Top 10 : les meilleurs films de 2016
Ils ont marqué notre année cinématographique, nous ont laissé des souvenirs enthousiasmés ou mélancoliques… Voici nos 10 films préférés de 2016 !
De l’avis général, 2016 est une année sur laquelle nous sommes contents d’avoir tiré un trait. Pas que l’avenir soit nécessairement plus joyeux désormais, puisque les problèmes du monde ne se sont pas résolus en une nuit de réveillon, loin de là. Mais l’industrie du 7e art, elle, a malgré tout eu toutes les raisons du monde pour sabrer le champagne. En France, les chiffres de fréquentation des salles obscures ont atteint des sommets peu fréquentés, tandis qu’à Hollywood, l’apocalypse au box-office est loin d’avoir eu lieu : plus de 13 milliards de dollars de recettes, de quoi requinquer des majors en pleine euphorie. Surtout que du côté de l’Asie, les milliardaires chinois ont décidé d’enclencher la troisième pour produire toujours plus de films, dans toujours plus de salles, y compris en rachetant des studios californiens ! Bref, tout roule pour le cinéma, même en ces temps de piratage massif et de multiplication insensée des offres de visionnage. Autant dire que nous n’avons pas eu trop de mal à distinguer d’excellents films parmi le presque millier de longs-métrages distribués en France l’an passé. Le top 10 2016 ci-dessous, qui après réflexion n’a rien de très joyeux (à l’image de 2016 ?) ne reflète ainsi les impressions partagées de notre petite rédaction, avec quelques titres – le Julieta d’Almodovar, les hilarants Moonwalkers et The Nice Guys – échouant de peu à intégrer le classement final.
Rendez-vous dans les commentaires ci-dessous pour parler de vos propres choix et de vos coups de cœur, ou pour incendier les nôtres !
10. MADEMOISELLE
Il n’était jamais vraiment parti, puisqu’on l’avait laissé sur un Stoker langoureux et déceptif en diable, mais le retour de Park Chan-wook s’est fait de manière éclatante en 2016. De retour en Corée du Sud avec Mademoiselle, adaptation du roman de la Britannique Sarah Waters, le réalisateur a poussé tous les curseurs de son style opulent et manipulateur à fond. Cette histoire de femme de chambre chinoise séduite par la riche héritière japonaise qu’elle devait manipuler, en période d’Occupation, est une splendeur visuelle de tous les instants. Mais Park donne pourtant chair, comme à son habitude, à de passionnants personnages en bute contre le rôle qu’on leur impose, et en l’occurrence ici, contre les mœurs en vigueur. Féministe, rageur, ludique et teinté d’une grande ironie, Mademoiselle était le moyen idéal pour renouer avec les fastes d’un auteur en pleine possession de ses moyens.
9. A WAR
Pas besoin de vous le répéter, mais tout de même, A War a permis de rappeler cette année à quel point la Scandinavie regorgeait d’auteurs incontournables, qui n’ont peut-être pas la renommée de Lars Von Trier, mais qui poursuivent une carrière en tous points remarquable. Prenez Tobias Lindholm : le réalisateur de Hijacking, également scénariste de La Chasse, a livré une nouvelle fois un film somme aussi aride en apparence que réfléchi. Avec A War, Lindholm fait le procès des guerres modernes (ici, l’Afghanistan, où la vie d’un officier joué par Pilou Asbaek bascule suite à une « bavure »), qui sous couvert d’opérations de libération, placent en réalité des soldats suréquipés face à des situations intenables. La guerre est un chaos dont personne ne peut ressortir sans traces durables, et où aucun participant ne peut être totalement irréprochable. Une lapalissade qui méritait d’être remise au goût du jour en 2016, et que Lindholm délivre avec toute la clarté et le réalisme qui caractérise son œuvre.
8. THE STRANGERS
Cinéma sud-coréen à nouveau, avec une véritable claque assénée en plein été par un metteur en scène qui ne sortait pas exactement de nulle part. Na Hong-Jin avait déjà frappé fort avec The Chaser et Murderer : mais rien ne pouvait laisser envisager un film comme The Strangers, sorte de croisement totalement halluciné entre Memories of Murder et L’Exorciste dépassant les 2 h 30 de métrage. Le mariage des tons, des ambiances visuelles et (surtout) sonores, les brusques virages narratifs qui ponctuent une intrigue labyrinthique, la photographie dantesque magnifiant des paysages de campagne au foisonnement trompeur… Tout est source de stupeur et d’étonnement dans cette grand-messe horrifico-comico-criminelle, qui s’achève qui plus est dans une atmosphère de folie mentale dont on a encore du mal à se remettre.
7. PREMIER CONTACT
Le petit prodige canadien du cinéma américain actuel, c’est lui : malgré le succès des ses polars Sicario et Prisoners, Premier Contact est venu en 2016 rappeler, comme le sous-estimé Enemy, que Denis Villeneuve était aussi un réalisateur idéal pour mettre en images des concepts ultra-cérébraux. Ici, il s’agit de raconter l’invasion extraterrestre la plus intellectualisante, la plus évasive possible, puisqu’elle déjoue nos conceptions habituelles du temps, de l’espace et de la communication. Grand film sur le langage et sur la porosité de notre mémoire, personnelle et collective, Premier Contact offre aussi un rôle en or à Amy Adams, rare héroïne malickienne réceptrice d’un savoir cosmique, professionnelle accomplie et mère angélique à la fois. Son succès inattendu est une bonne nouvelle pour la science-fiction au cinéma, puisque rares sont les titres qui prennent autant cette dénomination au pied de la lettre.
6. ROOM
Pratiquement un an après qu’il ait valu à Brie Larson l’Oscar de la meilleure actrice, les qualités de Room apparaissent presque comme une expérience lointaine. C’est que le film de Lenny Abrahamson, adapté du livre du même nom, se vit intensément du début à sa cathartique fin. La force de Room, qui raconte les années d’enfermement d’une jeune femme, et de son fils né du viol de son kidnappeur, est de dépasser dès le départ son postulat de fait divers crapoteux pour aborder les rivages du réalisme magique. En situant le récit à hauteur de l’enfant, pour qui la « chambre » contient toutes les limites du monde, Abrahamson exige que nous voyons l’univers comme lui, et que nous en expérimentions les épreuves à travers ses yeux. Enfin, c’est l’occasion de redire à quel point, dans ce rôle casse-gueule au possible, le surdoué Jacob Tremblay est une révélation. Ce petit ira loin…
5. STEVE JOBS
Plus encore que son sujet qui ne présente, après tant de biographies et d’exposition médiatique, qu’un intérêt mineur, Steve Jobs, met en lumière, certes le travail de son réalisateur, Danny Boyle, mais aussi et surtout la pâte inimitable de son scénariste, Aaron Sorkin. Le père d’A la maison blanche continue au cinéma à distiller son fameux « walk and talk », pour le plus grand plaisir de ses adeptes, auxquels Born to Watch appartient. Pour raconter la vie du patron d’Apple, il a choisi une structure en trois actes autour de trois keynotes les plus importants de sa carrière. Au détour des couloirs des palais des congrès dans lesquels il se produit et à travers des flashbacks signifiants, il rencontre différents personnages qui vont remettre en question ses actes et ses erreurs. Le petit théâtre de Sorkin, plus que disséquer sans concession la vie du plus futé des capitalistes mégalomanes de notre époque, interroge surtout la nature humaine et la nécessité du choix. Un régal !
4. MOI, DANIEL BLAKE
Avec cette Palme D’Or méritée, Ken Loach signe, à 80 ans, un des films les plus marquants de sa (longue) carrière. Essentiel à plus d’un titre, notamment pour comprendre à quel point le monde d’aujourd’hui exclut de multiples personnes, Moi, Daniel Blake est surtout un grand cri de colère saine, socialiste et humaniste. Maîtrisé à la perfection, il met en lumière le pendant dramatique de l’humoriste Dave Johns et son miroir à l’écran, la jeune Hayley Squires. Daniel ne peut plus travailler à cause d’un problème de cœur grave. Pour toucher une maigre pension de la part des services sociaux, il est obligé de se lancer dans un véritable parcours du combattant, d’un réalisme et d’un machiavélisme impressionnant. Révolution !
3. MANCHESTER BY THE SEA
L’avenir nous dira si Manchester By The Sea apporte à Casey Affleck son premier Oscar du meilleur acteur. L’histoire retiendra de toute façon qu’il est exceptionnel dans ce troisième long-métrage de Kenneth Lonergan, de retour après dix ans de purgatoire dû à « l’affaire » Margaret. La façon dont le film nous propose de connaître Lee Chandler, homme traumatisé obligé de revenir dans la petite ville de son enfance pour s’occuper de son neveu désormais orphelin, est une véritable leçon d’écriture, précise et pleine de retenue. Ni misérabiliste (le film est rempli d’un humour surgissant là où on ne l’attend plus), ni niaiseux, car rappelant le poids inaltérable de certaines blessures, Manchester By The Sea parvient tout simplement à nous bouleverser en suivant son propre chemin, à son rythme. Et c’est fabuleusement beau à voir.
2. LA TORTUE ROUGE
À ceux qui penseraient que La Tortue Rouge doit sa réussite au fait d’être une co-production Ghibli, on serait tenté de rappeler que le Hollandais Michael Dudok de Wit, déjà détenteur d’un Oscar pour ses courts-métrages, est l’homme à l’origine de tout le projet, financé en partie en France. Ce conte sans paroles à la pureté graphique virginale possède, quoiqu’il arrive, une dimension universelle : il raconte le cycle de la vie d’un naufragé coincé sur son île, empêché de fuir en radeau par une gigantesque tortue rouge protéiforme. S’il invite à réfléchir sur le sens de ses nombreux symboles, La Tortue Rouge reste surtout une sublime invitation au voyage et à la rêverie, baignée de couleurs solaires et transportée par la musique dionysiaque de Laurent Perez del Mar. Un futur grand classique de l’animation, en somme.
1. ELLE
Il faut l’avouer, les premières d’images de Elle, première incursion remarquée du Paul Verhoeven en territoire français, faisaient un peu peur. Parce qu’elles donnaient une image partielle, pas très vendeuse, d’un drame bourgeois comme on en voyait trop sur nos écrans. Mais c’était mal connaître le livre d’origine de Philippe Djian, et surtout le talent monstre et trop peu exploité cette dernière décennie de ce provocateur iconoclaste de Verhoeven. Œuvre carnassière, aux multiples niveaux de lecture, Elle fait d’Isabelle Huppert une femme victime du pire des crimes, le viol, mais s’échappant progressivement de toutes les cases, et de tous les schémas psychologiques dans lesquels nous voudrions l’enfermer. Cela met mal à l’aise, ça ébranle nos convictions propres, et c’est pourtant une formidable démonstration de liberté à l’œuvre, en même temps qu’une cinglante attaque contre l’hypocrisie généralisée de notre société moderne. Bien vu Paulo. Tu nous avais manqué.
BONUS
LE TOP 10 DE NICO
1. ELLE
2. Room
6. Mademoiselle
7. Steve Jobs
10. A War
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LE TOP 10 DE WADE
1. MOI, DANIEL BLAKE
4. Elle
5. Steve Jobs
6. Moonwalkers
7. A War
8. Legend
10. Nos Souvenirs
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Peu de points communs avec vos tops mais je trouve ici des films que je regrette encore de ne pas avoir vu (the strangers, la tortue rouge, Manchester…) et d’autres que je pourrai faire figurer dans mon top si on me reposait la question tant l’année a été riche (Elle et Premiers contacts notamment). Bonne année à vous et belle continuation !
Bonne année à vous aussi, et bonnes futures séances : avec ces films-là, on s’engage à ce qu’elles soient réussies !