Le livre Child 44, best-seller que l’on doit à l’écrivain américain Tom Rob Smith, a longtemps été sur la liste des innombrables projets d’adaptation couvés par Ridley Scott. Le réalisateur d’Exodus a dès 2009 acquis les droits du roman, avant de finalement garder un poste de producteur sur le film, que l’écrivain Richard Price (Sur écoute) se charge de transformer en scénario. Si Enfant 44 passionne Hollywood, c’est parce qu’il aborde le genre du film de serial killer sous un angle très inhabituel : l’action se déroule dans l’Union Soviétique des années 50, sous le régime de Staline.

[quote_center] »Daniel Espinosa s’est entouré pour cette production Lionsgate au confortable budget (environ 50 millions de dollars) d’un casting de luxe. »[/quote_center]

Elle s’inspire d’un cas réel, celui d’Andrei Tchikatilo, « le monstre de Rostov », reconnu coupable de 52 crimes perpétrés sur des mineurs. La traque de ce serial killer cannibale aura duré des décennies, à cause notamment de l’acharnement du régime à nier l’existence ou la possibilité qu’un tueur en série sévisse dans un pays « où il n’y a pas de crime », au contraire des rivaux capitalistes de l’Amérique dépravée. Après que le pays se soit finalement doté d’une unité spéciale composée notamment de profilers (une première en URSS) dans les années 80, Tchikatilo fut arrêté en 1992. Il sera condamné à mort et exécuté en 1994.

Casting de stars pour une traque inédite

Enfant 44 : le « SK1 » de Staline

Cette sordide histoire, relatée de manière plus directe dans l’excellent et méconnu téléfilm HBO Citizen X avec Stephen Rea, a servi de carburant à Smith pour rédiger ce qui est le premier tome d’une trilogie consacrée à un officier fictif des renseignements, Leo Demidov, déchu dans cette histoire de ses fonctions pour avoir voulu enquêter sur la disparition de 44 enfants. Exilé dans une petite bourgade, il poursuit malgré tout l’enquête avec l’aide de sa femme, Raisa, tout en étant confronté aux manipulations et aux dérives d’un régime paranoïaque.

Pour adapter ce roman sur grand écran, Scott a fait appel au réalisateur suédois Daniel Espinosa, révélé dans son pays grâce à son efficace Easy Money (qui a depuis généré une trilogie), puis débauché par Hollywood via le tout aussi divertissant Sécurité rapprochée. Le cinéaste s’est entouré pour cette production Lionsgate au confortable budget (environ 50 millions de dollars, pour un sujet pas si facile à vendre que ça) d’un casting de luxe : Tom Hardy endosse le costume de Demidov, tandis que son compère sur La Taupe, Gary Oldman, vient jouer son officier supérieur. Noomi Rapace (Prometheus) s’est teinte en blonde pour jouer Raisa, tandis que le compatriote d’Espinosa et la star d’Easy Money, Joel Kinnaman (alias le nouveau Robocop) incarne le psychotique officier Vasili. Le reste du casting ne pâlit pas en comparaison : Vincent Cassel, Jason Clarke (La planète des singes : l’affrontement), Charles Dance (Game of Thrones), Paddy Considine (Pride)… Amusante surprise, Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares, le duo à l’affiche des aventures danoises de la « Division Q » (avec notamment The keeper of lost causes), est aussi de l’aventure.

Concours d’accents

Enfant 44 : le « SK1 » de Staline

Tout ce petit monde, qui n’a rien de russe soulignons-le, démontre dans le premier trailer révélé cette semaine de belles dispositions pour adopter l’accent local et rouler les « r », Enfant 44 étant bien évidemment en anglais. Malgré le fait qu’il ait été tourné durant l’été 2013, en République Tchèque, le film d’Espinosa a longtemps fait les frais de changements de plannings de la part de ses producteurs, qui se sont arrêtés sur le mois d’avril 2015, peut-être pour profiter de la notoriété grandissante de Hardy, qui sera à l’affiche un mois plus tard du très attendu (euphémisme) Mad Max : Fury Road. Cette Affaire SK1 à la sauce soviétique, sortira donc en France le 15 avril prochain.

La bande-annonce