstres sur grand écran, et de l’autre les fictions Blind Sun et surtout Don’t grow up, annoncé comme un The Children inversé (ici, ce sont des adultes infectés qui s’en prennent aux enfants), et réalisé par le très rare Thierry Poiraud (Atomik Circus, et plus récemment Goal of the Dead). La présentation en ouverture de Scream Girl (Final Girls en VO), sorte de parodie de slasher dans la veine de Tucker & Dale vs Evil, laisse enfin augurer d’une soirée potache à souhait. Pour le reste ? Il faudra ouvrir grand les yeux et se laisser surprendre : c’est aussi ça le luxe qu’offrent les festivals !

Terminons ce petit tour de l’édition 2015 en rappelant qu’outre les équipes de films invitées, le PIFFF mettra à l’honneur, le temps d’une projection en version restaurée de L’Enfant Miroir, le réalisateur britannique Philip Ridley. Présenté souvent comme le « Terrence Malick » du fantastique, Ridley n’a réalisé que 3 films dans sa carrière, dont Heartless, et s’est fait aussi rare en France que derrière la caméra. À ne pas manquer, donc !

Les infos pratiques et détails du planning des projections sont d’ores et déjà disponibles sur www.pifff.fr


Sélection 2015

Ouverture

[icon_check] Scream Girl / Final Girls

Clôture

[icon_check] Green Room

Compétition

[icon_check] DeathGasm

[icon_check] Curtain

[icon_check] Der Nachtmar

[icon_check] Some Kind of Hate

[icon_check] Bridgend

[icon_check] Evolution

[icon_check] Blind Sun

[icon_check] The Survivalist

[icon_check] Don’t grow up

Hors compétition

[icon_check] Le Complexe de Frankenstein

[icon_check] The 1000 Eyes of Dr Maddin

[icon_check] The Virgin Psychics

[icon_check] Southbound

[icon_check] Dofus le film – livre 1 : Julith

Nuit Japanimation

[icon_check] Le garçon et la bête

[icon_check] Mind Game

[icon_check] Short Peace

[icon_check] Jin Roh

Séances cultes

[icon_check] Darkman, de Sam Raimi

[icon_check] Incidents de Parcours, de George Romero

[icon_check] The Thing, de John Carpenter

[icon_check] L’enfant miroir, de Philip Ridley (en sa présence)

Compétitions courts-métrages